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Journal de KapSud en Nouvelle Calédonie
Auteur kapsud
Source KapSud
Publication du 28/01/2006 pour Internet
Modifi� le 28/07/16
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Arrivé à Ceuta

 

 

Mercredi 24 Novembre    

Tout s'est enchaîné très vite et on n'a pas eu beaucoup le temps de souffler. Nous venions à peine de trouver un garage pour laisser Totoy se reposer pendant un mois que nous sautions dans un train de banlieue, puis changement pour le métro qui nous emmène à l'aéroport de Sydney. Cette fois-ci, nous sommes prévoyants et passons le maximum de formalités le plus rapidement possible pour ne pas avoir à subir le stress de la file d'attente interminable qui nous avait failli faire rater notre vol pour les Fidji il y a quelques mois. L'aéroport de Sydney est le plus fréquenté d'Australie et a pourtant la réputation d'être le plus mal organisé du pays et ce n'est pas pour rien. Nous finissons par monter dans l'avion, impatient de débarquer sur ces îles du bout du monde qui nous font rêver depuis si longtemps et qui maintenant se trouve à portée d'ailes. Trois petites heures et nous nous retrouverons dans un nouveau paradis. Après plus de 7 mois en pays anglo-saxon, il nous tarde de pouvoir retomber en terre francophone : tout sera facile, inutile de décoder, d'interpréter, de traduire tout se fera naturellement, ça commencera par ça les vacances. 

La nuit est déjà tombée quand nous atterrissons à l'aéroport de Tontouta. Nous sommes très excités, un peu comme si on rentrait au pays. Tout nous semble familier avec bien sûr une teinte d'exotisme. Par contre lorsque la douanière nous impose une fouille minutieuse de nos sacs à dos nous soupçonnant d'importer du miel, marchandise apparemment très illicite, cela nous refroidit un peu, même si on comprend la démarche. Ici aussi, les autorités semblent très parano, à la recherche de graines, plantes et surtout de miel ...

L'aéroport international est situé à 45 kilomètres de Nouméa et il n'y a aucun moyen de transport public qui relie ces deux cités. On a le choix entre prendre un taxi ou une ligne privée de bus. On opte pour la dernière option. Quand ils nous voient débarquer avec nos sacs à dos sans savoir où on va dormir ils sont plutôt ahuris, ça ne doit pas arriver très souvent. Ils nous conseillent un hôtel abordable et nous voilà partis pour une heure de route avant de rentrer enfin en ville. Il est aux alentours de 22 heures ce qui semble une heure tardive au vu des rues quasi désertes. On se passera de manger pour ce soir car on n'a pas vraiment envie de partir à la recherche d'un troquet maintenant. On se rattrapera demain ! 

 

Jeudi 25 Novembre

Après une nuit passable dans cet hôtel médiocre, nous partons à la découverte de la capitale de la Nouvelle-Calédonie, et surtout à la recherche de bons plans pour l'organisation de notre séjour de 2 semaines car nous n'avons absolument rien prévu comme d'habitude. Manifestement, ce n'est pas la façon la plus couramment utilisée par les voyageurs et l'organisation de notre futur périple calédonien relève du véritable casse-tête. Nous devons jongler avec les possibilités d'hébergements qui sont relativement modestes dans la catégorie non luxe, les opportunités du Pass aérien entre les îles, les liaisons maritimes, nos envies et notre budget. Comme à chaque fois, la recherche d'informations entre les différents organismes nous donne l'occasion d'arpenter les rues de Nouméa et de la découvrir sous un autre angle. Nous faisons aussi quelques emplettes pour pouvoir profiter pleinement de notre séjour, notamment l'investissement dans la panoplie masques, palmes et tubas, matériel pas forcément disponibles sur place.  

Nous renouons avec grand plaisir avec la culture française dont on retrouve des échantillons un peu partout : les enseignes des boutiques, les titres des journaux, les conversations entre les gens, les discours à la radio, les boulangeries et les menus des restaurants... on se sent renaître. Nous apprécions encore plus la touche locale, un subtil mélange de communautés canaques, polynésiennes, asiatiques et françaises. Tout ici respire l'esprit du Pacifique jusqu'au robes colorées et fleuries des mamas calédoniennes. Mais j'avoue que le moment le plus agréable de la journée s'est déroulé lorsqu'on s'est mis à table le soir, savourant avec délectation un repas sûrement banal mais dans lequel on retrouve sans hésitation la tradition gastronomique française et son illustration qui nous manque depuis si longtemps, le pain tout simplement. En plus, le serveur très sympa discute un bon moment avec nous et donne au passage des tuyaux intéressants pour la suite.  

 

Vendredi 26 Novembre

Ca y est, après avoir cogité toute la soirée, notre circuit est bouclé. On n'aime pas trop en arriver à ce point de détail mais on n'a pas eu le choix. Après un bon petit déjeuner prétexte officiel pour regouter aux chocolatines, croissants et autres viennoiseries, nous nous rendons à l'aéroport local, à la sortie de la ville pour prendre un petit avion qui nous mène à Lifou, la plus grande des îles de l'archipel des Loyautés. L'avantage de prendre l'avion dans ses contrées, outre le gain de temps, c'est que pour le prix du transport, on assiste au merveilleux spectacle du survol de l'océan Pacifique, des îles et de leurs barrières coralliennes.  

Après avoir récupéré nos bagages, reste à organiser notre transport jusqu'à notre pension. Heureusement nous tombons sur un transporteur local avec qui nous tombons d'accord après une petite partie de marchandage, la vie n'est pas facile ici pour le voyageur indépendant. Nous traversons rapidement l'île assez plate dans cette partie pour rejoindre la côte, découvrir la petite ville de We capitale de l'île et enfin nous installer dans notre lieu de villégiature, un confortable petit ensemble de bungalows disséminés autour d'une piscine, l'endroit idéal pour une après-midi acharnée de farniente. En fin de journée, nous nous extirpons de notre agréable torpeur pour entamer un jogging sur la route qui longe la cote. Malheureusement pour nous, les épais feuillages des arbustes nous cachent la vue sur la mer. C'est un mal pour un bien car au moins on est obligé de se concentrer sur notre petite épreuve sportive. La population que nous croisons nous salue avec jovialité, nous nous sentons très vite à l'aise 

 

Samedi 27 Novembre

Souhaitant découvrir Lifou librement, nous louons une voiture et attaquons notre exploration par le nord. Lifou et ses presque 12 000 habitants est relativement étendue, elle est plus grande que Tahiti. De nombreux nuages s'incrustent dans le ciel quand o nous arrivons à la partie la plus septentrionale accessible par la route. Le village d'Easo, en haut de la falaise surplombe  tranquillement l'immense Baie de Santal. Nous poursuivons un peu plus à l'ouest jusqu'à notre première halte. Nous laissons la voiture pour emprunter un petit sentier qui grimpe gentiment entre rocher et végétation jusqu'à la petite Chapelle de Notre Dame de Lourdes. Des palmiers et des lauriers roses en fleurs entourent la chapelle comme un jardin. De nombreuses lézardes se dessinent sur les murs du petit édifice religieux qui semble pourtant toujours en activité, du moins occasionnellement. Mais le plus beau spectacle est sans aucun doute le panorama sur la vaste baie que nous pouvons admirer à loisir.

 

                   

 

Nous quittons le sommet balayé par les vents pour redescendre et rejoindre une autre petite route pour la Baie de Jinek et plus particulièrement le site appelé Aquarium. Au coeur de la petite baie, encerclé par de nombreux récifs de coraux, une multitude de poissons tropicaux fourmillent dans la crique abritée. Nous faisons notre première plongée dans les eaux calédoniennes. Nous explorons un long moment cette merveilleuse piscine naturelle à l'affût de la moindre tâche de couleur. Nous sommes impressionnés par la présence importante de bénitiers ces imposants coquillages qui respirent au rythme du courant. Les couleurs de ces bivalves sont encore plus vives que celles des nombreux petits poissons au milieu desquels nous nageons. Mais le soleil joue un peu trop à cache cache avec les nuages et il ne fait pas très chaud. Nous interrompons le ballet sous-marin pour nous réchauffer en essayant de capter le moindre rayon qui parvient à percer les nuages. 

 

 

                   

 

 

Après s'être réchauffés, nous partons de l'autre côté de la presqu'île pour aboutir tout a fait au nord, au petit village de Jokin juché sur des falaises très abruptes. Nous sommes irrésistiblement attirés par les eaux translucides en contrebas. Nous contournons les grandes cases du village et empruntons cette fois-ci un petit chemin qui descend rudement vers un petit embarcadère. En fait il s'agit d'un escarpement rocheux de calcaire qui donne directement sur la mer. C'est un endroit privilégié pour faire du snorkelling mais c'est plutôt profond alors on se contente d'observer les petits poissons d'en haut. La journée s'achève par un magnifique coucher du soleil sur la baie de Jokin toute lisse. Nous renonçons à la grotte du diable car il est déjà tard et nous rentrons à Kamiu salivant  à l'avance le délicieux repas qui nous y attend.

 

Dimanche 28 Novembre

 

Aujourd'hui, nous commençons par le sud, en fait pas bien loin de notre gîte. Un pur ciel bleu illuminé par un soleil radieux nous attend. Tous les acteurs sont réunis pour jouer la pièce idéale. Nous nous garons sur les bas-côtés de la route. Nous descendons de la voiture et nous faufilons parmi les taillis touffus et soudain une brèche s'ouvre pour déboucher sur une plage d'une blancheur aveuglante. Luengoni, réputée la plus belle plage du pays et on les croit sur parole sans peine. Une immense plage de sable blanc ourlée de filaos et pins colonnaires s'offre à un lagon aux eaux turquoises transparentes.

 

                   

 

De drôles de monticules rocheux couverts de yuccas et autres végétation parsèment la surface. Les rochers de calcaires, rongés à la base par l'usure des eaux donnent une allure étrange, irréelle à cet endroit paradisiaque. Nous sommes quelques-uns à s'extasier devant cette beauté lumineuse mais l'endroit reste très tranquille avec une atmosphère familiale et bon enfant. Certains partent en expédition pour admirer les tortues marines nombreuses ici. Pour notre part, nous préférons nous adonner à notre passe-temps favori ici évoluer parmi les coraux et les poissons toujours aussi colorés. Le fond sableux très clair réfléchit intensément la lumière rendant la visibilité très claire. De temps en temps des îlots sous-marins de patates coralliennes surgissent attirant tout un eco-systèmes autour d'eux : mollusques, algues, anémones et bien sur des poissons toujours aussi colorés.

 

              

 

Nous nous arrachons péniblement à ce petit coin de paradis pour poursuivre notre découverte du sud. La route longe la cote avec de jolis points de vue à chaque fois qu'une trouée perce l'épaisse végétation du littoral. La route se termine au petit village de Xodre. Le lagon a bel et bien disparu pour faire place à de hautes falaises. Du haut des parois abruptes de calcaires gris nous contemplons la mer qui se déchaîne sur la cote déchiquetée. De gigantesques gerbes d'écume explosent à chaque vague qui se fracasse violemment sur les rochers. Quel contraste avec l'idyllique Luengoni quelques kilomètres plus haut. 

 

              

 

Suite de l'exploration, nous quittons la côte orientale pour traverser le bas de l'île dans toute sa largeur et rejoindre le rivage occidental. Nous roulons une bonne quarantaine de kilomètres. Ce petit voyage a lui tout seul nous donne l'occasion de traverser plusieurs villages. Ils sont composés de maisons simples mais modernes joliment fleuries et entretenues. Le plus surprenant c'est que très souvent, dans le jardin de la maison, subsiste la case traditionnelle très belle elle aussi. Ca fait plaisir de voir que la tradition fait partie intégrante de la vie moderne des habitants. Mis à part ça, l'intérieur de Lifou n'a pas d'attrait particulier, elle n'a pas le charme des îles volcaniques comme Tahiti. Mais dès qu'on s'approche de la côte, la magie revient. Le temps s'est couvert quand nous arrivons à la baie de Drueuleu. Encore une fois, nous sommes peu nombreux sur cette plage merveilleuse et on éprouve très facilement la sensation d'avoir ce coin perdu d'Eden rien que pour soi. 

 

               

 

Nous poursuivons un peu plus loin, jusqu'à Peng, endroit à peine plus fréquenté. Les paysages côtiers sont toujours aussi magnifiques. Ils invitent naturellement à la contemplation de tant de beauté naturelle. Nous longeons la plage pour nous installer sur les plateformes rocheuses qui surplombent l'eau cristalline. Encore et toujours, sans jamais nous lasser, nous observons le manège des poissons des coraux, petits et grands, spectacle coloré toujours aussi prenant. Enfin pour clore cette journée pleine de découvertes, un superbe coucher du soleil lance ses derniers rayons flamboyants sur la baie assombrie. 

L'obscurité commence à s'installer, il est temps de rentrer. Nous revenons sur la capitale, We, espérant y trouver un petit resto mais tout est fermé. Alors on opte pour le restaurant d'un hôtel de luxe juste a coté, a Luecila, face à la baie de Chateaubriand. 

 

Lundi 29 Novembre

On profite jusqu'à la dernière goutte de Lifou, encore une rasade de Lenguoni et un petit coup de la jolie petite crique en face de notre gîte de Kamiu. Puis on revient en voiture à l'aéroport, on y grignote rapidement et on s'envole pour Ouvéa. Le ciel est légèrement couvert. 

Arrivées à Ouvéa, c'est un peu l'anarchie car il semble qu'un préavis de grève risque d'être posé pour le lendemain et beaucoup de gens ne souhaitent pas rester bloqué ici et sont prêts à repartir aussitôt pour Nouméa. Finalement la situation se décante et nous finissons par récupérer nos bagages et notre chauffeur vient nous cueillir à la sortie du modeste aéroport. Nous arrivons rapidement à notre gîte situé au milieu de l'île. Nous prenons possession de notre chambre tardivement car elle n'était pas prête. L'ensemble est très sommaire mais ce n'est pas grave, le luxe se trouve à l'extérieur. 

 

                

 

 

 Nous traversons la petite et unique route de l'île et débarquons sur une fabuleuse plage de sable blanc de quelques 25 kilomètres de long. A droite comme à gauche, la vue est la même, la blancheur éclatante du sable alliée à la réverbération des eaux turquoises de l'immense lagon est littéralement aveuglante. Le panorama est encore plus fantastique que ce qu'on avait imaginé. Mais on en profitera plus tard. 

 

 

Nous enfourchons notre scooter pour explorer le nord de l'île. La route plane longe la plage puis le sable blanc cède sa place à des petites falaises coralliennes rongées par la mer.

 

            

 

Nous repartons dans la direction opposée, vers le nord. Pour visiter le trou bleu d'Anawa, nous nous arrêtons à la maison voisine pour demander la permission et se faire accompagné jusqu'à cette curiosité naturelle. Un trou profond semble s'enfoncer jusqu'aux entrailles de la terre. L'eau est d'un bleu foncé, profond et pourtant lumineux. Pour encourager les touristes à venir, ils y ont installer des poissons perroquets multicolores qui viennent picorer à la surface les miettes de pain qu'on leur envoie. Nous continuons. 

 

 

Peu après nous grimpons le Col du Casse-Cou. Le sommet repéré par un autel, offre une jolie vue sur les petits îlots de l'autre côté de l'atoll. Toujours plus au nord, nous tombons sur un étrange édifice que l'on prend pour une usine de désalinisation. Intrigués par ce bâtiment, nous nous approchons pour en savoir plus. Des employés sur place nous révèlent qu'il s'agit de la centrale électrique qui fournit toute l'île en énergie. Elle est composée de 4 fours dont 2 qui tournent au coprah, la noix de coco séchée. En redescendant, nous passons au trou aux tortues qui se situe sur l'autre rive d'Ouvéa. Puis nous arrivons à Saint Joseph, petite bourgade assoupie, au milieu de la quelle trône une immense église coloniale. La route se termine et une petite piste cahotante prend le relais. Elle traverse une cocoteraie qui borde une nouvelle plage paradisiaque. 

 

              

 

La pause baignade, pique-nique et farniente s'impose d'elle même. Nous ne sommes pas les seuls à avoir cette idée. Les gens viennent ici en famille pour profiter du lagon et de la douceur des alizés à l'ombre des cocotiers. A un moment de jeunes kanaks passent devant nous, une tortue verte dans les bras. Ils sont très contents et fiers de leur tableau de chasse, probablement utilisée lors d'un prochain rite de la coutume comme on appelle ici les règles et traditions ancestrales qui régissent la vie de la communauté. Plus tard, des ailerons triangulaires percent l'horizon à plusieurs reprises. A en croire nos voisins, les requins sont des visiteurs assidus des lieux, à tel point qu'un site leur est dédié : la passe aux requins. Comme ils sont généralement inoffensifs on profite encore un peu de la baignade dans cet endroit idyllique. 

On a peine à croire qu'à quelques kilomètres de là, plus au nord, s'est déroulé un des épisodes les plus dramatiques de l'histoire moderne de la Nouvelle Calédonie. En 1988, après avoir pris la gendarmerie d'assaut en faisant quatre victimes, un groupe d'indépendantistes se réfugia dans une grotte avec des otages gendarmes. Quelques jours après, une offensive militaire pour libérer les otages fait 19 morts dans le rang des canaques. Cette tragédie restera gravée dans l'histoire sous le nom de  "le massacre d'Ouvéa". Dans ma tête, et pour de nombreux français, Ouvéa est indissociable de cet évènement et ne se résumait qu'à cela. 25 ans après, assise sur le sable blanc, à contempler ce lagon merveilleux, me remémorant les saluts chaleureux de tous les habitants jeunes et moins jeunes que nous avons croisés, j'ai du mal à imaginer que c'est sur cette Ouvéa là que nous sommes. Dorénavant, je raccrocherai d'autres images, plus heureuses et pleines d'espoir à ce petit bout du Pacifique.

 

 

Il nous reste quelques heures avant le coucher du soleil alors nous décidons de nous rendre à l'attraction principale de l'île : le pont de Mouli qui relie l'île d'Ouvéa à sa petite soeur du sud, Mouli. L'édifice construit localement surplombe le chenal qui sépare le lagon de la baie qui se jette ensuite dans le Pacifique. C'est un point d'observation idéale de la faune marine qui mérite d'y consacrer plus de temps. Alors nous continuons plus loin en nous promettant d'y revenir le lendemain plus longtemps. Nous finissons à la pointe extrême sud, alors que les vagues se fracassent sur les rochers au soleil couchant. Alors que nous sommes sous le charme de l'instant présent, un requin nous passe sous le nez en rasant les rochers. Décidément, ces bestioles aiment beaucoup cette île. Il est vrai qu'ils évoluent souvent dans les passes dont ils apprécient le fort courant, et ici il est gâté. Nous repartons dans la nuit pour une interminable remontée vers notre pension.

 

Mardi 30 Novembre

 

 

Nous traînons sur la belle plage face à notre gîte mais nous avons aussi hâte de retourner au Pont de Mouli pour y passer le plus de temps possible. 

 

                   

 

 Tout d'abord plantons le décor. Donc le pont relie les deux langues de terre qui composent Ouvéa. D'un côté, le lagon étincelant qui s'étale à l'infini, cerné ici par une jolie plage de sable blanc sur la droite et une langue de terre qui s'avance doucement dans la mer sur la gauche. 

 

 

                 

 

De l'autre, une immense baie encaissée qui s'ouvre ensuite vers l'océan Pacifique par la passe de Nouvelle Calédonie. Sur sa gauche la baie est dominée par les incroyables falaises de Lékiny dont les flancs de calcaire gris érodés par les vents et les marées forment des stalactites torturées. Cet endroit est sacré pour les autochtones sur le plan spirituel et aussi sur le plan naturel car cela constitue une zone de reproduction très importante pour le milieu marin. Le pont de Mouli surplombe le chenal qui relie le lagon à la baie et puis l'océan par une passe assez profonde en son milieu. C'est un observatoire incroyable sur la vie sous-marine qui foisonne ici. Après avoir flâné et profité de la baignade de la partie lagon, nous passons de longues heures à observer la surface, à l'affût du moindre signe de présence animale. 

 

 

Nous ne sommes pas déçus. En quelques heures nous identifions une tortue marine qu'on repère à chaque remontée à la surface lorsqu'elle vient respirer. De nombreux poissons vont et viennent, des allongés que l'on prend pour des barracudas, ou encore d'autres tout effilés se déplaçant à la verticale. Puis vient la séance de ballet des raies. Grâce à la transparence cristalline de l'eau, nous pouvons voir les animaux évoluer même dans les parties les plus sombres. Les raies se déplacent en groupe, entre deux eaux tantôt en ligne, tantôt en triangle. Certaines de leurs cousines privilégient la station immobile qui, alliée à leur camouflage naturel, constitue leur meilleur atout. Soudain une masse sombre, fuselée, énorme apparaît juste sous le pont. Les gamins qui suivent le spectacle à nos côtés crient tout excités : il s'agit de grand requin dont la nage caractéristique file le frisson au premier regard. Après concertation mutuelle nous décrétons que cette silhouette fugace est celle d'un requin citron qui doit mesurer 3 bons mètres et qu'on est bien content d'être là haut. De petits poissons venus en banc se nourrir dans les eaux calmes du lagon se regroupent pour former un seul bloc pour mieux se défendre contre les multiples prédateurs qui rôdent dans les parages. 

Ce lieu si particulier est aussi un passage terrestre qui occasionne son lot de rencontres entre touristes éberlués devant un tel spectacle et locaux amusés d'un tel étonnement. Nous achevons notre inspection des lieux en nous invitant au bar de l'établissement de luxe situé un peu plus loin. Nous sirotons notre verre en contemplant la vue et en nous remémorant tous ces instants magiques vécus sur ce petit caillou de l'archipel des Loyauté.


Mercredi 1er Décembre

Notre séjour sur la fabuleuse île d'Ouvéa touche déjà à sa fin et nous partons tôt vers le petit aéroport pour revenir sur Nouméa. Heureusement pour nous, la grève qui semblait pointer son nez a un impact très réduit, nous pouvons rentrer sur Grande Terre sans embûche. De nouveau, le vol dans le petit appareil nous donne l'occasion d'admirer les magnifiques paysages et surtout la palette de turquoise et d'émeraudes qui se déploient sur chaque lagon. Pour une fois, je trouve la durée du vol trop courte à mon goût, nous atterrissons une demi-heure plus tard à Nouméa. Nous avons quelques heures à tuer avant de reprendre un vol pour notre dernière île, alors nous décidons de partir en ville pour nous balader dans les rues et se replonger dans l'animation des quartiers commerçants. Le rythme qui règne dans la capitale semble presque effréné côté de la sympathique nonchalance que nous avons connue jusqu'ici dans les îles Loyauté. On ne se lasse pas du mélange coloré des peuples qu'on peut apprécier aussi dans l'assiette. On retrouve avec encore plus de plaisir toutes ces influences mêlées dans la cuisine, des petites gargottes souvent asiatiques jusqu'aux restaurants plus gastronomiques. 

Après avoir flâné sur la place des Cocotiers décorées pour les fêtes de Noël, nous reprenons le bus à la place du grand marché, en nous payant une bonne tranche de scènes de vie colorées. L'embarquement sur le coucou qui nous emmène à l'île des pins est aussi un grand moment d'authenticité comme les embarquements précédents pour Lifou ou Ouvéa. La destination étant plus touristique que ses consoeurs, beaucoup de sièges sont occupés par des touristes chanceux comme nous.    

Nous atterrissons rapidement au coeur de la petite île. Une navette vient nous chercher. Nous descendons des collines boisées du centre vers la côte aplanie. Nous arrivons sur les rives de l'immense baie d'Upi alors que la nuit commence à tomber. L'accueil chaleureux dans la pension de famille allié au joli et confortable bungalow qui nous est destiné nous fait aussitôt nous sentir chez nous. C'est le pied à terre idéal pour partir à la découverte de ce petit bout de terre perdu dans le Pacifique. 

 

Jeudi 2 Décembre

Les pirogues à balancier traditionnelles auraient complètement disparu de l'île s'il n'y avait pas d'activité touristiques pour maintenir ce savoir-faire ancestral. Elles sont l'embarcation idéale pour l'excursion qui nous attend : la traversée de la Baie d'Upi. La baie de Saint Joseph qui nous fait face, est une petite baie reculée protégée par un gros îlot. Elle est reliée à sa grande soeur la Baie d'Upi par un petit passage entre la terre ferme et ce fameux îlot. La baie d'Pi, elle même très encaissée est protégée par la presqu'île d'Upi qui se recourbe sur elle même comme pour enfermer la baie. Cet enchevêtrement de baies et de lagons est le prétexte idéal pour une ballade en pirogue. 

 

                   

 

Notre piroguier pour l'occasion s'appelle Théophile et dès le premier contact nous savons qu'on a affaire à un sacré numéro. Nous décollons du rivage sous un ciel trop nuageux à notre goût. Le moteur qui doit nous emmener au milieu de la baie pour capter les brises et tirer des bords donne des signes de faiblesse et ne s'avère pas très conciliant. Tandis que Théophile bataille ferme avec son moteur on se fait sérieusement distancer par les autres embarcations qui sont maintenant loin devant. Il bougonne dans sa barbe et commence à s'énerver mais ne se départit quand même pas de sa bonne humeur. Finalement, avant le passage, un collègue piroguier accepte de nous remorquer car si les nuages sont là, le vent n'est pas au rendez-vous.

 

 

                   

 

Quand nous débouchons sur la Baie d'Upi, nous découvrons un superbe spectacle. D'énormes rochers gris, couverts de végétation fournie, sont disséminés ça et là, donnant à l'ensemble comme une impression de baie d'Halong. Au loin, les rives à la forêt dense rehaussés par la stature longiligne des pins colonnaires, offrent leur fond de carte postale. De temps en temps, un rayon de soleil parvient jusqu'à nous, éclairant soudainement l'eau translucide. Instantanément les tons turquoise s'irisent à la base des gros rochers grignotés peu à peu par l'eau salée. 

 

                   

 

Notre progression n'est apparemment pas assez rapide pour le rythme prévu de cette mini croisière. Alors nous changeons d'embarcation et atterrissons dans une grande et spacieuse pirogue, abandonnant à regret le pittoresque Théophile. Arrivés au fond de la baie, nous accostons pour une longue promenade à pied à travers la forêt. Nous marchons à travers la végétation luxuriante tandis que les nuages disparaissent et la chaleur inévitablement commence à monter. Une bonne heure plus tard, nous arrivons de 'autre côté de la bande de terre, chez Régis où nous devons goûter l'une des spécialités culinaires : le bougna. Mais ce n'est pas encore l'heure de déjeuner alors nous poursuivons notre ballade en remontant un chenal naturel recouvert d'une vingtaine de centimètres d'eau. 

 

                   

Les paysages sont magnifiques. De part et d'autres de gigantesques pins colonnaires vert foncé forment une haie d'honneur comme pour saluer la venue des visiteurs. De petits poissons, crabes et s'échappent sous nos pieds. Puis nous remontons sur la terre ferme, longeons un petit sentier et débouchons sur un magnifique décor. Nous sommes à la Piscine : une sorte de gros trou d'eau au bleu profond entouré d'un mini lagon bordé d'une immense plage de sable blanc elle même cernée par les pins géants. Au fond, une barrière rocheuse arrêtent les vagues violentes de l'océan, tandis qu'un petit passage permet aux poissons du large de venir s'aventurer dans les parages. La beauté du site est à couper le souffle, et pourtant, ce n'est rien comparé au magnifique spectacle qui se joue sous l'eau. L'énorme trou d'eau profond qui donne son nom aux lieux est tapissé de multiples rochers de toutes les formes couverts de coraux. Au fond de nombreux bénitiers filtrent inlassablement les eaux tandis qu'une myriade de poissons frétillent de partout. Les formes et couleurs fusent de partout et pourtant mes préférés sont de petits poissons au profil lunaire, entièrement noir de jais avec une petite tâche d'un blanc immaculé. Nous y resterions des heures mais le froid et la faim finissent par nous décider à nous sortir d'ici.

 

                  

 

Nous arrivons juste à temps au restaurant pour assister à la sortie de notre repas cuit selon la méthode traditionnelle, dans un four constitué de plusieurs couches de pierres brûlantes recouvertes de sable. Le bougna est une sorte de ragoût dont les ingrédients varient poulet, langouste, crabe accompagnés de légumes locaux taro, igname,  mijotés à l'étouffée dans de larges feuilles de bananiers. Le plat est délicieux même si le goût fort des feuilles nous surprend un peu. Après cet excellent repas, nous ne pouvons nous empêcher de revenir à la Piscine juste pour admirer les lieux. 

Il est déjà l'heure de partir, notre taxi du gîte nous attend. En fin de journée, David se met en tête d'aller chercher des bières dans la bourgade voisine. Au bout d'un moment, il revient avec ses trophées emportés de haute lutte. Il a presque du s'acharner pour les obtenir car ce sont des denrées presque rares. Pour lutter contre l'alcoolisme, seules les bières chaudes sont vendables et encore pas facilement. Mais sous le manteau, on peut s'en procurer des fraîches à condition d'être extrêmement discrets ! Nous les apprécions donc à leur juste valeur en les sirotant gentiment tandis que le jour s'achève sur la baie ou tout à commencé ce matin. 

 

Vendredi 3 Décembre

 

                   

 

La journée démarre par une énorme surprise. Alors que nous sommes en train de prendre tranquillement notre petit-déjeuner, David reconnaît une voix familière. Il se retourne et tout étonné, tombe sur un ami de longue date qui fréquentait comme lui le port de Capbreton. Ils sont aussi surpris l'un que l'autre de se revoir après tant d'années dans ce coin perdu du Pacifique. En fait Jean Jacques s'est installé à Nouméa il y a quelques années. Comme de nombreux citadins, il vient passer le week-end en famille sur l'île des Pins. Mais il y a eu un contretemps de dernière minute et ils doivent se loger ailleurs. Il a quand même le temps de nous donner de bons tuyaux sur la suite de notre séjour et on s'empresse de les appliquer à la lettre. On se donne rendez-vous dimanche au bateau du retour. 

Nous nous sommes arrangés pour louer un scooter avec la ferme intention de visiter l'île des Pins et découvrir ses charmes cachés, mais ils sont tellement nombreux. Nous sommes constamment à nous arrêter pour admirer les vues somptueuses depuis la côte. Nous remontons jusqu'au nord-ouest jusqu'au petit village paisible de Gadji. Quelques maisons bordent une grande et superbe baie. Nous longeons la belle plage et empruntons une petite piste de graviers. Au bout de quelques kilomètres cahotants, nous parvenons sur une autre magnifique plage bordée de pins colonnaires, la baie des Crabes. Puis rebroussant chemin, nous revenons vers le sud et arrivons à la baie de Ouameo. Un hôtel restaurant surplombe les lieux, nous en profitons pour une halte déjeuner tout en savourant la vue. 

 

 

Alors que nous retournons sur Kuto, nous nous arrêtons à un étrange endroit : une prison en ruine précède un cimetière celui  des déportés de la Commune. Ce bagne des années 1870, accueillit aussi bien les communards et prisonniers politiques du régime français dont Louise Michel et les insurgés canaques de la grande révolte de 1878. L'île des Pins n'a pas eu pour tout le monde un goût de paradis. 

 

Un peu plus loin, nous empruntons un petit chemin de terre et nous y garons notre scooter. Le reste se fera à pied. Nous partons escalader le point culminant de l'île, le Pic N'Ga. La montée, par endroit escarpée, s'avère rude sous les ardents rayons du soleil. Poussière et chaleur n'occultent en rien la perspective du panorama que nous nous imaginons. Une croix plantée sur un plateau intermédiaire constitue notre première halte où nous soufflons volontiers. 

 

                  

 

Une dernière pente nous barre la route avant d'atteindre le sommet tant attendu. Du haut de ses 262 mètres, le pic N'Ga domine toute l'île. Aussi loin que le regard peut porter nous pouvons contempler les collines boisées qui se jettent sur une côte joliment découpée. Nous essayons de repérer les différentes baies que nous avons, avec bonheur, admiré de si prés. La présence de bas-fonds sableux est facilement repérables par les teintes turquoises des abords. Heureusement pour nous les îlots coralliens entourant l'île sont nombreux. 

 

                 

 

On peut facilement rester des heures entières à admirer ces fantastiques panoramas. Le décor ne cesse de se transformer à chaque changement de lumière, à chaque déplacement de nuage. Un spectacle inoubliable que nous essayons de graver dans notre mémoire avec le plus de détails possibles. 

 

              

 

Il nous faut cependant quitter les lieux. La descente s'avère plus pénible que la montée, la terre sèche se dérobant souvent sous nos pieds. La pente assez raide par endroit nous donne à plusieurs reprises quelques frayeurs. On se rend compte qu'on a finalement bien crapahuté à l'aller et que nos jambes fatiguées et nos genoux malmenés ne sont pas signe d'absence de condition physique. De nouveau juchés sur notre scooter, nous flânons avec plaisir le long de ces superbes baies que nous avons admirés de plus haut quelques instants auparavant. La plage de Kuto, à l'image des ses consoeurs, est magnifique d'un bout à l'autre. 


Samedi 4 Décembre

 

              

Comme on s'est levé assez tardivement, notre programme de la journée en est allégé. Nous nous arrêtons quelques kilomètres après être partis pour admirer les magnifiques statues de bois de Saint Maurice. Vao est très réputée pour ses sculpteurs sur bois. Ces statues qui font face à la mer sont un excellent moyen de se faire une idée de leurs talents et de leur art. Les totems ont tous une signification particulière, nous nous contentons d'admirer la créativité des artistes, le détail des sculptures, la finesse du trait et parfois l'expression très réalistes de certains !

 

 

Poursuite de notre inspection de cette petite île qui recèle de si nombreux trésors.  On part directement au Nord pour retourner à la Piscine, on a tellement adoré cet endroit. Nous garons notre engin et remontons de nouveaux le chenal bordé de pins colonnaires pour déboucher sur ce site incomparable. On s'en donne de nouveau à coeur joie dans le gros trou bleu remplis de poissons avides de rencontres. C'est un plaisir sans fin d'évoluer dans ce monde sous-marin si coloré et si plein de vie. 

 

              

 

La cerise sur le gâteau, c'est qu'à deux pas de ce petit paradis, un petit resto propose la meilleure langouste gratinée du coin. On ne peut pas passer à côté d'une telle institution d'autant que ces délicieux crustacés sont ici d'une taille impressionnante.

 

                   

 

Après un tel repas, une promenade s'impose. On n'a pas à aller bien loin pour trouver un cadre enchanteur dont on ne se lasse toujours pas. L'eau cristalline du bord de la plage s'assombrit très vite à quelques mètres du bord. Cela ressemble à des champs d'herbe marine et on aimerait bien découvrir des dugong amateurs de ces friandises. Puis, les algues disparaissent et l'eau turquoise refait son apparition. Tout au fond on aperçoit les vagues qui se brisent sur la barrière de corail dans des gerbes d'écumes impressionnantes.

 

              

 

Sur notre chemin du retour, nous nous arrêtons à la grotte d'Oumagne communément appelée grotte de la reine Hortense. La légende raconte que cette grotte, comme il en existe beaucoup sur l'île, a servi de refuge à une reine lors de sa disgrâce. Pour s'y rendre, on arpente un joli sentier qui s'enfonce dans une forêt de superbes fougères arborescentes. On traverse un petit ruisseau qui marque l'entrée de la grotte. Le sol plutôt boueux est glissant. Peu à peu, la voûte s'abaisse, la lumière s'obscurcit, les stalactites grandissent, la mousse tapisse les bords de la caverne de plus en plus profonde. 

 

         

 

Repartis au sud de l'île, nous nous installons sur la baie de Kanumera au milieu de la quelle trône un gros cailloux couvert de buissons verts. C'est encore l'occasion rêvée d'un bon farniente au soleil, suivi d'une ballade le long de la plage pour se mettre en jambe et une fois de plus, une petite plongée dans les coraux, en quête de nouvelles sensations, de nouvelles couleurs, d'espèces de poissons qu'on n'a pas encore vus. Mais la surprise vient d'une toute autre bestiole. Une bande de gamins s'ébattent dans la petite crique d'a côté puis sont pris d'une agitation particulière : ils viennent de découvrir un tricot rayé, un serpent marin habitué des lieux, qu'on semble les seuls à craindre. 

 

 

                   

 

De l'autre côté de la petite péninsule, sur la plage jumelle de Kuto, un cavalier galope sur le sable. Puis, des danseurs et des musiciens s'installent suivis de prés par une équipe de tournage. La petite troupe entame son spectacle et enchaîne les danses au rythme saccadé. En quelques instants, une petite foule se rassemble pour admirer le show. On aperçoit une silhouette connue, il s'agit du chanteur voyageur Antoine, en pleine préparation d'un de ses récits d'aventures, probablement bientôt en vente pour Noël ! En tous cas, nous profitons pleinement de la démonstration qui nous donne bien envie d'en découvrir plus. Après le clap de fin, le trio des gamins danseurs se sauve aussitôt et galope comme des dératés. Ils se font un plaisir de pauser pour les photos à la moindre sollicitation et elles sont nombreuses !

Nous rendons notre scooter et rentrons à notre gîte à la nuit tombée. Encore une journée intense sur l'île des Pins. 

 

 

Dimanche 5 Décembre

 

              

 

Dernier incontournable de l'Ile des Pins, l'excursion sur le motu de Nokanhui. Sur les conseils de notre ami retrouvé la veille, nous sommes décidés pour le séjour bref sur cet îlot de carte postale. Le temps est plutôt maussade pour l'instant mais nous espérons que cela s'améliorera dans la journée. Nous embarquons dans un bateau à moteur pour nous rendre à Nokanhui. Un clapot agite légèrement la surface de la baie. Dès que nous sortons de la baie, la mer se forme et nous affrontons les vagues agitées en tapant de plus en plus fort. Le trajet me parait interminable et nous sommes tellement secoués que je commence sérieusement à regretter de m'être embarqués dans cette galère.  

Heureusement l'îlot minuscule commence à émerger des flots énervés puis nous accostons. L'atoll de rêve se résume à un monticule surmonté d'un peu de végétation prolongé par une longue langue de sable sinueuse. Ces courbes parfaites créent une barrière protectrice pour former d'un coté un lagon dans le lagon. Il y a bien sûr rien à faire mis à part, tel le Robinson Crusoé moyen, partir à la découverte de notre habitation d'un jour. 

 

                                  

 

La chance est de notre côté, les nuages s'effilochent pour disparaître discrètement tandis que le soleil rayonne au maximum comme pour rattraper le temps perdu. Très vite, sous l'effet de la réverbération de l'eau et du sable immaculé, la chaleur se fait sentir. Nous avons l'embarras du choix pour nous décider à quelle plage nous allons nous baigner. Par contre, pour trouver de l'ombre c'est une tout autre histoire. D'abord ce ne sont que des arbustes rabougris balayés par les vents du large qui peuvent offrir un abri. Le seul problème, c'est que ce sont des endroits plutôt fréquentés et qu'il faut souvent accepter la cohabitation avec les autochtones : les "tricots rayés". Le seul arbre de l'atoll sert de point de ralliement pour les visiteurs. Nous y avons installé nos affaires et nous prenons notre déjeuner dans l'insouciance la plus totale. Forcément, nous sommes très surpris et un peu interloqués quand on découvre un beau spécimen de tricot rayé emberlificoté dans les nu-pieds de David et qui n'a pas l'intention de les lâcher. En fait, c'est un voisin qui nous a alerté de sa présence, nous on se rendait compte de rien. Ce sont des animaux réputés "gentils" et c'est vrai que pour l'instant nos différentes rencontres le confirme. 

 

                  

               

Nous nous adonnons à une dernière ballade sur les rivages. Contemplant sans cesse l'horizon et la mer qui ne cesse de changer de couleurs puisant l'essentiel de sa palette dans les variations de turquoise et d'émeraude. Quand on veut se distraire, on part sur la cote couverte de cailloux et on cherche les tricots rayés ce qui généralement ne prend pas beaucoup de temps. Pour se rasséréner, un coup d'oeil sur les eaux translucides, et nous voila de nouveau sous le charme de Nokanhui.

 

 

Mais il est déjà l'heure du départ. Heureusement le temps s'est calmé et en plus nous allons dans le sens du courant. Le retour est donc beaucoup plus agréable que l'aller. Notre séjour sur l'Ile des Pins s'achève ainsi. Le temps de rassembler nos bagages et nous embarquons de nouveau, cette fois ci sur un catamaran géant qui en deux heures nous ramène à Nouméa. Comme c'est dimanche soir, l'embarquement a des allures d'exode, beaucoup de monde est venu passé le week-end sur l'île et doit repartir travailler en ville. Echaudés par mon expérience matinale, je prends mes précautions en avalant des cachets pour le mal de mer et je somnole gentiment pendant le trajet de retour. Pendant ce temps, David retrouve son ami Jean Paul qui nous invite gentiment chez lui mardi soir en nous promettant une surprise. 

A Nouméa, il fait déjà nuit quand nous débarquons. Nous rejoignons notre hôtel, devenu en quelques nuits notre quartier général dans le capitale. Nous prenons des forces, demain, nous nous promènerons dans le sud de l'île. 

 

Lundi 6 Décembre - Mardi 7 Décembre

 

Nous allons en ville pour trouver une voiture de location pour pouvoir explorer un peu les alentours de Nouméa. Nous souhaitons visiter le musée de la Nouvelle Calédonie mais il est fermé, alors nous partons. Malheureusement, le temps a viré, le ciel est bas, couvert de nuages gris menaçants. Nous commençons notre boucle par le Nord pour rejoindre la limite du Parc Naturel de la Rivière Bleue, réputé par la beauté de sa nature intacte et les nombreuses possibilités de randonnées. Mais nous n'avons pas assez de temps pour le découvrir et nous nous contentons de le longer. Plus loin, alors que nous continuons à grimper dans les montagnes, le Lac de Yaté déroule le tapis argenté des ses eaux. Les silhouettes des arbres morts, inondés avec la vallée lors de la création de ce lac artificiel donnent une touche sombre, désolée, presque lugubre avec ce temps.  

 

 

Nous quittons la grande route pour en prendre une plus petite qui se transforme très vite en piste de graviers. Cela nous mène à une petite réserve naturelle qui a pour but de présenter aux visiteurs la richesse botanique endémique à cette terre. Entre deux averses nous nous décidons à nous lancer dans la découverte. Nous suivons le sentier tout au long duquel des panneaux illustrés sur la flore et son utilisation parsèment des explications. Finalement, le chemin débouche sur les célèbres Chutes de la Madeleine. L'eau marron, chargée en boue, révèle que les pluies ont été très fortes dernièrement dans la montagne. Forcément, cela enlève un peu de charme au site. Nous avons cependant de la chance car les goutte ont choisi de nous épargner. Nous rejoignons la grande route pour repartir vers la côte. Les élément se déchainent et de grosses averses déversent leur trop plein d'eau régulièrement. L'exploration de la côte s'en trouve fortement amputée. Du coup nous attaquons directement le retour de notre boucle pour arriver à Port Boisé pour passer la nuit. 

Nous espérions que le temps s'améliore pour pouvoir apprécier ce site à sa juste valeur mais les cieux en ont décidé autrement. Nous suivons la petite route tortueuse. Elle s'enfonce toujours au plus profond de la montagne qui nous dévoile ses flancs rouges recouverts d'une épaisse végétation. Au loin nous apercevons la Baie de Prony à la côte déchiquetée. Cet espace naturel privilégié accueille chaque année les grandes baleines lors de leur migration. Elles profitent de l'environnement riche en nourriture et des eaux calmes pour s'y reproduire. Mais ce n'est pas la saison et de toute façon, l'horizon est tellement bouché qu'il serait quasiment impossible de les observer. La prochaine fois peut-être.

 

 

Un peu plus loin nous sommes très surpris de découvrir un complexe minier d'une taille imposante perdu au milieu de ces montagnes. Sur une grande étendue, des cabanes, de gros hangars, de drôles de machines ont conquis le terrain rasé, nivelé et prêt à accueillir d'autres installations. Beaucoup pensent que les répercussions de cette activité industrielle,  vont être très nuisibles sur l'écosystème fragile de la Baie de Prony plus bas. Le lagon sera peu à peu gagné et troublé par les boues générées par les rejets. Encore une fois, difficile confrontation entre vie économique et vie tout court. Nous poursuivons notre chemin de temps en temps ponctué de passages à gué. Cette fois-ci, les flots ont l'air assez tumultueux et nous ne sommes pas avec Totoy. Nous faisons demi tour pour rejoindre la route principale et rentrons directement sur Nouméa.

 

 

 

Nous nous y retrouvons assez rapidement toujours sous la pluie. Nous renonçons à la visite du centre culturel Jean Marie Tjibaou, connu dans le monde entier pour son architecture remarquable. La découverte de ce lieu se déroule beaucoup à l'extérieur et avec ce temps, nous n'y pensons même pas. Nous trainons un peu dans les magasins avant de nous rendre chez Jean Jacques qui nous a invité à passer la soirée chez lui. Comme promis, une surprise nous y attend : il s'agit d'une autre connaissance de David qui travaillait au port de Capbreton. A se demander si tout le monde ne va pas finir ici !

Nous passons une excellente soirée à les écouter nous raconter leur nouvelle vie en Nouvelle Calédonie qui a des allures de terre promise. Nous qui sommes littéralement tombés sous le charme de ce caillou, commençons à être sensible aux sirènes d'une éventuelle expatriation. Pour rien au monde ils ne reprendraient leur vie d'avant et pourtant, Capbreton, c'est loin d'être le bagne ! Pour l'instant, nous avons un voyage à poursuivre, il sera bien temps de se poser des questions plus tard.

 

Mercredi 8 Décembre

Nous nous levons avant l'aurore, car nous devons nous rendre à l'aéroport international tôt ce matin. Comme nous rendons la voiture de location sur place, nous économisons au moins le trajet retour. Nous quittons à regret la Nouvelle Calédonie qui pour nous a été une véritable révélation, une surprise totale. Et déjà nous avons une seule idée en tête, revenir sur le Caillou pour la découvrir, vraiment. D'ici là, notre prochaine destination nous attend. La Nouvelle Zélande qu'il nous tarde aussi de découvrir et qui aura fort à faire pour nous étonner après un tel séjour !

 

 


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