Arrivé à Ceuta
Mercredi 24 Novembre
Tout s'est enchaîné très vite et on n'a pas eu beaucoup le temps de
souffler. Nous venions à peine de trouver un garage pour laisser Totoy se
reposer pendant un mois que nous sautions dans un train de banlieue, puis
changement pour le métro qui nous emmène
à l'aéroport de Sydney. Cette fois-ci, nous sommes prévoyants et passons le maximum de
formalités le plus rapidement possible pour ne pas avoir à subir le stress de
la file d'attente interminable qui nous avait failli faire rater notre vol pour
les Fidji il y a quelques mois. L'aéroport de Sydney
est le plus fréquenté d'Australie et a pourtant la réputation d'être le plus mal
organisé du pays et ce n'est pas pour rien. Nous finissons par monter dans
l'avion, impatient de débarquer sur ces îles du bout du monde qui nous font
rêver depuis si longtemps et qui maintenant se trouve à portée d'ailes. Trois
petites heures et nous nous retrouverons dans un nouveau paradis. Après plus de 7 mois en pays anglo-saxon, il nous
tarde de pouvoir retomber en terre francophone : tout sera facile, inutile de
décoder, d'interpréter, de traduire tout se fera naturellement, ça
commencera par ça les vacances.
La nuit est déjà tombée quand nous atterrissons à l'aéroport de Tontouta. Nous
sommes très excités, un peu comme si on rentrait au pays. Tout nous semble
familier avec bien sûr une teinte d'exotisme. Par contre lorsque la douanière
nous impose une fouille minutieuse de nos sacs à dos nous soupçonnant
d'importer du miel, marchandise apparemment très illicite, cela nous refroidit
un peu, même si on comprend la démarche. Ici aussi, les autorités semblent
très parano, à la recherche de graines, plantes et surtout de miel ...
L'aéroport international est situé à 45 kilomètres de Nouméa
et il n'y a aucun moyen de transport public qui relie ces deux cités. On a le
choix entre prendre un taxi ou une ligne privée de bus. On opte pour la
dernière option. Quand ils nous voient débarquer avec nos sacs à dos sans
savoir où on va dormir ils sont plutôt ahuris, ça ne doit pas arriver très souvent.
Ils nous conseillent un hôtel abordable et nous voilà partis pour une heure de
route avant de rentrer enfin en ville. Il est aux alentours de 22 heures ce qui
semble une heure tardive au vu des rues quasi désertes. On se passera de manger
pour ce soir car on n'a pas vraiment envie de partir à la recherche d'un
troquet maintenant. On se rattrapera demain !
Jeudi 25 Novembre
Après une nuit passable dans cet hôtel médiocre, nous partons à la
découverte de la capitale de la Nouvelle-Calédonie, et surtout à la recherche
de bons plans pour l'organisation de notre séjour de 2 semaines car nous
n'avons absolument rien prévu comme d'habitude. Manifestement, ce n'est pas la
façon la plus couramment utilisée par les voyageurs et l'organisation de notre
futur périple calédonien relève du véritable casse-tête. Nous devons
jongler avec les possibilités d'hébergements qui sont relativement modestes
dans la catégorie non luxe, les opportunités du Pass aérien entre les îles,
les liaisons maritimes, nos envies et notre budget. Comme à chaque fois, la
recherche d'informations entre les différents organismes nous donne l'occasion
d'arpenter les rues de Nouméa et de la découvrir sous un autre angle. Nous
faisons aussi quelques emplettes pour pouvoir profiter pleinement de notre
séjour, notamment l'investissement dans la panoplie masques, palmes et tubas,
matériel pas forcément disponibles sur place.
Nous renouons avec grand plaisir avec la culture française dont on retrouve
des échantillons un peu partout : les enseignes des boutiques, les titres des
journaux, les conversations entre les gens, les discours à la radio, les
boulangeries et les menus des restaurants... on se sent renaître. Nous
apprécions encore plus la touche locale, un subtil mélange de communautés
canaques, polynésiennes, asiatiques et françaises. Tout ici respire l'esprit
du Pacifique jusqu'au robes colorées et fleuries des mamas calédoniennes. Mais
j'avoue que le moment le plus agréable de la journée s'est déroulé lorsqu'on
s'est mis à table le soir, savourant avec délectation un repas sûrement banal
mais dans lequel on retrouve sans hésitation la tradition gastronomique
française et son illustration qui nous manque depuis si longtemps, le pain tout
simplement. En plus, le serveur très sympa discute un bon moment avec nous et
donne au passage des tuyaux intéressants pour la suite.
Vendredi 26 Novembre
Ca y est, après avoir cogité toute la soirée, notre circuit est bouclé.
On n'aime pas trop en arriver à ce point de détail mais on n'a pas eu le choix.
Après un bon petit déjeuner prétexte officiel pour regouter aux chocolatines,
croissants et autres viennoiseries, nous nous rendons à l'aéroport local, à
la sortie de la ville pour prendre un petit avion qui nous mène à Lifou, la
plus grande des îles de l'archipel des Loyautés. L'avantage de prendre l'avion dans
ses contrées, outre le gain de temps, c'est que pour le prix du transport, on assiste au merveilleux
spectacle du survol de l'océan Pacifique, des îles et de leurs barrières
coralliennes.
Après avoir récupéré nos bagages, reste à organiser notre transport
jusqu'à notre pension. Heureusement nous tombons sur un transporteur local avec
qui nous tombons d'accord après une petite partie de marchandage, la vie n'est
pas facile ici pour le voyageur indépendant. Nous traversons rapidement l'île
assez plate dans cette partie pour rejoindre la côte, découvrir la petite
ville de We capitale de l'île et enfin nous installer dans notre lieu de villégiature, un
confortable petit ensemble de bungalows disséminés autour d'une piscine,
l'endroit idéal pour une après-midi acharnée de farniente. En fin de
journée, nous nous extirpons de notre agréable torpeur pour entamer un jogging
sur la route qui longe la cote. Malheureusement pour nous, les épais feuillages
des arbustes nous cachent la vue sur la mer. C'est un mal pour un bien car au
moins on est obligé de se concentrer sur notre petite épreuve sportive. La
population que nous croisons nous salue avec jovialité, nous nous sentons très
vite à l'aise
Samedi 27 Novembre
Souhaitant découvrir Lifou librement, nous louons une voiture et attaquons
notre exploration par le nord. Lifou et ses presque 12 000 habitants est
relativement étendue, elle est plus grande que Tahiti. De nombreux nuages
s'incrustent dans le ciel quand o nous arrivons à la partie la plus
septentrionale accessible par la route. Le village d'Easo, en haut de la falaise
surplombe tranquillement l'immense Baie de Santal. Nous poursuivons un peu
plus à l'ouest jusqu'à notre première halte. Nous laissons la voiture pour
emprunter un petit sentier qui grimpe gentiment entre rocher et végétation
jusqu'à la petite Chapelle de Notre Dame de Lourdes. Des palmiers et des
lauriers roses en fleurs entourent la chapelle comme un jardin. De nombreuses
lézardes se dessinent sur les murs du petit édifice religieux qui semble
pourtant toujours en activité, du moins occasionnellement. Mais le plus beau
spectacle est sans aucun doute le panorama sur la vaste baie que nous pouvons
admirer à loisir.
Nous quittons le sommet balayé par les vents pour redescendre et rejoindre
une autre petite route pour la Baie de Jinek et plus particulièrement le site
appelé Aquarium. Au coeur de la petite baie, encerclé par de nombreux récifs
de coraux, une multitude de poissons tropicaux fourmillent dans la crique
abritée. Nous faisons notre première plongée dans les eaux calédoniennes.
Nous explorons un long moment cette merveilleuse piscine naturelle à l'affût de
la moindre tâche de couleur. Nous sommes impressionnés par la présence
importante de bénitiers ces imposants coquillages qui respirent au rythme du
courant. Les couleurs de ces bivalves sont encore plus vives que celles des
nombreux petits poissons au milieu desquels nous nageons. Mais le soleil joue un
peu trop à cache cache avec les nuages et il ne fait pas très chaud. Nous
interrompons le ballet sous-marin pour nous réchauffer en essayant de capter le
moindre rayon qui parvient à percer les nuages.
Après s'être réchauffés, nous partons de l'autre côté de la presqu'île
pour aboutir tout a fait au nord, au petit village de Jokin juché sur des
falaises très abruptes. Nous sommes irrésistiblement attirés par les eaux
translucides en contrebas. Nous contournons les grandes cases du village et
empruntons cette fois-ci un petit chemin qui descend rudement vers un petit
embarcadère. En fait il s'agit d'un escarpement rocheux de calcaire qui donne directement
sur la mer. C'est un endroit privilégié pour faire du snorkelling mais c'est plutôt
profond alors on se
contente d'observer les petits poissons d'en haut. La journée s'achève par un
magnifique coucher du soleil sur la
baie de Jokin toute lisse. Nous renonçons à la grotte du diable car il est déjà
tard et nous
rentrons à Kamiu salivant à l'avance le délicieux repas qui nous y
attend.
Dimanche 28 Novembre
Aujourd'hui, nous commençons par le sud, en fait pas bien loin de notre gîte.
Un pur ciel bleu illuminé par un soleil radieux nous attend. Tous les acteurs
sont réunis pour jouer la pièce idéale. Nous nous garons sur les bas-côtés de
la route. Nous descendons de la voiture et nous faufilons parmi les taillis
touffus et soudain une brèche s'ouvre pour déboucher sur une plage d'une
blancheur aveuglante. Luengoni, réputée la plus belle plage du pays et on les
croit sur parole sans peine. Une immense plage de sable blanc ourlée de filaos
et pins colonnaires s'offre à un lagon aux eaux turquoises transparentes.
De drôles de monticules rocheux couverts de
yuccas et autres végétation parsèment la surface. Les rochers de calcaires,
rongés à la base par l'usure des eaux donnent une allure étrange, irréelle
à cet endroit paradisiaque. Nous sommes quelques-uns à s'extasier devant cette
beauté lumineuse mais l'endroit reste très tranquille avec une atmosphère
familiale et bon enfant.
Certains partent en expédition pour admirer les tortues marines nombreuses ici.
Pour notre part, nous préférons nous adonner à notre passe-temps favori ici
évoluer parmi les coraux et les poissons toujours aussi colorés. Le fond
sableux très clair réfléchit intensément la lumière rendant la visibilité
très claire. De temps en temps des îlots sous-marins de patates coralliennes
surgissent attirant tout un eco-systèmes autour d'eux : mollusques, algues, anémones
et bien sur des poissons toujours aussi colorés.
Nous nous arrachons péniblement à ce petit coin de paradis pour poursuivre notre
découverte du sud. La route longe la cote avec de jolis points de vue à chaque
fois qu'une trouée perce l'épaisse végétation du littoral. La route se termine au petit village de Xodre.
Le lagon a bel et bien disparu pour faire place à de hautes falaises. Du haut des
parois abruptes de calcaires gris nous contemplons la mer qui
se déchaîne sur la cote déchiquetée. De gigantesques gerbes d'écume explosent
à chaque vague qui se fracasse violemment sur les rochers. Quel contraste avec
l'idyllique Luengoni quelques kilomètres plus haut.
Suite de l'exploration, nous quittons la côte orientale pour traverser le
bas de l'île dans toute sa largeur et rejoindre le rivage occidental. Nous
roulons une bonne quarantaine de kilomètres. Ce petit voyage a lui tout seul
nous donne l'occasion de traverser plusieurs villages. Ils sont composés de
maisons simples mais modernes joliment fleuries et entretenues. Le plus
surprenant c'est que très souvent, dans le jardin de la maison, subsiste la
case traditionnelle très belle elle aussi. Ca fait plaisir de voir que la
tradition fait partie intégrante de la vie moderne des habitants. Mis à part
ça, l'intérieur de Lifou n'a pas d'attrait particulier, elle n'a pas le charme
des îles volcaniques comme Tahiti. Mais dès qu'on s'approche de la côte, la
magie revient. Le temps s'est couvert quand nous arrivons à la baie de Drueuleu.
Encore une fois, nous sommes peu nombreux sur cette plage merveilleuse et on
éprouve très facilement la sensation d'avoir ce coin perdu d'Eden rien que
pour soi.
Nous poursuivons un peu plus loin, jusqu'à Peng, endroit à peine plus
fréquenté. Les paysages côtiers sont toujours aussi magnifiques. Ils invitent
naturellement à la contemplation de tant de beauté naturelle. Nous longeons la
plage pour nous installer sur les plateformes rocheuses qui surplombent l'eau
cristalline. Encore et toujours, sans jamais nous lasser, nous observons le
manège des poissons des coraux, petits et grands, spectacle coloré toujours
aussi prenant. Enfin pour clore cette journée pleine de découvertes, un
superbe coucher du soleil lance ses derniers rayons flamboyants sur la baie
assombrie.
L'obscurité commence à s'installer, il est temps de rentrer. Nous revenons
sur la capitale, We, espérant y trouver un petit resto mais tout est fermé.
Alors on opte pour le restaurant d'un hôtel de luxe juste a coté, a Luecila,
face à la baie de Chateaubriand.
Lundi 29 Novembre
On profite jusqu'à la dernière goutte de Lifou, encore une rasade de Lenguoni et
un petit coup de la jolie petite crique en face de notre gîte de Kamiu. Puis on revient en voiture
à l'aéroport, on y grignote rapidement et on s'envole
pour Ouvéa. Le ciel est légèrement couvert.
Arrivées à Ouvéa, c'est un peu l'anarchie car il semble qu'un préavis de grève
risque d'être posé pour le lendemain et beaucoup de gens ne
souhaitent pas rester bloqué ici et sont prêts à repartir aussitôt pour
Nouméa. Finalement la situation se décante et nous finissons par récupérer
nos bagages et notre chauffeur vient nous cueillir à la sortie du modeste
aéroport. Nous arrivons rapidement à notre gîte situé au milieu de l'île.
Nous prenons possession de notre chambre tardivement car elle n'était pas
prête. L'ensemble est très sommaire mais ce n'est pas grave, le luxe se trouve
à l'extérieur.
Nous traversons la petite et unique route de l'île et débarquons sur
une fabuleuse plage de sable blanc de quelques 25 kilomètres de long. A droite
comme à gauche, la vue est la même, la blancheur éclatante du sable alliée
à la réverbération des eaux turquoises de l'immense lagon est littéralement
aveuglante. Le panorama est encore plus fantastique que ce qu'on avait imaginé.
Mais on en profitera plus tard.
Nous enfourchons notre scooter pour explorer le nord de l'île. La route plane
longe la plage puis le sable blanc cède sa place à des petites falaises
coralliennes rongées par la mer.
Nous repartons dans la direction opposée, vers le nord. Pour visiter le trou
bleu d'Anawa, nous nous arrêtons à la maison voisine pour demander la
permission et se faire accompagné jusqu'à cette curiosité naturelle. Un trou
profond semble s'enfoncer jusqu'aux entrailles de la terre. L'eau est d'un bleu
foncé, profond et pourtant lumineux. Pour encourager les touristes à venir,
ils y ont installer des poissons perroquets multicolores qui viennent picorer à
la surface les miettes de pain qu'on leur envoie. Nous continuons.
Peu après nous grimpons le Col du Casse-Cou. Le sommet repéré par un
autel, offre une jolie vue sur les petits îlots de l'autre côté de l'atoll.
Toujours plus au nord, nous tombons sur un étrange édifice que l'on prend pour
une usine de désalinisation. Intrigués par ce bâtiment, nous nous approchons
pour en savoir plus. Des employés sur place nous révèlent qu'il s'agit de la
centrale électrique qui fournit toute l'île en énergie. Elle est composée de
4 fours dont 2 qui tournent au coprah, la noix de coco séchée. En
redescendant, nous passons au trou aux tortues qui se situe sur l'autre rive
d'Ouvéa. Puis nous arrivons à Saint Joseph, petite bourgade assoupie, au
milieu de la quelle trône une immense église coloniale. La route se termine et
une petite piste cahotante prend le relais. Elle traverse une cocoteraie qui
borde une nouvelle plage paradisiaque.
La pause baignade, pique-nique et farniente s'impose d'elle même. Nous ne
sommes pas les seuls à avoir cette idée. Les gens viennent ici en famille pour
profiter du lagon et de la douceur des alizés à l'ombre des cocotiers. A un
moment de jeunes kanaks passent devant nous, une tortue verte dans les bras. Ils
sont très contents et fiers de leur tableau de chasse, probablement utilisée
lors d'un prochain rite de la coutume comme on appelle ici les règles et
traditions ancestrales qui régissent la vie de la communauté. Plus tard, des
ailerons triangulaires percent l'horizon à plusieurs reprises. A en croire nos
voisins, les requins sont des visiteurs assidus des lieux, à tel point qu'un
site leur est dédié : la passe aux requins. Comme ils sont généralement
inoffensifs on profite encore un peu de la baignade dans cet endroit
idyllique.
On a peine à croire qu'à quelques kilomètres de là, plus au nord, s'est
déroulé un des épisodes les plus dramatiques de l'histoire moderne de la
Nouvelle Calédonie. En 1988, après avoir pris la gendarmerie d'assaut en
faisant quatre victimes, un groupe d'indépendantistes se réfugia dans une
grotte avec des otages gendarmes. Quelques jours après, une offensive militaire
pour libérer les otages fait 19 morts dans le rang des canaques. Cette
tragédie restera gravée dans l'histoire sous le nom de "le
massacre d'Ouvéa". Dans ma tête, et pour de nombreux français, Ouvéa
est indissociable de cet évènement et ne se résumait qu'à cela. 25 ans
après, assise sur le sable blanc, à contempler ce lagon merveilleux, me
remémorant les saluts chaleureux de tous les habitants jeunes et moins jeunes
que nous avons croisés, j'ai du mal à imaginer que c'est sur cette Ouvéa là
que nous sommes. Dorénavant, je raccrocherai d'autres images, plus heureuses et
pleines d'espoir à ce petit bout du Pacifique.
Il nous reste quelques heures avant le coucher du soleil alors nous décidons
de nous rendre à l'attraction principale de l'île : le pont de Mouli qui relie
l'île d'Ouvéa à sa petite soeur du sud, Mouli. L'édifice construit localement
surplombe le chenal qui sépare le lagon de la baie qui se jette ensuite dans le
Pacifique. C'est un point d'observation idéale de la faune marine qui mérite
d'y consacrer plus de temps. Alors nous continuons plus loin en nous promettant
d'y revenir le lendemain plus longtemps. Nous finissons à la pointe extrême
sud, alors que les vagues se fracassent sur les rochers au soleil couchant.
Alors que nous sommes sous le charme de l'instant présent, un requin nous passe
sous le nez en rasant les rochers. Décidément, ces bestioles aiment beaucoup
cette île. Il est vrai qu'ils évoluent souvent dans les passes dont ils
apprécient le fort courant, et ici il est gâté. Nous repartons dans la nuit
pour une interminable remontée vers notre pension.
Mardi 30 Novembre
Nous traînons sur la belle plage face à notre gîte mais nous avons aussi
hâte de retourner au Pont de Mouli pour y passer le plus de temps
possible.
Tout d'abord plantons le décor. Donc le pont relie les deux langues de
terre qui composent Ouvéa. D'un côté, le lagon étincelant qui s'étale à
l'infini, cerné ici par une jolie plage de sable blanc sur la droite et une
langue de terre qui s'avance doucement dans la mer sur la gauche.
De l'autre, une immense baie encaissée qui s'ouvre ensuite vers l'océan
Pacifique par la passe de Nouvelle Calédonie. Sur sa gauche la baie est dominée par les
incroyables falaises de Lékiny dont les flancs de calcaire gris érodés par les vents et les
marées forment des stalactites torturées. Cet endroit est sacré pour les
autochtones sur le plan spirituel et aussi sur le plan naturel car cela
constitue une zone de reproduction très importante pour le milieu marin. Le
pont de Mouli surplombe le
chenal qui relie le lagon à la baie et puis l'océan par une passe assez
profonde en son milieu. C'est un
observatoire incroyable sur la vie sous-marine qui foisonne ici. Après avoir
flâné et profité de la baignade de la partie lagon, nous passons de
longues heures à observer la surface, à l'affût du moindre signe de présence
animale.
Nous ne sommes pas déçus. En quelques heures nous identifions une tortue
marine qu'on repère à chaque remontée à la
surface lorsqu'elle vient respirer. De nombreux poissons vont et viennent, des allongés
que l'on prend pour des barracudas, ou encore d'autres tout effilés se
déplaçant à la verticale. Puis vient la séance de ballet des raies. Grâce
à la transparence cristalline de l'eau, nous pouvons voir les animaux évoluer
même dans les parties les plus sombres. Les raies se déplacent en groupe,
entre deux eaux tantôt en ligne, tantôt en triangle. Certaines de leurs
cousines privilégient la station immobile qui, alliée à leur camouflage
naturel, constitue leur meilleur atout. Soudain une masse sombre, fuselée,
énorme apparaît juste sous le pont. Les gamins qui suivent le spectacle à nos
côtés crient tout excités : il s'agit de grand requin dont la nage
caractéristique file le frisson au premier regard. Après concertation mutuelle
nous décrétons que cette silhouette fugace est celle d'un requin citron qui
doit mesurer 3 bons mètres et qu'on est bien content d'être là haut. De petits poissons
venus en banc se nourrir dans les eaux calmes du lagon se regroupent pour former
un seul bloc pour mieux se défendre contre les multiples prédateurs qui
rôdent dans les parages.
Ce lieu si particulier est aussi un passage terrestre qui occasionne son lot de rencontres
entre touristes éberlués devant un tel spectacle et locaux
amusés d'un tel étonnement. Nous achevons notre inspection des lieux en nous
invitant au bar de l'établissement de luxe situé un peu plus loin. Nous
sirotons notre verre en contemplant la vue et en nous remémorant tous ces
instants magiques vécus sur ce petit caillou de l'archipel des Loyauté.
Mercredi 1er Décembre
Notre séjour sur la fabuleuse île d'Ouvéa touche déjà à sa fin et nous
partons tôt vers le petit aéroport pour revenir sur Nouméa. Heureusement pour
nous, la grève qui semblait pointer son nez a un impact très réduit, nous
pouvons rentrer sur Grande Terre sans embûche. De nouveau, le vol dans le petit
appareil nous donne l'occasion d'admirer les magnifiques paysages et surtout la
palette de turquoise et d'émeraudes qui se déploient sur chaque lagon. Pour
une fois, je trouve la durée du vol trop courte à mon goût, nous atterrissons
une demi-heure plus tard à Nouméa. Nous avons quelques heures à tuer avant de
reprendre un vol pour notre dernière île, alors nous décidons de partir en
ville pour nous balader dans les rues et se replonger dans l'animation des
quartiers commerçants. Le rythme qui règne dans la capitale semble presque
effréné côté de la sympathique nonchalance que nous avons connue jusqu'ici
dans les îles Loyauté. On ne se lasse pas du mélange coloré des peuples qu'on
peut apprécier aussi dans l'assiette. On retrouve avec encore plus de plaisir
toutes ces influences mêlées dans la cuisine, des petites gargottes souvent
asiatiques jusqu'aux restaurants plus gastronomiques.
Après avoir flâné sur la place des Cocotiers décorées pour les fêtes de
Noël, nous reprenons le bus à la place du grand marché, en nous payant une
bonne tranche de scènes de vie colorées. L'embarquement sur le coucou qui nous
emmène à l'île des pins est aussi un grand moment d'authenticité comme les
embarquements précédents pour Lifou ou Ouvéa. La destination étant plus
touristique que ses consoeurs, beaucoup de sièges sont occupés par des
touristes chanceux comme nous.
Nous atterrissons rapidement au coeur de la petite île. Une navette vient
nous chercher. Nous descendons des collines boisées du centre vers la côte
aplanie. Nous arrivons sur les rives de l'immense baie d'Upi alors que la nuit
commence à tomber. L'accueil chaleureux dans la pension de famille allié au
joli et confortable bungalow qui nous est destiné nous fait aussitôt nous
sentir chez nous. C'est le pied à terre idéal pour partir à la découverte de
ce petit bout de terre perdu dans le Pacifique.
Jeudi 2 Décembre
Les pirogues à balancier traditionnelles auraient complètement disparu de
l'île s'il n'y avait pas d'activité touristiques pour maintenir ce savoir-faire
ancestral. Elles sont l'embarcation idéale pour l'excursion qui nous attend :
la traversée de la Baie d'Upi. La baie de Saint Joseph qui nous fait face, est
une petite baie reculée protégée par un gros îlot. Elle est reliée à sa
grande soeur la Baie d'Upi par un petit passage entre la terre ferme et ce
fameux îlot. La baie d'Pi, elle même très encaissée est protégée par la presqu'île
d'Upi qui se recourbe sur elle même comme pour enfermer la baie. Cet
enchevêtrement de baies et de lagons est le prétexte idéal pour une ballade
en pirogue.
Notre piroguier pour l'occasion s'appelle Théophile et dès le premier
contact nous savons qu'on a affaire à un sacré numéro. Nous décollons du
rivage sous un ciel trop nuageux à notre goût. Le moteur qui doit nous emmener
au milieu de la baie pour capter les brises et tirer des bords donne des signes
de faiblesse et ne s'avère pas très conciliant. Tandis que Théophile bataille
ferme avec son moteur on se fait sérieusement distancer par les autres
embarcations qui sont maintenant loin devant. Il bougonne dans sa barbe et
commence à s'énerver mais ne se départit quand même pas de sa bonne humeur.
Finalement, avant le passage, un collègue piroguier accepte de nous remorquer
car si les nuages sont là, le vent n'est pas au rendez-vous.
Quand nous débouchons sur la Baie d'Upi, nous découvrons un superbe
spectacle. D'énormes rochers gris, couverts de végétation fournie, sont
disséminés ça et là, donnant à l'ensemble comme une impression de baie d'Halong.
Au loin, les rives à la forêt dense rehaussés par la stature longiligne des
pins colonnaires, offrent leur fond de carte postale. De temps en temps, un
rayon de soleil parvient jusqu'à nous, éclairant soudainement l'eau
translucide. Instantanément les tons turquoise s'irisent à la base des gros
rochers grignotés peu à peu par l'eau salée.
Notre progression n'est apparemment pas assez rapide pour le rythme prévu de
cette mini croisière. Alors nous changeons d'embarcation et atterrissons dans
une grande et spacieuse pirogue, abandonnant à regret le pittoresque
Théophile. Arrivés au fond de la baie, nous accostons pour une longue
promenade à pied à travers la forêt. Nous marchons à travers la végétation
luxuriante tandis que les nuages disparaissent et la chaleur inévitablement
commence à monter. Une bonne heure plus tard, nous arrivons de 'autre côté de
la bande de terre, chez Régis où nous devons goûter l'une des spécialités
culinaires : le bougna. Mais ce n'est pas encore l'heure de déjeuner alors nous
poursuivons notre ballade en remontant un chenal naturel recouvert d'une
vingtaine de centimètres d'eau.
Les paysages sont magnifiques. De part et d'autres de gigantesques pins
colonnaires vert foncé forment une haie d'honneur comme pour saluer la venue
des visiteurs. De petits poissons, crabes et s'échappent sous nos pieds. Puis
nous remontons sur la terre ferme, longeons un petit sentier et débouchons sur
un magnifique décor. Nous sommes à la Piscine : une sorte de gros trou d'eau
au bleu profond entouré d'un mini lagon bordé d'une immense plage de sable
blanc elle même cernée par les pins géants. Au fond, une barrière rocheuse
arrêtent les vagues violentes de l'océan, tandis qu'un petit passage permet
aux poissons du large de venir s'aventurer dans les parages. La beauté du site
est à couper le souffle, et pourtant, ce n'est rien comparé au magnifique
spectacle qui se joue sous l'eau. L'énorme trou d'eau profond qui donne son nom
aux lieux est tapissé de multiples rochers de toutes les formes couverts de
coraux. Au fond de nombreux bénitiers filtrent inlassablement les eaux tandis
qu'une myriade de poissons frétillent de partout. Les formes et couleurs fusent
de partout et pourtant mes préférés sont de petits poissons au profil
lunaire, entièrement noir de jais avec une petite tâche d'un blanc immaculé.
Nous y resterions des heures mais le froid et la faim finissent par nous
décider à nous sortir d'ici.
Nous arrivons juste à temps au restaurant pour assister à la sortie de
notre repas cuit selon la méthode traditionnelle, dans un four constitué de
plusieurs couches de pierres brûlantes recouvertes de sable. Le bougna est une
sorte de ragoût dont les ingrédients varient poulet, langouste, crabe
accompagnés de légumes locaux taro, igname, mijotés à l'étouffée
dans de larges feuilles de bananiers. Le plat est délicieux même si le goût
fort des feuilles nous surprend un peu. Après cet excellent repas, nous ne
pouvons nous empêcher de revenir à la Piscine juste pour admirer les
lieux.
Il est déjà l'heure de partir, notre taxi du gîte nous attend. En fin de
journée, David se met en tête d'aller chercher des bières dans la bourgade
voisine. Au bout d'un moment, il revient avec ses trophées emportés de haute
lutte. Il a presque du s'acharner pour les obtenir car ce sont des denrées
presque rares. Pour lutter contre l'alcoolisme, seules les bières chaudes sont
vendables et encore pas facilement. Mais sous le manteau, on peut s'en procurer
des fraîches à condition d'être extrêmement discrets ! Nous les apprécions
donc à leur juste valeur en les sirotant gentiment tandis que le jour s'achève
sur la baie ou tout à commencé ce matin.
Vendredi 3 Décembre
La journée démarre par une énorme surprise. Alors que nous sommes en train
de prendre tranquillement notre petit-déjeuner, David reconnaît une voix
familière. Il se retourne et tout étonné, tombe sur un ami de longue date qui
fréquentait comme lui le port de Capbreton. Ils sont aussi surpris l'un que
l'autre de se revoir après tant d'années dans ce coin perdu du Pacifique. En
fait Jean Jacques s'est installé à Nouméa il y a quelques années. Comme de
nombreux citadins, il vient passer le week-end en famille sur l'île des Pins.
Mais il y a eu un contretemps de dernière minute et ils doivent se loger
ailleurs. Il a quand même le temps de nous donner de bons tuyaux sur la suite
de notre séjour et on s'empresse de les appliquer à la lettre. On se donne
rendez-vous dimanche au bateau du retour.
Nous nous sommes arrangés pour louer un scooter avec la ferme intention de
visiter l'île des Pins et découvrir ses charmes cachés, mais ils sont
tellement nombreux. Nous sommes constamment à nous arrêter pour admirer les
vues somptueuses depuis la côte. Nous remontons jusqu'au nord-ouest jusqu'au
petit village paisible de Gadji. Quelques maisons bordent une grande et superbe
baie. Nous longeons la belle plage et empruntons une petite piste de graviers.
Au bout de quelques kilomètres cahotants, nous parvenons sur une autre
magnifique plage bordée de pins colonnaires, la baie des Crabes. Puis
rebroussant chemin, nous revenons vers le sud et arrivons à la baie de Ouameo.
Un hôtel restaurant surplombe les lieux, nous en profitons pour une halte
déjeuner tout en savourant la vue.
Alors que nous retournons sur Kuto, nous nous arrêtons à un étrange
endroit : une prison en ruine précède un cimetière celui des déportés
de la Commune. Ce bagne des années 1870, accueillit aussi bien les communards
et prisonniers politiques du régime français dont Louise Michel et les
insurgés canaques de la grande révolte de 1878. L'île des Pins n'a pas eu pour
tout le monde un goût de paradis.
Un peu plus loin, nous empruntons un petit chemin de terre et nous y garons
notre scooter. Le reste se fera à pied. Nous partons escalader le point
culminant de l'île, le Pic N'Ga. La montée, par endroit escarpée, s'avère
rude sous les ardents rayons du soleil. Poussière et chaleur n'occultent en
rien la perspective du panorama que nous nous imaginons. Une croix plantée sur
un plateau intermédiaire constitue notre première halte où nous soufflons
volontiers.
Une dernière pente nous barre la route avant d'atteindre le sommet tant
attendu. Du haut de ses 262 mètres, le pic N'Ga domine toute l'île. Aussi loin
que le regard peut porter nous pouvons contempler les collines boisées qui se
jettent sur une côte joliment découpée. Nous essayons de repérer les
différentes baies que nous avons, avec bonheur, admiré de si prés. La
présence de bas-fonds sableux est facilement repérables par les teintes
turquoises des abords. Heureusement pour nous les îlots coralliens entourant l'île
sont nombreux.
On peut facilement rester des heures entières à admirer ces fantastiques
panoramas. Le décor ne cesse de se transformer à chaque changement de
lumière, à chaque déplacement de nuage. Un spectacle inoubliable que nous
essayons de graver dans notre mémoire avec le plus de détails possibles.
Il nous faut cependant quitter les lieux. La descente s'avère plus pénible
que la montée, la terre sèche se dérobant souvent sous nos pieds. La pente
assez raide par endroit nous donne à plusieurs reprises quelques frayeurs. On
se rend compte qu'on a finalement bien crapahuté à l'aller et que nos jambes
fatiguées et nos genoux malmenés ne sont pas signe d'absence de condition
physique. De nouveau juchés sur notre scooter, nous flânons avec plaisir le
long de ces superbes baies que nous avons admirés de plus haut quelques
instants auparavant. La plage de Kuto, à l'image des ses consoeurs, est
magnifique d'un bout à l'autre.
Samedi 4 Décembre
Comme on s'est levé assez tardivement, notre programme de la journée en est
allégé. Nous nous arrêtons quelques kilomètres après être partis pour
admirer les magnifiques statues de bois de Saint Maurice. Vao est très
réputée pour ses sculpteurs sur bois. Ces statues qui font face à la mer sont
un excellent moyen de se faire une idée de leurs talents et de leur art. Les
totems ont tous une signification particulière, nous nous contentons d'admirer
la créativité des artistes, le détail des sculptures, la finesse du trait et
parfois l'expression très réalistes de certains !
Poursuite de notre inspection de cette petite île qui recèle de si nombreux
trésors. On part directement au Nord pour retourner à la Piscine, on a
tellement adoré cet endroit. Nous garons notre engin et remontons de nouveaux
le chenal bordé de pins colonnaires pour déboucher sur ce site incomparable.
On s'en donne de nouveau à coeur joie dans le gros trou bleu remplis de
poissons avides de rencontres. C'est un plaisir sans fin d'évoluer dans ce
monde sous-marin si coloré et si plein de vie.
La cerise sur le gâteau, c'est qu'à deux pas de ce petit paradis, un petit
resto propose la meilleure langouste gratinée du coin. On ne peut pas passer à
côté d'une telle institution d'autant que ces délicieux crustacés sont ici
d'une taille impressionnante.
Après un tel repas, une promenade s'impose. On n'a pas à aller bien loin
pour trouver un cadre enchanteur dont on ne se lasse toujours pas. L'eau
cristalline du bord de la plage s'assombrit très vite à quelques mètres du
bord. Cela ressemble à des champs d'herbe marine et on aimerait bien découvrir
des dugong amateurs de ces friandises. Puis, les algues disparaissent et l'eau
turquoise refait son apparition. Tout au fond on aperçoit les vagues qui se
brisent sur la barrière de corail dans des gerbes d'écumes impressionnantes.
Sur notre chemin du retour, nous nous arrêtons à la grotte d'Oumagne
communément appelée grotte de la reine Hortense. La légende raconte que cette
grotte, comme il en existe beaucoup sur l'île, a servi de refuge à une reine
lors de sa disgrâce. Pour s'y rendre, on arpente un joli sentier qui s'enfonce
dans une forêt de superbes fougères arborescentes. On traverse un petit
ruisseau qui marque l'entrée de la grotte. Le sol plutôt boueux est glissant.
Peu à peu, la voûte s'abaisse, la lumière s'obscurcit, les stalactites
grandissent, la mousse tapisse les bords de la caverne de plus en plus
profonde.
Repartis au sud de l'île, nous nous installons sur la baie de Kanumera au
milieu de la quelle trône un gros cailloux couvert de buissons verts. C'est
encore l'occasion rêvée d'un bon farniente au soleil, suivi d'une ballade le long
de la plage pour se mettre en jambe et une fois de plus, une petite
plongée dans les coraux, en quête de nouvelles sensations, de nouvelles
couleurs, d'espèces de poissons qu'on n'a pas encore vus. Mais la surprise
vient d'une toute autre bestiole. Une bande de gamins s'ébattent dans la petite
crique d'a côté puis sont pris d'une agitation particulière : ils viennent de
découvrir un tricot rayé, un serpent marin habitué des lieux, qu'on semble
les seuls à craindre.
De l'autre côté de la petite péninsule, sur la plage jumelle de Kuto, un
cavalier galope sur le sable. Puis, des danseurs et des musiciens s'installent
suivis de prés par une équipe de tournage. La petite troupe entame son
spectacle et enchaîne les danses au rythme saccadé. En quelques instants, une
petite foule se rassemble pour admirer le show. On aperçoit une silhouette
connue, il s'agit du chanteur voyageur Antoine, en pleine préparation d'un de
ses récits d'aventures, probablement bientôt en vente pour Noël ! En tous cas,
nous profitons pleinement de la démonstration qui nous donne bien envie d'en
découvrir plus. Après le clap de fin, le trio des gamins danseurs se sauve
aussitôt et galope comme des dératés. Ils se font un plaisir de pauser pour
les photos à la moindre sollicitation et elles sont nombreuses !
Nous rendons notre scooter et rentrons à notre gîte à la nuit tombée.
Encore une journée intense sur l'île des Pins.
Dimanche 5 Décembre
Dernier incontournable de l'Ile des Pins, l'excursion sur le motu de Nokanhui.
Sur les conseils de notre ami retrouvé la veille, nous sommes décidés pour le
séjour bref sur cet îlot de carte postale. Le temps est plutôt maussade pour
l'instant mais nous espérons que cela s'améliorera dans la journée. Nous
embarquons dans un bateau à moteur pour nous rendre à Nokanhui. Un clapot
agite légèrement la surface de la baie. Dès que nous sortons de la baie, la
mer se forme et nous affrontons les vagues agitées en tapant de plus en plus
fort. Le trajet me parait interminable et nous sommes tellement secoués que je
commence sérieusement à regretter de m'être embarqués dans cette galère.
Heureusement l'îlot minuscule commence à émerger des flots énervés puis
nous accostons. L'atoll de rêve se résume à un monticule surmonté d'un peu
de végétation prolongé par une longue langue de sable sinueuse. Ces courbes
parfaites créent une barrière protectrice pour former d'un coté un lagon dans
le lagon. Il y a bien sûr rien à faire mis à part, tel le Robinson Crusoé
moyen, partir à la découverte de notre habitation d'un jour.
La chance est de notre côté, les nuages s'effilochent pour disparaître discrètement tandis que le soleil rayonne au maximum comme pour rattraper le
temps perdu. Très vite, sous l'effet de la réverbération de l'eau et du sable
immaculé, la chaleur se fait sentir. Nous avons l'embarras du choix pour nous
décider à quelle plage nous allons nous baigner. Par contre, pour trouver de
l'ombre c'est une tout autre histoire. D'abord ce ne sont que des arbustes
rabougris balayés par les vents du large qui peuvent offrir un abri. Le seul
problème, c'est que ce sont des endroits plutôt fréquentés et qu'il faut
souvent accepter la cohabitation avec les autochtones : les "tricots
rayés". Le seul arbre de l'atoll sert de point de ralliement pour les
visiteurs. Nous y avons installé nos affaires et nous prenons notre déjeuner
dans l'insouciance la plus totale. Forcément, nous sommes très surpris et un
peu interloqués quand on découvre un beau spécimen de tricot rayé
emberlificoté dans les nu-pieds de David et qui n'a pas l'intention de les lâcher. En fait, c'est un voisin qui nous a alerté de sa présence, nous on se
rendait compte de rien. Ce sont des animaux réputés "gentils" et
c'est vrai que pour l'instant nos différentes rencontres le confirme.
Nous nous adonnons à une dernière ballade sur les rivages. Contemplant sans
cesse l'horizon et la mer qui ne cesse de changer de couleurs puisant
l'essentiel de sa palette dans les variations de turquoise et d'émeraude. Quand
on veut se distraire, on part sur la cote couverte de cailloux et on cherche les
tricots rayés ce qui généralement ne prend pas beaucoup de temps. Pour se
rasséréner, un coup d'oeil sur les eaux translucides, et nous voila de nouveau
sous le charme de Nokanhui.
Mais il est déjà l'heure du départ. Heureusement le temps s'est calmé et
en plus nous allons dans le sens du courant. Le retour est donc beaucoup plus
agréable que l'aller. Notre séjour sur l'Ile des Pins s'achève ainsi. Le
temps de rassembler nos bagages et nous embarquons de nouveau, cette fois ci sur
un catamaran géant qui en deux heures nous ramène à Nouméa. Comme c'est
dimanche soir, l'embarquement a des allures d'exode, beaucoup de monde est venu
passé le week-end sur l'île et doit repartir travailler en ville. Echaudés par
mon expérience matinale, je prends mes précautions en avalant des cachets pour
le mal de mer et je somnole gentiment pendant le trajet de retour. Pendant
ce temps, David retrouve son ami Jean Paul qui nous invite gentiment chez lui
mardi soir en nous promettant une surprise.
A Nouméa, il fait déjà nuit quand nous débarquons. Nous rejoignons notre hôtel, devenu en quelques nuits notre quartier général dans le capitale. Nous
prenons des forces, demain, nous nous promènerons dans le sud de l'île.
Lundi 6 Décembre - Mardi 7 Décembre
Nous allons en ville pour trouver une voiture de location pour pouvoir
explorer un peu les alentours de Nouméa. Nous souhaitons visiter le musée de
la Nouvelle Calédonie mais il est fermé, alors nous partons. Malheureusement,
le temps a viré, le ciel est bas, couvert de nuages gris menaçants. Nous
commençons notre boucle par le Nord pour rejoindre la limite du Parc Naturel de
la Rivière Bleue, réputé par la beauté de sa nature intacte et les
nombreuses possibilités de randonnées. Mais nous n'avons pas assez de temps
pour le découvrir et nous nous contentons de le longer. Plus loin, alors que
nous continuons à grimper dans les montagnes, le Lac de Yaté déroule le tapis
argenté des ses eaux. Les silhouettes des arbres morts, inondés avec la
vallée lors de la création de ce lac artificiel donnent une touche sombre,
désolée, presque lugubre avec ce temps.
Nous quittons la grande route pour en prendre une plus petite qui se
transforme très vite en piste de graviers. Cela nous mène à une petite
réserve naturelle qui a pour but de présenter aux visiteurs la richesse
botanique endémique à cette terre. Entre deux averses nous nous décidons à
nous lancer dans la découverte. Nous suivons le sentier tout au long duquel des
panneaux illustrés sur la flore et son utilisation parsèment des explications.
Finalement, le chemin débouche sur les célèbres Chutes de la Madeleine. L'eau
marron, chargée en boue, révèle que les pluies ont été très fortes
dernièrement dans la montagne. Forcément, cela enlève un peu de charme au
site. Nous avons cependant de la chance car les goutte ont choisi de nous
épargner. Nous rejoignons la grande route pour repartir vers la côte. Les
élément se déchainent et de grosses averses déversent leur trop plein d'eau
régulièrement. L'exploration de la côte s'en trouve fortement amputée. Du
coup nous attaquons directement le retour de notre boucle pour arriver à Port
Boisé pour passer la nuit.
Nous espérions que le temps s'améliore pour pouvoir apprécier ce site à
sa juste valeur mais les cieux en ont décidé autrement. Nous suivons la petite
route tortueuse. Elle s'enfonce toujours au plus profond de la montagne qui nous
dévoile ses flancs rouges recouverts d'une épaisse végétation. Au loin nous
apercevons la Baie de Prony à la côte déchiquetée. Cet espace naturel
privilégié accueille chaque année les grandes baleines lors de leur
migration. Elles profitent de l'environnement riche en nourriture et des eaux
calmes pour s'y reproduire. Mais ce n'est pas la saison et de toute façon,
l'horizon est tellement bouché qu'il serait quasiment impossible de les
observer. La prochaine fois peut-être.
Un peu plus loin nous sommes très surpris de découvrir un complexe minier
d'une taille imposante perdu au milieu de ces montagnes. Sur une grande
étendue, des cabanes, de gros hangars, de drôles de machines ont conquis le
terrain rasé, nivelé et prêt à accueillir d'autres installations. Beaucoup
pensent que les répercussions de cette activité industrielle, vont être
très nuisibles sur l'écosystème fragile de la Baie de Prony plus bas. Le
lagon sera peu à peu gagné et troublé par les boues générées par les
rejets. Encore une fois, difficile confrontation entre vie économique et vie
tout court. Nous poursuivons notre chemin de temps en temps ponctué de passages
à gué. Cette fois-ci, les flots ont l'air assez tumultueux et nous ne sommes
pas avec Totoy. Nous faisons demi tour pour rejoindre la route principale et
rentrons directement sur Nouméa.
Nous nous y retrouvons assez rapidement toujours sous la pluie. Nous
renonçons à la visite du centre culturel Jean Marie Tjibaou, connu dans le
monde entier pour son architecture remarquable. La découverte de ce lieu se
déroule beaucoup à l'extérieur et avec ce temps, nous n'y pensons même pas.
Nous trainons un peu dans les magasins avant de nous rendre chez Jean Jacques
qui nous a invité à passer la soirée chez lui. Comme promis, une surprise
nous y attend : il s'agit d'une autre connaissance de David qui travaillait au
port de Capbreton. A se demander si tout le monde ne va pas finir ici !
Nous passons une excellente soirée à les écouter nous raconter leur
nouvelle vie en Nouvelle Calédonie qui a des allures de terre promise. Nous qui
sommes littéralement tombés sous le charme de ce caillou, commençons à être
sensible aux sirènes d'une éventuelle expatriation. Pour rien au monde ils ne
reprendraient leur vie d'avant et pourtant, Capbreton, c'est loin d'être le
bagne ! Pour l'instant, nous avons un voyage à poursuivre, il sera bien temps
de se poser des questions plus tard.
Mercredi 8 Décembre
Nous nous levons avant l'aurore, car nous devons nous rendre à l'aéroport
international tôt ce matin. Comme nous rendons la voiture de location sur
place, nous économisons au moins le trajet retour. Nous quittons à regret la
Nouvelle Calédonie qui pour nous a été une véritable révélation, une
surprise totale. Et déjà nous avons une seule idée en tête, revenir sur le
Caillou pour la découvrir, vraiment. D'ici là, notre prochaine destination
nous attend. La Nouvelle Zélande qu'il nous tarde aussi de découvrir et qui
aura fort à faire pour nous étonner après un tel séjour !
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