Arrivé à Ceuta
Lundi 8 Novembre
Nous sommes fin prêts pour notre expédition sur la Grande Barrière de
Corail. Le grand soleil de la veille a disparu pour laisser la place à un ciel
chargé de nuages noirs lourds de menace de pluie diluvienne. S'il ne pleut
pas, on aura bien de la chance. Parmi les multiples possibilités d'explorer
l'un des plus grands ensemble naturels de la planète nous nous sommes rabattus
sur une formule trop industrielle par rapport à nos affinités habituelles mais
il faut allier deux contraintes majeures : je ne sais pas nager et aucun d'entre
nous ne savons plonger. Du coup nous nous en remettons aux formules touristiques
bien rôdées. Bien rôdées et c'est peu dire. Dès l'embarquement sur
l'énorme catamaran, on imagine facilement comment va se dérouler la journée.
Une armada de touristes asiatiques probablement japonais et coréens prend
d'assaut le navire. Nous sommes quelques intrus occidentaux ça fait tout
bizarre.
Près de deux heures de navigation sont nécessaires pour franchir les
quelques 60 miles qui nous séparent du lieu d'appontage. La machine est bien
huilée pour faire passer le temps : un café est offert, démonstration de
sécurité, leçon de snorkelling c'est à dire de nage avec palmes, masque et tuba,
puis chaque membre de l'équipage passe auprès de chaque table, chaque groupe
de personnes pour présenter les activités de l'excursion et toutes les options
supplémentaires possibles : marcher en sur le fond en scaphandre, sous-mariner
en scooter des mers ou faire le
retour en hélicoptère.
Le ciel reste menaçant mais il semble qu'on devrait échapper à la pluie.
Nous accostons au ponton artificiel construit sur une zone réservée de la
barrière. Au beau milieu de l'océan, tout est fait pour assurer un confort
minimum au touriste avec un professionnalisme caractéristique du pays : tout
est organisé pour que chacun ait sa part du gâteau. Nous commençons notre
découverte par un tour en bateau à fond de verre. Les poissons habitués au
manège se pressent autour de l'embarcation tandis que les spectateurs
émerveillés éprouvent leurs premières sensations à la vue des fonds marins.
Nous passons ensuite à un autre engin : le semi-submersible. Grâce à lui, on
a presque l'impression de faire corps avec le milieu. Nous découvrons
coraux à corps souple ou dur de toutes les formes. Les poissons grands et
petits ne se font pas prier pour faire leur show devant les vitres épaisses. On
est parfois envahis par des bancs entiers qui repartent aussi vite qu'ils sont
arrivés. Prédateurs du grand large côtoient les habitants locaux dans
une frénésie tourbillonnante. Le temps imparti à notre courte promenade est
déjà écoulé et nous retournons sur notre ponton pour goûter aux joies du
buffet convoité par quelques 2 à 300 convives.
Enfin vient le grand moment. Dans une sorte d'immense enclos délimité par
des cordons flottants, les nageurs évoluent sous l'oeil
bienveillants des sauveteurs. Pour moi, c'est une grande première car même
équipée d'un gilet de sauvetage, le moins qu'on puisse dire, c'est que l'eau
n'est pas mon élément. En plus, il ne fait pas vraiment beau et le petit
clapot formé par le vent prend à mes yeux des tournures de vagues un peu trop
agitées et agressives. Mais bon, c'est l'occasion ou jamais.
Ajouté à tout ça, le ton insistant mais réconfortant de David finit par
faire tomber mes dernières réticences et dans un élan désespéré je me
jette à l'eau agrippé comme une sauvage à son bras. Malgré l'absence de
lumière du soleil, nous pouvons admirer des coraux et des poissons aux formes
et couleurs des plus divers. Coraux en corolle, en feuilles, en filament ou
bien en patates, anémones ondulant nonchalamment au gré des courants, petits
poissons jaunes, oranges, bleus, verts, rouges, noirs, rayés, pointillés,
zébrés, mono couleur ou mosaïque vivante, la richesse, la variété et le
foisonnement des espèces est étourdissante. Il y a aussi les mollusques et des
trucs bizarres comme des concombres de mer ou des grosses limaces. Mais ce qui
reste pour moi le plus extraordinaires ce sont ces énormes bénitiers aux
lèvres frangées d'algues fluorescentes qui respirent en resserrant et
ouvrant légèrement leur coque, dans un rythme lancinant. Sous les rayons
blafards du soleil ce sont aux qui finalement nous offrent les couleurs les plus
spectaculaires, les plus insensées : bleu vert ou marron jamais vus auparavant.
La vue n'est pas le seul sens sollicité. Je suis surprise d'entendre des sons
dont je n'aurais jamais soupçonné l'existence comme le bruit sec des assauts
répétés
des poissons perroquets qui picorent le corail. Une heure de
spectacle inoubliable qui fait désormais partie de mes souvenirs les plus
extraordinaires.
Il est déjà temps de repartir et il me faudra bien le temps du retour pour
me remettre d'autant d'émotions aussi intenses. L'équipage récupère les
accessoires, range gilets, masques et tubas. Tout est remis en ordre tandis que
tout le monde réembarque sur le catamaran. Quand le navire se détache, le
ponton est de nouveau vierge de vie humaine, prêt à accueillir demain sa
prochaine fournée de touristes avides de découvrir les merveilles de cette
barrière de corail.
Mardi 9 Novembre
Nous consacrons cette matinée au shopping en ville, achats de souvenirs et flânerie
dans ses rues et son front de mer. En quelques décennies, Cairns a
connu un développement extraordinaire. De bourgade assoupie et nonchalante elle
est passée au stade de station balnéaire fourmillante devenue seconde
destination touristique du pays. Ici tout est prévu pour attirer et retenir le
touriste. La baignade est impossible la moitié de l'année pour cause de
méduses venimeuses voire mortelle, qu'à cela ne tienne, la municipalité a construit une
immense complexe de piscines aux eaux turquoise sur l'Esplanade en front de mer.
Plusieurs bassins sont aménagés pour les sportifs, les nageurs paresseux ou
bien les bambins. Des planchas sont à disposition pour faire le traditionnel
barbecue en famille ou entre amis et la pelouse verte et moelleuse vous attend
pour une crise de farniente aigue et tout cela sans débourser un cent ce qui
est encore meilleur. Comme tout un chacun, nous en profitons au maximum avant de
reprendre la route vers le sud.
Nous découvrons un nouveau visage du Queensland très exploité pour
l'agriculture et très vert. Aux alentours de Mission Beach la forêt tropicale
reprend ses droits. Partout des panneaux de mise en garde sur la présence de
casoars, oiseau remontant à la préhistoire, fleurissent sur le bord des routes attisant notre curiosité, en vain.
Sur la plage, une jetée aménagée sert d'embarcadère pour le ferry vers de
petites îles.
La ballade est agréable et spectaculaire car de nombreuses
tortues marines viennent nager autour des pilotis de bois. Nous passons un long
moment à observer ces étranges animaux à la carapace imposante et pourtant
si gracieuse dans leur danse sous marine. De nouveau sur la route, nous traversons d'infinies étendues de cane à
sucre, ananas et bananiers. Puis nous arrêtons à Cardwell où nous nous
décidons de nous installer pour une fois relativement tôt. Le ciel est nuageux
mais la mer est belle. David et moi profitons de ce superbe cadre pour faire
notre jogging. Au cours de notre course nous avons l'heureuse surprise de
découvrir des dugongs qui nagent près de la plage avec leur petit, probablement
à la recherche d'un champ d'algues nourrissantes. Plus loin, un étrange
dispositif à une centaine de mètres du rivage nous attire l'oeil. Après
enquête il s'agit d'un piège à crocodile marin car un spécimen a été
repéré a plusieurs reprises récemment. Le reste de la soirée s'écoule
calmement dans la bourgade tranquille.
Mercredi 10 Novembre
Descente vers le sud sous le soleil et la chaleur humide. Lucinda nous offre
l'occasion d'une halte assez particulière. Cette petite ville est équipée
d'une interminable jetée de quasiment cinq kilomètres de long pour que les
bateaux puissent accoster et charger la canne à sucre. La bourgade est aussi un
lieu de ralliement pour la mise à l'eau de bateaux et barques de taille plus
modestes depuis l'embarcadère. C'est vraiment un des passe temps favoris des
australiens qu'on ne se lasse pas d'observer.
Plus loin, un petit détour sur Paluma Range NP nous permet de faire une
petite ballade pour admirer une jolie chute d'eau qui tombe en cascade sur des
bassins naturels avant de disparaître sous un vieux pont de pierre. Une halte de
tout façon bien rafraîchissante. Puis Townsville, une grande ville de 150 000
habitants nous accueille. A la fois ville portuaire, centre d'affaires agricole
et minier, l'imposante cité ne néglige pas pour autant son impact touristique
avec son complexe Reef HQ entièrement dédié à la grande barrière de corail.
Nous visitons son aquarium réputé avec sa principale attraction : la
reconstitution d'un immense récif de corail vivant où évoluent des centaines
de poissons, de raies et de requins. Une machine à vagues recrée le mécanisme
des marées et des courants. Il y a bien d'autres sujets d'intérêts et la
présentation très pédagogique a pour objectif de sensibiliser le public à ce
fabuleux environnement marin. On en prend plein les yeux, cette fois-ci sans se
mouiller.
Nous reprenons la route qui replonge rapidement dans les champs de canne à
sucre à perte de vue. Paysages monotones de culture intensives qui le restent
tout autant près de la
cote. Le ciel s'obscurcit de plus en plus mais ne nous cache aucune belles
perspectives. Le vent souffle plutôt fort, nous tentons une soirée à
l'abri sur cette côte sans âme.
Jeudi 11 Novembre
Nous roulons près de 200 kilomètres à travers la campagne fertile avant de poser nos valises à
Airlie Beach station balnéaire
branchée de taille encore modeste point de départ d'excursions vers les Whitsundays Islands. Cette
situation privilégiée attire de nombreux touristes, certains pour faire la
fête à longueur de journée d'autres pour des expéditions en voiliers dans
le magnifique archipel. En tout cas, il y en a pour tous les goûts. Une fois de
plus, les Australiens démontrent leur savoir faire en matière de complexe
touristique. Ici aussi, une superbe piscine aux eaux turquoises trône en
front de mer, entourée d'une pelouse superbe garnie ça et là de tables de
pique nique et de barbecues. Rien n'est trop beau pour convaincre le
touriste de rester encore un peu plus. Nous arpentons les rues de la petite
bourgade à la recherche d'une mini croisière dans ces îles. Après multiples
demandes de renseignements nous finissons par trouver une formule qui nous
conviendrait en durée, en programme et qui part prochainement. Mais au moment
de concrétiser, on apprend que pour toute baignade, il faut s'équiper d'une
combinaison anti-méduses sinon on doit signer une décharge. On ne plaisante
pas avec ces bestioles ici, il existe au moins deux variétés mortelles, et
d'autres juste venimeuses qui envahissent la côte tropicale la moitié de
l'année. Un petit
"détail" qu'on avait oublié, on n'a pas encore le réflexe
australien. Autant dire que ça nous calme de suite et brise du même coup notre
élan nautique. Pour se consoler, on fait un petit tour au port de plaisance
extrêmement fourni aux portes de l'archipel des Whitsundays.
On change notre fusil d'épaule et on finit par trouver une
excursion qui nous conduira dans le chapelets d'îles avec cependant quelques
haltes pour découvrir un peu. On flâne ensuite dans les rues, à profiter de la profusion de boutiques
branchées et de bars animés. On s'arrête dans un resto pour déguster une
glace et on tombe sur un français, installé ici depuis une bonne dizaine
d'années. En discutant, il nous dévoile un peu les aspects quotidiens de la
vie à l'australienne. Ses bons et mauvais côtés même s'il y en a peu. Le
plus difficile reste encore les énormes distances à parcourir dès qu'on a
besoin de quelque chose d'un peu particulier mais c'est là un moindre
mal.
Vendredi 12 Novembre
Nous nous levons assez tôt pour être prêt à temps, quand le bus va passer
nous chercher pour l'excursion nautique dans les Whitsundays, l'attraction
majeure de la région. La mécanique touristique est bien sûr parfaitement
huilée et nous arrivons rapidement à la marina de Shute Harbour pour embarquer
sur un superbe et imposant catamaran. Nous levons l'ancre et contournons l'anse
qui abrite le port. Nous nous dirigeons droit devant avec comme point de mire
l'archipel composé de 74 îles essentiellement montagneuses. La mer est belle,
le ciel complètement dégagé, le soleil éclatant, bref, la journée idéale
pour ce genre d'expédition. De part et d'autres les îles nous accompagnent sur
notre chemin, tantôt imposante par leur sommet recouvert de forêt luxuriante,
tantôt réduite à un simple caillou bordée de plage immaculée, baignant dans
des eaux parfois turquoises.
Nous évoluons dans ce dédale marin qui nous rappelle parfois les
merveilleuses îles grecques plus arides et rocailleuses. La plupart des îles
sont inhabitées et interdites au touristes. Certaines d'entre elles sont des
réserves naturelles équipées de campings rudimentaires où on peut jouer à
Robinson Crusoé. D'autres sont dédiées aux vacanciers plus adeptes du confort
et du luxe. Au bout d'une bonne heure de navigation, le capitaine nous prévient
du passage difficile qui nous attend, un étroit chenal peu profond entre
plusieurs iles où parfois règne un courant très virulent. Aujourd'hui, les
conditions sont idéales et pourtant on perçoit sans peine le remous et le vent
qui viennent d'apparaitre. Ce passage à l'air inoffensif s'avère pourtant rapidement
délicat dès
que la météo s'envenime.
Notre première étape nous donne droit à une petite virée en
semi-submersible pour admirer de nouveaux les fonds marins et ses récifs
coralliens même si la Grande Barrière de Corail se trouve à une soixantaine
de kilomètres. Nous débarquons ensuite sur une petite île où les visiteurs
peuvent s'adonner aux joies de la plongée avec palmes masques et tubas. Mais le
courant est très fort et mieux vaut être bon nageur. L'avantage c'est qu'on a
quasiment aucun risque d'être importunés par des méduses. Pour ma part, je
préfère me consacrer à une petite séance de farniente suivie d'une agréable
ballade sur la plage plus tranquille de la partie abritée de l'ilot.
Une fois que chaque groupe a goûté à la baignade à tour de rôle, nous
réintégrons le navire où le déjeuner nous attend. Pendant que nous nous
ébattions dans l'insouciance absolue, l'équipage a préparé la grande salle
pour le repas. Nous reprenons notre pérégrination parmi l'archipel, nous
délectant du magnifique spectacle. Peu après nous faisons de nouveau halte sur
une plage d'une blancheur incroyable, Whitehaven la bien nommée. Sur près de 6
kilomètres, le sable d'une blancheur si étincelante qu'on le prend de loin
pour de la neige borde l'océan. Le sable est aussi tellement fin, qu'il crisse
à chacun de nos pas nous donnant encore plus la sensation étrange de marcher
sur de la neige sous les tropiques. Dans tous les prospectus, Whitehaven est
présentée comme la plus belle plage du pays et même du monde et c'est à
peine exagéré. Mais l'histoire est trop belle et le paradis n'est pas de ce
monde. Car si on veut se baigner pour échapper à la réverbération intense de
la plage blanche, il faut enfiler cette fois-ci sa combinaison anti-méduses.
Autant dire que l'exercice s'avère plutôt sportif pour enfiler cet engin de
tissu à maille fine et nous sommes rapidement en sueur sous les rayons ardents
du soleil. En quelques instants, la plage se peuple de pantins noirs
emmaillotés des pieds à la tête de façon plus ou moins ridicule. Comme tout
le monde est logé à la même enseigne, on se sent un peu moins grotesque. On
profite à fond de la baignade car une fois sorti, on n' est pas vraiment prêts de
recommencer tout le cirque. A sa manière, c'est aussi une bonne tranche de vie
à l'Australienne.
Il est déjà temps de repartir nous entamons notre voyage de retour dans le
labyrinthe des Whitsundays pour terminer par Hamilton Island, la plus
développée de toutes les îles. Sur les collines de la ville, les villas
modernes des habitants fortunés s'agglutinent tandis que les grues fleurissent
un peu partout pour de nouvelles constructions. Une fois entrés dans le port,
c'est une véritable petite ville que nous découvrons. Au vu des bateaux et des
résidences que nous apercevons, le ticket d'entrée doit être plutôt élevé.
Cette autre facette des Whitsundays est bien différente de la beauté sauvage
et parfois intacte que nous avons brièvement découvert et ce n'est pas celle
qu'on préfère, mais il en faut pour tous les goûts. Nous quittons notre
dernière escale pour revenir sur la côte continentale en gardant toujours en
vue ce merveilleux archipel à l'horizon.
Samedi 13 Novembre
Avant de quitter Airlie, nous profitons des équipements modernes de la cité
balnéaire
pour utiliser Internet et mettre à jour le site web. La ville s'éveille peu à peu tandis que la
chaleur se fait déjà sentir. Les gens ne
sont pas très matinaux, ils doivent sûrement avoir besoin de se remettre de
leur soirée agitée de la veille. La route s'éloigne de la côte et repart
dans les terres recouvertes uniformément de canne à sucre encore et encore.
Dans les immenses étendues, hommes et machines s'agitent. Tout ce petit monde
est en effervescence pour le ramassage de la canne. Tout la région semble ne
vivre que pour et par la canne à sucre. Sur la route des panneaux rappellent
qu'il est interdit de se déplacer avec des plants de canne sans permis, de
même pour les bananiers sous peine d'amendes fortement dissuasives.
De petits trains traversent les champs gigantesques
avec de mignons wagonnets chargés du précieux butin. Nous en croisons
régulièrement, seul évènement venant interrompre notre monotonie
quotidienne. Toutes ces voies convergent vers Mackay le plus grand terminal
sucrier du monde que l'on contourne soigneusement.
Plus loin, les paysages commencent à s'assécher et les forêts d'eucalyptus
refont leur apparition. Peu à peu nous quittons le Queensland tropical et
humide avec ses élégants palmiers à queue de renard pour rejoindre le
Queensland aride et sec que nous connaissons déjà. Le bétail lui aussi fait
une percée puis devient de plus en plus fréquent jusqu'à devenir omniprésent
aux alentours de Rockampton, considérée comme la capitale du boeuf, sûrement
à juste titre.
De là nous mettons le cap sud ouest pour s'enfoncer dans les terres en enchaînant
petites routes sur petites routes de campagnes. Brusquement, le
relief s'élève, nous traversons une petite chaîne de montagne qui a connu la
ruée vers l'or puis nous plongeons de nouveau dans la campagne profonde pour
rejoindre Myella un ranch dans lequel nous allons passer les prochains jours. La
rougeur flamboyante du crépuscule nous accueille. Le repas mijote dans la marmite
suspendue sur la cuisine en plein air. Pas de doute nous sommes au bon
endroit pour expérimenter la vie des stockmen, les gardiens du bétail. Nous sommes fourbus, avec plus de 600 kilomètres dans les roues sous la
chaleur humide puis aride. Heureusement, ici on mange tôt. De toute façon, on
ne fera pas de folie ce soir car le réveil est fixé pour 5H30 demain
matin, ça ne rigole pas.
Dimanche 14 Novembre
Lever aux aurores plutôt rude mais mieux vaut être bien réveillés avant
d'enfourcher nos montures pour notre ballade matinale. Les cow-boys rassemblent
nos chevaux dans le corral. En fonction de notre expérience, on nous attribue
un cheval. Nous faisons connaissance, nous nous harnachons aussi avec notre équipement et nous
voilà partis. Nous nous
promenons à travers les terres de la ferme, une petite partie sur le millier
d'hectares de la totalité. Nous parcourons la forêt, la plaine et les champs.
Tout au long de la promenade, notre guide nous montre les plantes sauvages
souvent à usage médicinal, nous explique aussi le fonctionnement de la ferme et la cohabitation
pas toujours évidente avec la faune d'origine.
De retour au bercail, après avoir bouchonnés et douchés nos chevaux nous
adonnons au farniente et partageons notre temps entre prendre soin du petit veau
malade, le chien qui garde le bétail et les kangourous que Olive a recueillis. L'un d'entre eux est tellement jeune qu'il faut
encore le nourrir au
biberon. Puis vient la leçon de fouet. Là encore, il faut s'équiper de
lunettes de protection car mal manié, cet instrument peut s'avérer dangereux la
preuve, l'oncle a perdu un oeil lors d'un accident. Le geste n'est pas évident
mais il semble que j'ai pris le bon coup de main. Quelle sensation de s'imaginer
pouvoir rivaliser avec n'importe quel cow-boy du cru, ... enfin presque.
L'après midi se déroule dans le même rythme nonchalant, partagé entre la
recherche d'eau avec les baguettes de sourciers et le tour de la ferme certains
dans la benne du pick-up et d'autres à moto, le nouvel outil des cow-boys des
temps modernes. Peter nous raconte l'histoire de la famille. Son ancêtre comme pour
beaucoup d'autres australiens, est arrivé sur ce continent pour purger une
peine de 12 ans de bagne après avoir volé un peu de nourriture en
Angleterre pour survivre. Beaucoup de ces malheureux mourraient en voyage ou ensuite dans leur
prison. Mais lui a survécu et une fois sa peine purgée, a pu cultiver la terre
que le gouvernement de la région lui a cédé pour une bouchée de pain.
L'objectif était bien sûr de coloniser le pays à tout prix. Marié à une
servante anglaise, il fonda sa
famille et sa nouvelle vie aux antipodes. Puis un jour, le grand-père
s'installa à Myella dont une bonne partie n'était même pas défrichée et
ressemblait à la parcelle conservée intacte comme un mémorial. Un travail de titan pour transformer ce bush
sauvage en terre cultivable ou en prairie.
On apprend aussi que pendant
longtemps l'activité prédominante était l'élevage de vaches laitières. Le
lait était récolté dans chaque ferme et acheminé dans des laiteries par un
petit réseau dense de voies ferrées. La majeure partie du lait était transformé
en beurre pour exportation au Royaume Uni. Puis un jour tout ceci s'écroula.
En effet la Grande Bretagne adhère à la communauté européenne et embrasse du
même coup ses tonnes
de beurre européen. Ici ce fut une tragédie. Toutes les fermes subirent de
plein fouet cette crise. Le cours du lait s'écroula, quasiment tout le cheptel
fut abattu et remplacé par des races à viande. Depuis la région est réputée
pour la viande de boeuf.
De retour à la ferme, chacun vaque à ses occupations tandis que nous nous
torturons les méninges avec les nombreux casse-tête de la maison. Pendant
tout ce temps, Peter discute avec tout son monde et raconte de nombreuses
histoires, les évènements de la famille. En tant que Français, ils nous
signale que son père est mort dans nos tranchées pendant la première guerre
mondiale. Ca fait tellement bizarre vu d'ici.
Un dernier tour dans un autre recoin de la propriété pour admirer le soleil
couchant et nous revenons prendre notre repas, un corned beef qui mijote sur les
braises de la cuisine depuis midi. Nous avons suivi attentivement chacune de ses
étapes et sommes pressés de goûter le résultat. Car
ici, toute la cuisine se fait au bois à l'extérieur. Une cuisine simple, sans
fioriture mais généreuse, comme nos hôtes.
Lundi 15 Novembre
Après un dernier adieu à la famille de Myella, aux chevaux et aux
kangourous nous quittons le ranch heureux de cette expérience enrichissante.
Nous sillonnons la campagne et ses innombrables fermes de bétail. Puis, au fur
et à mesure que nous nous approchons de la côte, l'humidité revient, la
verdure aussi. Ici c'est de nouveau la patrie de la canne à sucre, qui doit
probablement rapporter plus que l'élevage. Qui dit canne à sucre, dit rhum, et
nous sommes très content d'arriver à Bundaberg, grosse ville très animée. On
s'embarque dans un pub en ville pour manger. Une fois de plus, on se croirait
dans un film, les occupants des lieux ayant des tronches des plus pittoresques.
Mais dans leur regard, on doit être pas mal non plus avec nos allures de
touristes moyens !
Avant de repartir de la ville il faut quand sacrifier au rituel : visiter sa
distillerie de rhum. Ca tombe bien, c'est ma boisson préférée. Nous sommes
nombreux à porter un intérêt à cette activité et la visite est parfaitement
rôdée. On est bien briffé sur les aspect sécurité. Pas de clés, d'argent
de téléphone portable ou de bijoux sur soi. Puis on est condition par une
vidéo à la gloire de la marque Bundaberg, chère aux coeurs des australiens
car c'est une boisson produite localement et ses pubs sont de vraies sagas. Puis
la visite se déroule. Le problème, c'est que les installations sont tellement
industrielles qu'on y voit pas grand chose et qu'il faut surtout s'en remettre
aux explications de notre guide. On pourrait très bien s'imaginer dans toute
autre production agro-alimentaire heureusement les subtiles odeurs qui
réussissent à s'échapper ne trompent pas. Une séance de dégustation est
offerte mais je reste sur ma soif car ils commercialisent essentiellement des
mélanges à base de rhums ambrés prêts à consommer, impossible de mettre la
main sur un rhum blanc pour ti-punch. Nous sommes à des années lumières de la
petite distillerie visitée en Guadeloupe, à mi-chemin entre l'artisanal et
l'industriel terriblement plus bruyante, odorante, impressionnante,
brinquebalante mais tellement plus sympathique et attachante. Le rhum australien
n'est pas prêt de détrôner son cousin des Antilles.
Après la dégustation raisonnable, nous roulons un peu et finissons à
Maryborough, jolie ville ancienne avec de beaux bâtiments d'époque et maisons
anciennes.
Mardi 16 Novembre
Comme à chaque ville australienne, Maryborough a pas mal de magasins
d'équipement pour la vie au plein air. Nous faisons donc un peu de shopping à
l'affût d'ustensiles pratiques et d'une cafetière à poussoir, la nôtre ayant
connu une issue fatale lors d'une maladroite séance de vaisselle à Lake Field.
On en profite aussi pour se rendre à l'organisme des réserves et parcs naturels
pour obtenir nos permis d'entrée et de camping pour Fraser Island, la plus
grande île de sable du monde.
Les formalités accomplies,nous continuons à descendre vers le sud à
travers d'immenses forêts de pins. La région est apparemment exploitée pour
son bois. Puis nous rejoignons la côte à Tin Can Bay, jolie petite station
balnéaire en bord d'estuaire de rivière. De nombreux bateaux et voiliers sont
au mouillage dans la marina. Mais ce ne sont pas les seuls occupants des lieux.
Tous les matins une troupe de dauphins vient se faire nourrir par les habitants.
Nous déjeunons sur le port très actif en contemplant les nombreux
va et vient de remorques et de bateaux.
Avant de rouler jusqu'à Inskip Point nous vérifions les horaires de la
marée. En effet pour pouvoir pénétrer sur le sol de Fraser Island par la
pointe sud, la seule option c'est de passer par la plage car il n'y a pas de
piste. On ne peut donc s'aventurer sur l'île que lorsque la mer est
suffisamment retirée. Aujourd'hui, la marée descend en fin d'après midi. On
est dans le timing. Au fur et à mesure que nous dirigeons vers l'embarcadère,
la langue de terre se rétrécit. A gauche, l'estuaire, à droite la mer et
partout dispersé dans la nature, des pêcheurs , des surfeurs , des vacanciers
installés en plein air et qui profite de la nature à l'état brut. Inskip Point
est la pointe extrême, là où la terre cède la place à l'élément marin. Un
joli panorama se déroule sous nos yeux avec des oiseaux et des pélicans
disséminés sur les bancs de sable pas du tout effarouchés par les baigneurs
présents. Deux barges font la navette entre le continent et l'île mais.
Parvenir jusque l'une d'entre elles est déjà un premier test car il n'y a plus
de route, juste du sable labouré dans tous les sens par les prédécesseurs. Il
n'est pas rare de rester planté dans ce bourbier de sable et c'est la hantise
pour l'orgueil de tout pilote qui embarque. Nous bloquons donc les moyeux
et péniblement mais sûrement embarquons sur un des ferry.
Dès qu'il largue
ses amarres nous subissons l'effet des courants qui nous déportent. J'adore ce
moment du passage. Le seul fait d'embarquer sur un ferry pour aller sur une île
me donne aussitôt l'impression de partir à l'aventure, d'aller vers de nouveau
horizons et j'attends tellement de Fraser. Cette île longue de 120 kilomètres
sur une quinzaine de large est la plus grande île de sable du monde formée par
des milliers d'années d'amoncellement de ces particules minérales. Son
territoire , entièrement classé réserve naturelle , recèle une diversité de paysage insoupçonnée et s'avère un réservoir de faune et de flore
si riche et particulier que Fraser est classé Patrimoine mondial de
l'humanité. Il y a quand même des pièges à éviter : l'absence de piste par
endroit qui oblige à tenir compte des marées, les forts courants marins qui
balayent la cote est qui empêche toute baignade et enfin la présence de dingos
réputés agressifs et potentiellement dangereux pour les enfants. Ce sont les
dingos les plus purs génétiquement parlants car à l'abri de croisement avec
des chiens domestiques. Mais bien sûr, la cohabitation avec les touristes n'est
pas toujours sans heurts, surtout quand certains de ces derniers tentent à tout
prix d'établir un contact avec un dingo en lui proposant de la nourriture
oubliant que c'est un animal sauvage. A force de cohabitation malsaine certains
dingos développent des comportements agressifs jusqu'a des fins tragiques comme
le 30 avril 2001 où un enfant de 9 ans fut victime de l'attaque de l'un d'entre
eux. On comprend mieux pourquoi, chaque visiteur reçoit une brochure
détaillée intitulée "to be dingo-aware" dans laquelle on explique
l'attitude à adopter pour respecter ces animaux, les perturber les moins
possibles dans leur environnement et bien sur éviter les risques qu'ils
représentent.
Quelques minutes après notre embarquement nous accostons sur la plage de
Fraser avec le même challenge qu'au départ : ne passe planter dans ce sol
labouré. Nous nous extirpons péniblement de la zone à risque puis roulons sur
la plage. La marée commence à descendre nous laissant un espace réduite de
circulation. Les nuages obscurcissant le ciel mais la vue est superbe lorsque les
bancs d'oiseux s'envolent à notre passage. Nous ne sommes pas seuls, ça roule
dans tous les sens, les gens profitent de la fenêtre qui leur est offerte pour
pouvoir rouler. Puis nous débouchons sur la côte orientale, la plage s'étale,
inutile dorénavant de se préoccuper des marées.
Nous nous arrêtons à notre première ballade qui nous permet
d'explorer Rainbow Gorge où les sables de toutes les couleurs se dessiner des
tableaux naturels bigarrés dans un petit périmètre. Plus loin, nous remontons
à pied Eli Creek le plus grand cours d'eau de la côte. C'est une ballade
agréable dans la végétation. Mais si l'endroit est tellement fréquenté
c'est qu'en pénétrant dans le ruisseau, celui-ci vous entraîne vers la mer.
C'est une des attractions les plus populaires de Fraser et son succès ne se
dément pas. Deux kilomètres après, une carcasse complètement
rouillée, rongée par les embruns, surgit d'entre le sable. Le paquebot,
échoué ici lors d'un cyclone en 1935 est maintenant un monument même si il n'en reste pas grand chose.
Un peu plus loin s'élèvent les Pinnacles, des falaises
érodées de sable multicolore. Le spectacle est superbe mais on se promet de
les revoir demain matin, lorsque les rayons du soleil les inondera de
lumière. Nous nous mettons ensuite en quête d'un lieu de bivouac. Ce n'est pas
évident car l'endroit est extrêmement réglementé et Fraser compte beaucoup
d'amateurs. Mais nous finissons par trouver un recoin agréable ou nous tentons
de nous mettre à l'abri de la brise du large persistante.
Mercredi 17 Novembre
Comme promis nous retournons sur nos traces pour admirer de
nouveau les falaises aux sable bariolé à la lumière chaude du matin et nous
ne le regrettons pas. Mais il nous reste encore beaucoup d'endroits à explorer,
nous repartons donc vers le nord sur l'interminable palge de Seventy Five Miles
Beach. Ce matin le ciel est bien dégagé, laissant les rayons du soleil
chauffer agréablement. L'envie de baignade commence à poindre, cela tombe bien
car nous arrivons à Champagne Pool ainsi nommée à cause des innombrables
petites bulles formées par les fortes vagues et le ressac qui se fracassent par
dessus une barre rocheuse créant ainsi une piscine naturelle digne d'un
jacuzzi.
Un peu plus loin, la plage est soudainement barrée par un promontoire
rocheux qui se hisse à quelques 150 mètres de haut. Obligation de contourner
cet obstacle par la dune ce qui permet une fois de plus de tester les superbes
aptitudes au franchissement de notre Totoy. Nous partons ensuite à l'assaut du
gros rocher. L'ascension est plutôt raide mais quel fabuleux panorama depuis le
pic. Nous pouvons à loisirs contempler les plages blondes infinies bordées
d'une mer bleu intense manifestement riche de vie marine. Vers l'intérieur
d'immenses dunes ondulent parfois entrecoupées d'une forêt dense. Nous ne nous
lassons pas d'admirer ces paysages fantastiques.
Nous quittons pourtant Indian
Head pour reprendre la piste qui s'enfonce un peu plus vers l'intérieur. Le
sable est vraiment mou et nous nous enfonçons beaucoup dans les ornières de la
piste. Les montées et descentes de dunes cernées par la végétation se
succèdent rendant la progression assez lente. Nous retrouvons ensuite la côte
à Waddy Point et dégotons une petite crique paradisiaque aux eaux calmes et
transparentes. C'est de nouveau une halte idyllique. Nous nous baignons dans le
lagon translucide pour nous rafraichir de la chaleur ambiante. Ce coin est aussi
réputé pour la pêche car au bout de la crique des rochers surplombent la mer.
Les lieux sont déjà occupés par des pêcheurs mais David se trouve
facilement une petite place à partir de laquelle il peut s'adonner à un
de ses passe-temps favoris. Pendant ce temps, je continue la visite et découvre
des falaises rocailleuses merveilleuses entourant de leur écrin de roches ocres,
rouges et violet une nouvelle crique sur laquelle les vagues se déchainent. Le
point de vue superbe nous permet d'admirer une fois de plus de belles tortues
marines témoignage vivant de la vigueur de la faune marine dans ces lieux.
Après la pause pique-nique, nous traversons l'île dans sa largeur pour
découvrir Watunga Creek, l'estuaire d'un cours d'eau qui se vide avec la
marée. Les eaux translucides invitent à la ballade semi aquatique. Mais les
distances sont trompeuses et nous finissons par faire demi-tour au bout d'un
long moment sans être parvenus à la rive opposée. Il est impossible de
circuler sur les plages occidentales de cette partie de l'île à cause de
sables mouvants dangereux. Nous revenons donc à Waddy Point en espérant que la
marée nous soit favorable. Sur place la mer est suffisamment retirée mais
Serge et Jacky préfèrent en rester là. Pour notre part, nous souhaitons
continuer vers le nord, sur la partie moins fréquentée de l'île car le
risque d'être coincée par la marée est plus important. Le ciel se couvre à
vue d'oeil et nous entamons notre montée
La végétation change, il n'y a plus
d'arbres mais quelques buissons rabougris parmi les herbes rases. Nous roulons
sur la bande étroite découverte par la marée sur Orchid Beach. Puis
surgissent South Ngkala Rock et plus loin leurs frères North Ngkala Rocks. Nous
évitons les rocheux facilement mais le piège peut facilement se refermer sir
les marées ne sont pas bonnes et si on s'embourbe. Puis nous atteignons Sandy
Cape le bout du monde de Fraser. Le vent balaie avec force les paysages
désolés et pourtant un pêcheur est là avec son chien, comme un gardien du
territoire. Nous suivons la courbe de la plage qui revient en arrière mais
cette fois-ci en obliquant vers l'ouest.
Nous espérons rejoindre le phare pour
le visiter. Mais la marée gagne de la place, le sable est de plus en plus mou
et il n'y a aucune possibilité de repli. Finalement nous renonçons et faisons
demi-tour. Le vent forcit, le ciel d'un noir menaçant semble vouloir se
confondre avec la mer grise. Nous avançons dans ce paysage dantesque longeant
au plus près les dunes blondes, la mer venant de plus en plus souvent lécher
les pneus de Totoy. Nous parvenons enfin à la portion la plus large du cap un
peu soulagés quand même. Dans la zone autorisée nous finissons par trouver un
bivouac à l'abri des tamaris secoués par les rafales de vent de plus en plus
fortes. Nous tentons d'allumer un feu pour faire cuire notre pitance et pour
nous réchauffer. David tente de s'installer pour pêcher mais le vent trop fort
ramène systématiquement l'appât sur le rivage. Des voisins sympas ont pitié
de nous et nous offre l'hospitalité de leur bivouac plus élaboré et plus
abrité. Nous déclinons gentiment leur offre après avoir admiré
l'installation impressionnante du "cockpit" de leur véhicule taillé
pour l'exploration de ce continent.
Jeudi 18 Novembre
David se lève très tôt pour faire une tentative de pêche en attendant que la
marée nous convienne. En fait la marée étant basse à 5H30, nous devons
partir maximum une heure après. Nous quittons donc ce bout du monde vers 6H
pour refaire le chemin inverse. Ce coup-ci le contournement des rochers de
Ngkala nous pose plus de problèmes et on se plante dans la montée qui par ce
côté là est bien plus raide. On a beau mettre les plaques, ça ne marche pas.
Comme on ne peut pas se permettre de perdre trop de temps, on se résout à
dégonfler les pneus. Solution efficace à coup sûr. Quelques gouttes
commencent à tomber, le temps semble vouloir se gâter. Nous retrouvons les
parents de David avec qui nous prenons un petit déjeuner réparateur.
Nous repartons ensuite, toujours par la plage, jusqu'à Happy Valley. Village
à vocation résidentielle, dont l'implantation semble difficilement compatible
avec la vocation de réserve naturelle de l'île. Pour que tout le monde puisse
circuler plus facilement dans le village aux belles maisons d'architecte, les
pistes sont recouvertes de lattes de bois. Nous empruntons une piste intérieure
de plus en plus ensablée qui doit nous mener aux différents lacs qui
parsèment le territoire. Dès que nous nous retrouvons à l'intérieur de l
île,
les paysages changent radicalement. De façon assez surprenante, les dunes se
recouvrent d'une forêt dense, avec de grands arbres et de beaux eucalyptus.
Pendant longtemps, Fraser a été exploitée pour son sable et sa forêt, on
comprend facilement pourquoi.
Le lac de Garawongera est le plus proche d'Happy Valley et offre déjà de
beaux points de vue. Un peu plus loin, le lac Wabby et ses eaux émeraudes,
tente de résister à'avancée de l'imposante dune blonde qui gagne
inexorablement du terrain, tandis que la forêt d'eucalyptus forme un écrin de
pour ce précieux trésor. Quant au lac MacKenzie, il justifie à lui seul la
visite de Fraser. Lorsqu'on arrive sur les lieux, on pense être victime d'un
mirage. Cernée par des plages d'un sable blanc immaculé, cette étendue d'eau
turquoise d'une clarté et d'une limpidité incomparable, donne l'illusion d'un
lagon transposé au coeur de la forêt. Bien sûr, nous ne sommes pas les seuls
à vouloir profiter de ce joyau, mais ce n'est pas non plus la cohue. Une petite
baignade est le minimum que l'on puisse faire pour rendre hommage à ce joyau de
la nature. C'est aussi l'endroit idéal pour faire une halte pique-nique. Nous
poursuivons ensuite la route qui nous emmène à la forêt des arbres géants.
Incroyable de voir des arbres d'une hauteur gigantesque sur des dunes de
sable.
Vient ensuite le lac Birrabeen lui aussi d'un turquoise étincelant, mais
bien plus sauvage que MacKenzie. C'est pourquoi les habitués le préfèrent à
ce dernier. Le lac Boomanjin représente la frontière avec le grand marécage
qui suit. Une fois de plus la végétation a complètement changé. Nous
terminons notre excursion sur la côte, où nous empruntons de nouveau la plage
pour rouler. Nous croisons furtivement un dingo qui rôde autour des poubelles
à la recherche d'une nourriture facile. Nous terminons là notre exploration de
l'île et repartons fissa vers la pointe sud pour repartir sur le continent.
Nous arrivons limite à la pointe car la marée est encore un peu trop haute et
les derniers kilomètres nous devons slalomer entre les arbres morts, quelques
roches sur l plage e le terrain sablonneux au dessus. Total des courses nous
parvenons de justesse à embarquer sur le ferry qui s'en va. Heureusement
c'était le dernier de la journée. Les nuages sont de nouveau de retour. Quelle
chance nous avons eu d'avoir le soleil avec nous pour découvrir ce trésor de
Fraser Island, un moment littéralement merveilleux.
La bourgade la plus proche est Rainbow Beach. Nous y faisons toutes les
courses de ravitaillement et les pleins pour être prêts à repartir dès
demain, toujours en fonction des marées.
Vendredi 19 Novembre
Encore une fois, nous devons partir tôt, la nature imposant ses conditions.
Avant notre départ définitif, nous allons à la station service pour obtenir
des indications précises sur notre futur parcours. Mieux vaut bien écouter car
l'expédition peut tourner facilement à la catastrophe. De nombreuses photos
sont là pour témoigner de ces échecs cuisants : depuis autant d'années de
nombreux véhicules ont fini leur aventure échoués puis emportés par la mer
ou fracassés contre les rochers. On espère qu'on ne viendra pas s'ajouter à
la collection !
La marée basse était il y a une heure, nous n'avons pas une minute à
perdre et devons partir sur le champ. Facile à dire, moins facile à faire, on
n'arrive même pas à trouver la route qui nous permet l'accès à la plage. Ca
commence fort ! Finalement, après avoir un peu tourné en rond, on se retrouve
enfin sur la plage, l'aventure peut commencer. De suite, on attaque par le gros
morceaux, la barrière rocheuse qui entrave la plage. On passe cette zone
limite, la marée ne laissant plus beaucoup de place pour les voitures. Puis
nous débouchons sur la superbe baie avec ses falaises de sables multicolores
qui donnent son nom à la petite ville. On coupe par l'intérieur puis on
retrouve l'immense plage qui s'étend sur des dizaines de kilomètres.
L'étendue de la plage autorise des marges de manoeuvre plus tolérantes et on
peut savourer pleinement cette sensation de liberté. Partout, à chaque zone de
camping autorisé, des familles entières, des groupes de copains ou des bandes
de pêcheurs ou de surfeurs sont installés en pleine nature en totale autarcie.
Les Australiens sont vraiment des adeptes de la vie au grand air.
Au bout d'environs cinquante kilomètres de ce régime iodé du grand large,
la plage débouche sur un magnifique estuaire. Une colonie de pélicans nous
accueille tandis que de l'autre côté les vacanciers s'ébattent sur les rives.
Certains courageux tentent la traversée à la nage. Nous retrouvons la
civilisation après avoir pris une barge qui fait la navette avec le côté
touristique . Aussitôt, on plonge au coeur d'une ville balnéaire très animée
avec embouteillage et boutiques branchées. Autant dire que cela surprend
beaucoup après ses kilomètres de plages sauvages. Malgré une fréquentation
élevée, la cité de Cooloola-Noosa garde quand même une atmosphère agréable
et cool comme le suggère si bien son patronyme. Niché entre l'estuaire et les
collines, le centre ville est manifestement l'endroit où il faut se montrer
entre les voitures de luxe et les boutiques de mode. Très vite, le nature
reprend le dessus avec la ville qui se prolonge par un très joli parc qui offre de
nombreuses possibilités de ballade.
Nous optons pour une promenade sur un
chemin côtier qui commence par le superbe Laguna Lookout et son magnifique
point de vue panoramique sur l'estuaire et la côte. Nous arpentons le sentier
aménagé qui traverse une jolie forêt de pandanus en surplombant la côte. Les
vues sur les plages rocheuses s'enchainent avec son lot de scènes
estivales. Les parasols sont déployés, les enfants jouent, les déferlantes
s'abattent sur le rivage par série, les surfeurs tentent leur chance, le
tableau de vacances idéal.
Nous quittons cet agréable station balnéaire pour reprendre la route vers
le sud que nous devons rejoindre bientôt. Nous passons à côté de Brisbane
dont nous apercevons au loin les hautes tours. La circulation s'intensifie au
fur et à mesure que nous nous approchons de la Gold Coast, l'endroit le plus
touristique du pays. On en prend très vite la mesure. Ce n'est qu'une
succession sans âmes d'hôtels de luxe, de motels bon marchés, de buildings
résidentiels, de centre commerciaux et de parcs d'attractions, la parfaite
incarnation du tourisme de masse. Dire que cinquante ans auparavant, c'était
probablement aussi tranquille et naturel que la Coolola Coast. Mais les
promoteurs asiatiques sont passés par là, en une décennie ils ont à jamais
bouleversé le paysage côtier, l'économie locale, l'urbanisation, transformant
les lieux en paradis pour les amateurs de plage, de surf, de soleil, de fêtes,
... et de foule. Nous nous sentons un peu perdus dans ce nouvel environnement
que nous sommes loin d'apprécier. On s'arrête à Burleigh Head, tout heureux
d'avoir enfin trouvé un camping pas trop cerné par les buildings.
Samedi 20 Novembre
On est peut-être sur la Gold Coast mais le soleil n'est pas au rendez-vous trop
occupé à jouer à cache-cache avec les nuages plutôt menaçants. Heureusement
pour nous, il semble gagner la partie quand nous arrivons à Byron Bay, la
Mecque du surf. Ancien petit port baleinier, Cape Byron est désormais une des
stations balnéaires les plus courues de la côte Est.
Nous découvrons les
superbes plages qui font la réputation des lieux pour finir par l'exploration
du Cape Byron, promontoire rocheux doté d'un des phares les plus puissants de
l'hémisphère Sud. Une agréable promenade permet d'admirer la côte sous
tous les angles. A gauche, une magnifique baie déroule ses rouleaux à la nuée
de surfeurs avides de sensations.
En y regardant de plus prés on découvre avec
surprise un petit banc de dauphins qui s'immisce parmi les surfeurs, phénomène
relativement courant ici. La côte est très fréquentée par les mammifères
marins, notamment par les baleines à bosse qui longent la côte lors de leur
migration bi-annuelle. Nous scrutons l'horizon à la recherche d'une éventuelle
retardataire. Notre voeu est exaucé. Dans un splash gigantesque, une baleine
immense entame son ballet. Nous la suivons pendant quelques minutes,
émerveillés par les gerbes d'écume géantes que la baleine crée à chacun de
ses sauts. Puis elle disparait aussi insaisissable qu'elle nous est apparue.
Quel évènement cela doit être lors des grandes migrations ! Le spectacle
n'est pas uniquement dans la mer, de nombreux parapentes colorés évoluent dans
le ciel pour admirer d'encore plus haut tous ces paysages magnifiques. Pour
finir, nous atteignons le point le plus à l'Est de l'Australie sur l'un des
caps du promontoire rocheux. Décidément, Byron Bay recèle bien des
trésors.
Le ciel s'est de nouveau obscurcit, le vent s'est levé, on n'a pas tellement
l'impression d'être en été. Nous poursuivons notre route, qui ne s'avère pas
particulièrement attractives. Nous avons pénétré dans l'état des Nouvelles
Galles du Sud, la partie de l'Australie qui ressemble le plus à l'Europe, en
tout cas, dans son mode de vie. Le reste de la journée s'écoule sur la route
jusqu'à ce que la pluie devienne de plus en plus drue. Nous nous
arrêtons pour la nuit à Nambucca Head qui doit sûrement être une jolie
petite ville côtière mais le temps très maussade ne nous permet pas
d'apprécier ses charmes.
Dimanche 21 Novembre
Aujourd'hui, ce ne sera qu'une étape de transition car nous avons beaucoup
à faire à Sydney et on en est encore très loin, à plus de 500 kilomètres.
De toute façon, la Pacific Highway, n'offre pas beaucoup de sites dignes
d'intérêts. Il faudrait qu'on sorte des sentiers battus pour profiter des
coins de nature préservés qu'offre parfois la côte mais nous n'avons plus de
temps pour cela. Nous faisons cependant une halte à Forster, réputé pour ses
fruits de mer, crustacés et ses huitres. Pour se restaurer, on choisit une
espèce de coopérative de pêcheurs qui délivre aussi des repas façon 'fish
and chips" sur le port, au milieu des pélicans.
Après cette halte maritime, nous reprenons notre route. Plus on se rapproche
de la capitale de la Nouvelle Galles du Sud, plus l'urbanisation se fait sentir
et le trafic s'amplifie. La conduite a changé aussi. Nous n'avons plus affaire
à des chauffeurs cool, tranquilles et respectueux mais de plus en plus à des
automobilistes stressés rompus à l'art du slalom entre les files de voitures
et à la conduite à l'européenne. Sous les nuages menaçants, nous roulons,
roulons et roulons encore jusqu'à finalement tomber sur un bouchon à une
soixantaine de kilomètres de la ville. Nous avançons pare-chocs contre
pare-chocs, nous ne sommes pas au bout de nos peines. A un moment, un
automobiliste intrigué par notre plaque étrangère nous interpelle pour savoir
d'où on vient et l'itinéraire que nous avons réalisé dans le
pays. Peu à peu, nous pénétrons dans le ville. On passe des
banlieues peuplées aux faubourgs cossus et leurs maisons victorienne, puis la
City et ses buildings élancés. A notre grand regret, nous ne passons pas sur
le célèbre Harbour Bridge mais dans un tunnel. Nous ne sommes plus habitués
à la frénésie du trafic dans une mégalopole de plus de 4 millions
d'habitants. On a du mal à se retrouver dans toutes les routes possible.
Heureusement, nous allons à l'aéroport pour glaner des renseignements
pratiques et c'est une direction facile à trouver.
Nous arrivons enfin, trouvons un camping pas loin puis nous allons au bureau
des douanes pour faire prolonger notre carnet de passage en douane, le passeport
de notre Totoy, qui arrive à expiration dans quelques semaines. Pendant un laps
de temps, un employé nous fait miroiter l'espoir de tamponner notre document.
Mais quand on revient de la voiture avec le fameux document ce dernier réalise
qu'il ne peut pas le faire car la "marchandise" n'a pas transité par
un aéroport. En revanche, il nous indique l'établissement qui devrait pouvoir
satisfaire notre demande.
Nous partons sur notre camping, pas facile à trouver et qui ne paye pas de
mine. Mais ça fera amplement l'affaire pour une nuit. Demain une dure journée
de paperasserie administrative nous attend.
Lundi 22 Novembre
Nous laissons Serge et Jacky profiter des attraits touristiques de Sydney
pour leur dernière journée en Australie. Quant à nous, nous allons découvrir
la ville sous un autre angle pour la préparation de la suite de notre périple.
Notre priorité pour l'instant c'est de prolonger notre carnet en douane pour
ensuite pouvoir renouveler notre assurance pour circuler en Australie.
Nous trouvons le fameux bâtiment des douanes et prenons un numéro. Quand
notre tour arrive, on s'entend dire qu'on n'a pas attendu au bon guichet et
qu'il faut prendre un autre numéro. Ca commence fort. Puis on arrive au bon
guichet. J'explique notre situation et à la tête que fait mon interlocuteur,
je me rends vite compte que ça ne lui dit rien du tout. Il commence alors à
nous expliquer qu'on ne peut pas faire tamponner notre document de douane ici
mais qu'on doit le faire à notre point d'entrée dans le pays c'est à dire
Perth et il n'en démords pas !!! Nous n'en croyons pas nos oreilles. Au bout de
multiples tergiversations, on convainc notre douanier de faire intervenir un de
ses supérieurs qu'on espère plus compétents. Finalement, un bon nombre de
fonctionnaires défilent et après des coups de fils de vérification de nos
propos, ils acceptent enfin d'apposer les 2 précieux coups de tampons
nécessaires. Ouf, première étape franchie.
Nous nous renseignons ensuite pour aller au centre technique qui délivre les
assurances. A l'atelier, on nous renvoie vers le centre administratif car on n'a
pas d'ordre administratif. Rebelote, on se rend dans le beau bâtiment moderne
d'à côté et on prend un numéro. Dans la salle d'attente, nous ne sommes pas
les plus stressés, en effet, les candidats au permis de conduire sont appelés
pour leur examen et si c'est positif on leur délivre leur carte de permis de
conduire en suivant. Notre tour arrive et je débite mon discours. Cette
fois-ci, la dame n'a pas l'air perdue et me donne la marche à suivre. Nous
devons refaire un contrôle technique car celui effectué en Australie de
l'Ouest n'est pas reconnu ici, vive le fédéralisme. Mais n'importe quel garage
proposant un "Pink Slip" peut faire ça. Nous voilà maintenant en
quête d'un garage automobile. Nous en trouvons un mais il refuse, le second
aussi trop débordé. Finalement, on se retrouve à tourner en rond dans la
ville en quête de garage. On en trouve tellement difficilement qu'on a
l'impression qu'ils se cachent. Nous découvrons aussi avec étonnement que les
garages ressemblent plus à un boui-boui qu'à un bel atelier moderne de
réparation automobile. Quand on en trouve un, s'il veut bien nous faire le
contrôle dans la journée, il ne veut pas prendre le risque de le faire sur un
véhicule qui à la conduite à gauche. On commence sérieusement à tourner en
bourrique. Puis dans une banlieue grise et sordide, on finit par trouver un
mécanicien d'origine grecque qui accepte de faire le boulot, on a juste à
attendre deux heures. On attend comme on peut, pour obtenir notre fameux "pink
slip". Nous ne sommes pas sûr qu'il y ait eu un véritable contrôle mais
peu importe on peut retourner au centre administratif où on obtient facilement
notre prolongation d'assurance.
Maintenant, nous pouvons chercher des billets d'avions pour explorer un peu
plus le Pacifique le mois prochain. Nous laissons la voiture à l'hôtel pour
cette fois-ci circuler par le métro. Grâce aux Jeux Olympiques qui se sont
déroulés ici an l'an 2000, une ligne reliant le centre à l'aéroport a été
créée. Elle est flambant neuve et chère, c'est une ligne privée. Mais bon,
elle a le mérite d'exister ! Nous descendons au coeur de la cité et nous ruons
dans la première agence de voyage que nous croisons. Là encore, c'est plus
compliqué que prévu car les avions pour nos destinations sont souvent pleins
ou beaucoup trop chers. Finalement, nous trouvons un bon compromis, nous
passerons deux semaines en Nouvelle Calédonie puis les deux suivantes en
Nouvelle Zélande pour revenir le 24 décembre à Sydney et accueillir nos amis
Bernard et Marie qui nous rejoindront le matin de Noel, quel timing ! Etape
suivante, chercher un logement pour les 3 jours à Noel que nous passerons en
ville avec nos amis. C'est bien sûr une période chargée et donc les prix
grimpent très vite. Nous espérons trouver notre bonheur en nous rendant au
centre d'informations touristiques sur les quais. On voit de suite que la ville
n'a pas besoin de faire d'efforts pour attirer les touristes, l'accueil est
même pas aimable et le service réduit au strict minimum. Fini la serviabilité
et l'hospitalité chaleureuse de l'Australie déserte. Nous relevons quelques
prix et adresses et rejoignons Serge et Jacky pour enfin souffler et prendre
l'apéritif après une journée aussi rude mais heureusement productive.
Circular Quay est l'endroit idéal pour s'installer siroter un verre en
terrasse. Tout Sydney passe par ici : les ferries qui font la navette sur la
baie de Sydney, les bus et le métro, le centre étant à deux pas. Il y règne
une animation parfois frénétique avec quand même une pincée de rêve et
d'exotisme grâce au va et vient des jolis remorqueurs transformés en
ferry. Et bien sûr, quand on se promène sur les quais, on peut admirer
les plus célèbres monuments de Sydney, l'imposant Harbour Bridge et
l'inoubliable Opera House. Nous enchainons ensuite avec un repas croisière dans
la baie de Sydney. Bien qu'un peu isolé parmi une assemblée de touristes
majoritairement asiatiques, nous admirons sous un nouvel angle les beautés de
la ville. Je ne suis pas particulièrement sensible au charme citadin, rarement
amatrice de l'architecture moderne mais de nuit, le spectacle est saisissant.
Toute la ville est illuminée par les lumières des grandes tours, un peu comme
un puzzle géant composé d'une myriade d'éclairages de bureaux. Pour moi,
c'est vraiment la nuit qu'une ville moderne révèle sa magie aux heureux
spectateurs de ce magique spectacle. Ce moment si spécial l'est d'autant plus
que c'est notre dernière soirée
avec les parents de David qui nous quittent demain pour retourner en
France. Mais cette fois-ci nous n'aurons pas long à attendre avant les
prochaines retrouvailles car le chemin du retour se profile déjà à l'horizon.
Mardi 23 Novembre - Mercredi 24 Novembre
Nous passons ces deux dernières journées sur un rythme tellement échevelé
que nous n'avons même pas le temps d'accompagner Serge et Jacky à l'aéroport.
En un peu plus de 24 heures nous devons récupérer nos billets d'avions trouver
un logement sympas pour nous et nos amis au centre de la ville pour Noel et
trouver un garage où Totoy pourra se reposer après une révision bien
méritée. Nous courrons dans tous les sens, parcourant la ville de long en
large, empruntant le métro, le bus et la voiture. Nous atterrissons dans un
autre camping dans la banlieue sur la côte sur Paradise Beach mais nous n'avons
pas du tout le temps d'en profiter. Nous devons préparer nos sacs à dos
pour un mois sans aucune affaire de propre. Contrastant avec le standing
des lieux, notre coin est un vrai capharnaum car nous avons vidé quasiment la
totalité de la voiture et tout déballé par terre à trier ce qu'on peut
garder de ce qu'on doit jeter ou de ce qu'on peut amener. Du coup nous terminons
la soirée en beauté à enchainer les lessives et les séchages jusque tard
dans la nuit.
Finalement nous nous retrouvons mercredi matin fin prêt à un détail prêt,
nous n'avons toujours pas trouvé d'endroit pour laisser notre Totoy. Nous
tentons notre dernière chance en rappelant un garage déjà contacté la veille
qui peut nous dépanner au maximum pour 2 semaines. Nous tentons le tout pour le
tout et décidons de nous y pointer au culot en espérant trouver une âme
charitable qui aura pitié de nous. Sur place, nous faisons un peu figure
d'ovnis avec notre allure un peu bizarre et notre histoire peu courante. Après
pas mal de discussions, nous finissons par avoir l'accord du gérant. Nous
sommes tout heureux de pouvoir laisser Totoy entre deux bonnes mains.
Décidément, la partie sera serrée jusqu'au bout car, pour le retour, le
garage ferme le 24 à midi pour 10 jours de vacances alors que notre avion est
censé atterrir le même jour vers 10H. On fera notre possible pour être là
avant la fermeture mais par précaution, nous nous arrangeons pour ne pas rester
coincé au cas où on arriverait trop tard. Soulagés par cet ultime
rebondissement de dernière minute, nous traversons d'un pas vif, le
centre-ville de cette banlieue à la recherche de la gare, chargés de nos
sacs à dos, la tête pleine de rêves de notre prochaine destination : de
véritables vacances en Nouvelle Calédonie !
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