>> 2 Janvier 2004Un voyage au long cours à travers l'Afrique, l'Australie et l'Océanie << 31 Janvier 2005
 

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Journal de KapSud en Australie côte Est
Auteur kapsud
Source KapSud
Publication du 12/12/2005 pour Internet
Modifi� le 28/07/16
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Arrivé à Ceuta

 

Lundi 8 Novembre

Nous sommes fin prêts pour notre expédition sur la Grande Barrière de Corail. Le grand soleil de la veille a disparu pour laisser la place à un ciel chargé de nuages noirs lourds de menace de pluie diluvienne. S'il ne pleut pas, on aura bien de la chance. Parmi les multiples possibilités d'explorer l'un des plus grands ensemble naturels de la planète nous nous sommes rabattus sur une formule trop industrielle par rapport à nos affinités habituelles mais il faut allier deux contraintes majeures : je ne sais pas nager et aucun d'entre nous ne savons plonger. Du coup nous nous en remettons aux formules touristiques bien rôdées. Bien rôdées et c'est peu dire. Dès l'embarquement sur l'énorme catamaran, on imagine facilement comment va se dérouler la journée. Une armada de touristes asiatiques probablement japonais et coréens prend d'assaut le navire. Nous sommes quelques intrus occidentaux ça fait tout bizarre. 

Près de deux heures de navigation sont nécessaires pour franchir les quelques 60 miles qui nous séparent du lieu d'appontage. La machine est bien huilée pour faire passer le temps : un café est offert, démonstration de sécurité, leçon de snorkelling c'est à dire de nage avec palmes, masque et tuba, puis chaque membre de l'équipage passe auprès de chaque table, chaque groupe de personnes pour présenter les activités de l'excursion et toutes les options supplémentaires possibles : marcher en sur le fond en scaphandre, sous-mariner en scooter des mers ou faire le retour en hélicoptère.

 

 

Le ciel reste menaçant mais il semble qu'on devrait échapper à la pluie. Nous accostons au ponton artificiel construit sur une zone réservée de la barrière. Au beau milieu de l'océan, tout est fait pour assurer un confort minimum au touriste avec un professionnalisme caractéristique du pays : tout est organisé pour que chacun ait sa part du gâteau. Nous commençons notre découverte par un tour en bateau à fond de verre. Les poissons habitués au manège se pressent autour de l'embarcation tandis que les spectateurs émerveillés éprouvent leurs premières sensations à la vue des fonds marins. 

 

              

 

Nous passons ensuite à un autre engin : le semi-submersible. Grâce à lui, on a presque l'impression de faire corps avec le milieu. Nous découvrons coraux à corps souple ou dur de toutes les formes. Les poissons grands et petits ne se font pas prier pour faire leur show devant les vitres épaisses. On est parfois envahis par des bancs entiers qui repartent aussi vite qu'ils sont arrivés. Prédateurs du grand large côtoient les habitants locaux dans une frénésie tourbillonnante. Le temps imparti à notre courte promenade est déjà écoulé et nous retournons sur notre ponton pour goûter aux joies du buffet convoité par quelques 2 à 300 convives. 

Enfin vient le grand moment. Dans une sorte d'immense enclos délimité par des  cordons flottants, les nageurs évoluent  sous l'oeil bienveillants des sauveteurs. Pour moi, c'est une grande première car même équipée d'un gilet de sauvetage, le moins qu'on puisse dire, c'est que l'eau n'est pas mon élément. En plus, il ne fait pas vraiment beau et le petit clapot formé par le vent prend à mes yeux des tournures de vagues un peu trop agitées et agressives. Mais bon, c'est l'occasion ou jamais. Ajouté à tout ça, le ton insistant mais réconfortant de David finit par faire tomber mes dernières réticences et dans un élan désespéré je me jette à l'eau agrippé comme une sauvage à son bras. Malgré l'absence de lumière du soleil, nous pouvons admirer des coraux et des poissons aux formes et couleurs des plus divers. Coraux en corolle, en feuilles, en filament ou bien en patates, anémones ondulant nonchalamment au gré des courants, petits poissons jaunes, oranges, bleus, verts, rouges, noirs, rayés, pointillés, zébrés, mono couleur ou mosaïque vivante, la richesse, la variété et le foisonnement des espèces est étourdissante. Il y a aussi les mollusques et des trucs bizarres comme des concombres de mer ou des grosses limaces. Mais ce qui reste pour moi le plus extraordinaires ce sont ces énormes bénitiers aux lèvres  frangées d'algues fluorescentes qui respirent en resserrant et ouvrant légèrement leur coque, dans un rythme lancinant. Sous les rayons blafards du soleil ce sont aux qui finalement nous offrent les couleurs les plus spectaculaires, les plus insensées : bleu vert ou marron jamais vus auparavant. La vue n'est pas le seul sens sollicité. Je suis surprise d'entendre des sons dont je n'aurais jamais soupçonné l'existence comme le bruit sec des assauts répétés des poissons perroquets qui picorent le corail. Une heure de spectacle inoubliable qui fait désormais partie de mes souvenirs les plus extraordinaires.

Il est déjà temps de repartir et il me faudra bien le temps du retour pour me remettre d'autant d'émotions aussi intenses. L'équipage récupère les accessoires, range gilets, masques et tubas. Tout est remis en ordre tandis que tout le monde réembarque sur le catamaran. Quand le navire se détache, le ponton est de nouveau vierge de vie humaine, prêt à accueillir demain sa prochaine fournée de touristes avides de découvrir les merveilles de cette barrière de corail. 

 

Mardi 9 Novembre


Nous consacrons cette matinée au shopping en ville, achats de souvenirs et flânerie dans ses rues et son front de mer. En quelques décennies, Cairns a connu un développement extraordinaire. De bourgade assoupie et nonchalante elle est passée au stade de station balnéaire fourmillante devenue seconde destination touristique du pays. Ici tout est prévu pour attirer et retenir le touriste. La baignade est impossible la moitié de l'année pour cause de méduses venimeuses voire mortelle, qu'à cela ne tienne, la municipalité a construit une immense complexe de piscines aux eaux turquoise sur l'Esplanade en front de mer. Plusieurs bassins sont aménagés pour les sportifs, les nageurs paresseux ou bien les bambins. Des planchas sont à disposition pour faire le traditionnel barbecue en famille ou entre amis et la pelouse verte et moelleuse vous attend pour une crise de farniente aigue et tout cela sans débourser un cent ce qui est encore meilleur. Comme tout un chacun, nous en profitons au maximum avant de reprendre la route vers le sud. 

 

              

 

Nous découvrons un nouveau visage du Queensland très exploité pour l'agriculture et très vert. Aux alentours de Mission Beach la forêt tropicale reprend ses droits. Partout des panneaux de mise en garde sur la présence de casoars, oiseau remontant à la préhistoire, fleurissent sur le bord des routes attisant notre curiosité, en vain. Sur la plage, une jetée aménagée sert d'embarcadère pour le ferry vers de petites îles.

 

               

 

La ballade est agréable et spectaculaire car de nombreuses tortues marines viennent nager autour des pilotis de bois. Nous passons un long moment à observer ces étranges animaux à la carapace imposante et pourtant si gracieuse dans leur danse sous marine.  De nouveau sur la route, nous traversons d'infinies étendues de cane à sucre, ananas et bananiers. Puis nous arrêtons à Cardwell où nous nous décidons de nous installer pour une fois relativement tôt. Le ciel est nuageux mais la mer est belle. David et moi profitons de ce superbe cadre pour faire notre jogging. Au cours de notre course nous avons l'heureuse surprise de découvrir des dugongs qui nagent près de la plage avec leur petit, probablement à la recherche d'un champ d'algues nourrissantes. Plus loin, un étrange dispositif à une centaine de mètres du rivage nous attire l'oeil. Après enquête il s'agit d'un piège à crocodile marin car un spécimen a été repéré a plusieurs reprises récemment. Le reste de la soirée s'écoule calmement dans la bourgade tranquille.

 

Mercredi 10 Novembre

 

              


Descente vers le sud sous le soleil et la chaleur humide. Lucinda nous offre l'occasion d'une halte assez particulière. Cette petite ville est équipée d'une interminable jetée de quasiment cinq kilomètres de long pour que les bateaux puissent accoster et charger la canne à sucre. La bourgade est aussi un lieu de ralliement pour la mise à l'eau de bateaux et barques de taille plus modestes depuis l'embarcadère. C'est vraiment un des passe temps favoris des australiens qu'on ne se lasse pas d'observer. 

Plus loin, un petit détour sur Paluma Range NP nous permet de faire une petite ballade pour admirer une jolie chute d'eau qui tombe en cascade sur des bassins naturels avant de disparaître sous un vieux pont de pierre. Une halte de tout façon bien rafraîchissante. Puis Townsville, une grande ville de 150 000 habitants nous accueille. A la fois ville portuaire, centre d'affaires agricole et minier, l'imposante cité ne néglige pas pour autant son impact touristique avec son complexe Reef HQ entièrement dédié à la grande barrière de corail. Nous visitons son aquarium réputé avec sa principale attraction : la reconstitution d'un immense récif de corail vivant où évoluent des centaines de poissons, de raies et de requins. Une machine à vagues recrée le mécanisme des marées et des courants. Il y a bien d'autres sujets d'intérêts et la présentation très pédagogique a pour objectif de sensibiliser le public à ce fabuleux environnement marin. On en prend plein les yeux, cette fois-ci sans se mouiller. 

Nous reprenons la route qui replonge rapidement dans les champs de canne à sucre à perte de vue. Paysages monotones de culture intensives qui le restent tout autant près de la cote. Le ciel s'obscurcit de plus en plus mais ne nous cache aucune belles perspectives. Le vent souffle plutôt fort, nous tentons une soirée à l'abri sur cette côte sans âme.

 

Jeudi 11 Novembre

 


Nous roulons près de 200 kilomètres à travers la campagne fertile avant de poser nos valises à Airlie Beach station balnéaire branchée de taille encore modeste point de départ d'excursions vers les Whitsundays Islands. Cette situation privilégiée attire de nombreux touristes, certains pour faire la fête à longueur de journée d'autres pour des expéditions en voiliers dans le magnifique archipel. En tout cas, il y en a pour tous les goûts. Une fois de plus, les Australiens démontrent leur savoir faire en matière de complexe touristique. Ici aussi, une superbe piscine aux eaux turquoises trône en front de mer, entourée d'une pelouse superbe garnie ça et là de tables de pique nique et de barbecues. Rien n'est trop beau pour convaincre le touriste de rester encore un peu plus. Nous arpentons les rues de la petite bourgade à la recherche d'une mini croisière dans ces îles. Après multiples demandes de renseignements nous finissons par trouver une formule qui nous conviendrait en durée, en programme et qui part prochainement. Mais au moment de concrétiser, on apprend que pour toute baignade, il faut s'équiper d'une combinaison anti-méduses sinon on doit signer une décharge. On ne plaisante pas avec ces bestioles ici, il existe au moins deux variétés mortelles, et d'autres juste venimeuses qui envahissent la côte tropicale la moitié de l'année. Un petit "détail" qu'on avait oublié, on n'a pas encore le réflexe australien. Autant dire que ça nous calme de suite et brise du même coup notre élan nautique. Pour se consoler, on fait un petit tour au port de plaisance extrêmement fourni aux portes de l'archipel des Whitsundays.

 

 

 

On change notre fusil d'épaule et on finit par trouver une excursion qui nous conduira dans le chapelets d'îles avec cependant quelques haltes pour découvrir un peu. On flâne ensuite dans les rues, à profiter de la profusion de boutiques branchées et de bars animés. On s'arrête dans un resto pour déguster une glace et on tombe sur un français, installé ici depuis une bonne dizaine d'années. En discutant, il nous dévoile un peu les aspects quotidiens de la vie à l'australienne. Ses bons et mauvais côtés même s'il y en a peu. Le plus difficile reste encore les énormes distances à parcourir dès qu'on a besoin de quelque chose d'un peu particulier mais c'est là un moindre mal. 

 

Vendredi 12 Novembre

Nous nous levons assez tôt pour être prêt à temps, quand le bus va passer nous chercher pour l'excursion nautique dans les Whitsundays, l'attraction majeure de la région. La mécanique touristique est bien sûr parfaitement huilée et nous arrivons rapidement à la marina de Shute Harbour pour embarquer sur un superbe et imposant catamaran. Nous levons l'ancre et contournons l'anse qui abrite le port. Nous nous dirigeons droit devant avec comme point de mire l'archipel composé de 74 îles essentiellement montagneuses. La mer est belle, le ciel complètement dégagé, le soleil éclatant, bref, la journée idéale pour ce genre d'expédition. De part et d'autres les îles nous accompagnent sur notre chemin, tantôt imposante par leur sommet recouvert de forêt luxuriante, tantôt réduite à un simple caillou bordée de plage immaculée, baignant dans des eaux parfois turquoises. 

 

              

 

Nous évoluons dans ce dédale marin qui nous rappelle parfois les merveilleuses îles grecques plus arides et rocailleuses. La plupart des îles sont inhabitées et interdites au touristes. Certaines d'entre elles sont des réserves naturelles équipées de campings rudimentaires où on peut jouer à Robinson Crusoé. D'autres sont dédiées aux vacanciers plus adeptes du confort et du luxe. Au bout d'une bonne heure de navigation, le capitaine nous prévient du passage difficile qui nous attend, un étroit chenal peu profond entre plusieurs iles où parfois règne un courant très virulent. Aujourd'hui, les conditions sont idéales et pourtant on perçoit sans peine le remous et le vent qui viennent d'apparaitre. Ce passage à l'air inoffensif s'avère pourtant rapidement délicat dès que la météo s'envenime. 

 

 

Notre première étape nous donne droit à une petite virée en semi-submersible pour admirer de nouveaux les fonds marins et ses récifs coralliens même si la Grande Barrière de Corail se trouve à une soixantaine de kilomètres. Nous débarquons ensuite sur une petite île où les visiteurs peuvent s'adonner aux joies de la plongée avec palmes masques et tubas. Mais le courant est très fort et mieux vaut être bon nageur. L'avantage c'est qu'on a quasiment aucun risque d'être importunés par des méduses. Pour ma part, je préfère me consacrer à une petite séance de farniente suivie d'une agréable ballade sur la plage plus tranquille de la partie abritée de l'ilot. 

Une fois que chaque groupe a goûté à la baignade à tour de rôle, nous réintégrons le navire où le déjeuner nous attend. Pendant que nous nous ébattions dans l'insouciance absolue, l'équipage a préparé la grande salle pour le repas. Nous reprenons notre pérégrination parmi l'archipel, nous délectant du magnifique spectacle. Peu après nous faisons de nouveau halte sur une plage d'une blancheur incroyable, Whitehaven la bien nommée. Sur près de 6 kilomètres, le sable d'une blancheur si étincelante qu'on le prend de loin pour de la neige borde l'océan. Le sable est aussi tellement fin, qu'il crisse à chacun de nos pas nous donnant encore plus la sensation étrange de marcher sur de la neige sous les tropiques. Dans tous les prospectus, Whitehaven est présentée comme la plus belle plage du pays et même du monde et c'est à peine exagéré. Mais l'histoire est trop belle et le paradis n'est pas de ce monde. Car si on veut se baigner pour échapper à la réverbération intense de la plage blanche, il faut enfiler cette fois-ci sa combinaison anti-méduses. Autant dire que l'exercice s'avère plutôt sportif pour enfiler cet engin de tissu à maille fine et nous sommes rapidement en sueur sous les rayons ardents du soleil. En quelques instants, la plage se peuple de pantins noirs emmaillotés des pieds à la tête de façon plus ou moins ridicule. Comme tout le monde est logé à la même enseigne, on se sent un peu moins grotesque. On profite à fond de la baignade car une fois sorti, on n' est pas vraiment prêts de recommencer tout le cirque. A sa manière, c'est aussi une bonne tranche de vie à l'Australienne. 

 

                   

 

Il est déjà temps de repartir nous entamons notre voyage de retour dans le labyrinthe des Whitsundays pour terminer par Hamilton Island, la plus développée de toutes les îles. Sur les collines de la ville, les villas modernes des habitants fortunés s'agglutinent tandis que les grues fleurissent un peu partout pour de nouvelles constructions. Une fois entrés dans le port, c'est une véritable petite ville que nous découvrons. Au vu des bateaux et des résidences que nous apercevons, le ticket d'entrée doit être plutôt élevé. Cette autre facette des Whitsundays est bien différente de la beauté sauvage et parfois intacte que nous avons brièvement découvert et ce n'est pas celle qu'on préfère, mais il en faut pour tous les goûts. Nous quittons notre dernière escale pour revenir sur la côte continentale en gardant toujours en vue ce merveilleux archipel à l'horizon.

 

Samedi 13 Novembre

Avant de quitter Airlie, nous profitons des équipements modernes de la cité balnéaire pour utiliser Internet et mettre à jour le site web. La ville s'éveille peu à peu tandis que la chaleur se fait déjà sentir. Les gens ne sont pas très matinaux, ils doivent sûrement avoir besoin de se remettre de leur soirée agitée de la veille. La route s'éloigne de la côte et repart dans les terres recouvertes uniformément de canne à sucre encore et encore. Dans les immenses étendues, hommes et machines s'agitent. Tout ce petit monde est en effervescence pour le ramassage de la canne. Tout la région semble ne vivre que pour et par la canne à sucre. Sur la route des panneaux rappellent qu'il est interdit de se déplacer avec des plants de canne sans permis, de même pour les bananiers sous peine d'amendes fortement dissuasives. 

 

              

 

De petits trains traversent les champs gigantesques avec de mignons wagonnets chargés du précieux butin. Nous en croisons régulièrement, seul évènement venant interrompre notre monotonie quotidienne. Toutes ces voies convergent vers Mackay le plus grand terminal sucrier du monde que l'on contourne soigneusement.

Plus loin, les paysages commencent à s'assécher et les forêts d'eucalyptus refont leur apparition. Peu à peu nous quittons le Queensland tropical et humide avec ses élégants palmiers à queue de renard pour rejoindre le Queensland aride et sec que nous connaissons déjà. Le bétail lui aussi fait une percée puis devient de plus en plus fréquent jusqu'à devenir omniprésent aux alentours de Rockampton, considérée comme la capitale du boeuf, sûrement à juste titre. 

 

 

De là nous mettons le cap sud ouest pour s'enfoncer dans les terres en enchaînant petites routes sur petites routes de campagnes. Brusquement, le relief s'élève, nous traversons une petite chaîne de montagne qui a connu la ruée vers l'or puis nous plongeons de nouveau dans la campagne profonde pour rejoindre Myella un ranch dans lequel nous allons passer les prochains jours. La rougeur flamboyante du crépuscule nous accueille. Le repas mijote dans la marmite suspendue sur la cuisine en plein air. Pas de doute nous sommes au bon endroit pour expérimenter la vie des stockmen, les gardiens du bétail. Nous sommes fourbus, avec plus de 600 kilomètres dans les roues sous la chaleur humide puis aride. Heureusement, ici on mange tôt. De toute façon, on ne fera pas de folie ce soir car le réveil est fixé pour 5H30 demain matin, ça ne rigole pas. 

 

Dimanche 14 Novembre

Lever aux aurores plutôt rude mais mieux vaut être bien réveillés avant d'enfourcher nos montures pour notre ballade matinale. Les cow-boys rassemblent nos chevaux dans le corral. En fonction de notre expérience, on nous attribue un cheval. Nous faisons connaissance, nous nous harnachons aussi avec notre équipement et nous voilà partis. Nous nous promenons à travers les terres de la ferme, une petite partie sur le millier d'hectares de la totalité. Nous parcourons la forêt, la plaine et les champs. Tout au long de la promenade, notre guide nous montre les plantes sauvages souvent à usage médicinal, nous explique aussi le fonctionnement de la ferme et la cohabitation pas toujours évidente avec la faune d'origine.

De retour au bercail, après avoir bouchonnés et douchés nos chevaux nous adonnons au farniente et partageons notre temps entre prendre soin du petit veau malade, le chien qui garde le bétail et les kangourous que Olive a recueillis. L'un d'entre eux est tellement jeune qu'il faut encore le nourrir au biberon. Puis vient la leçon de fouet. Là encore, il faut s'équiper de lunettes de protection car mal manié, cet instrument peut s'avérer dangereux la preuve, l'oncle a perdu un oeil lors d'un accident. Le geste n'est pas évident mais il semble que j'ai pris le bon coup de main. Quelle sensation de s'imaginer pouvoir rivaliser avec n'importe quel cow-boy du cru, ... enfin presque. 

 

 

 

L'après midi se déroule dans le même rythme nonchalant, partagé entre la recherche d'eau avec les baguettes de sourciers et le tour de la ferme certains dans la benne du pick-up et d'autres à moto, le nouvel outil des cow-boys des temps modernes. Peter nous raconte l'histoire de la famille. Son ancêtre comme pour beaucoup d'autres australiens, est arrivé sur ce continent pour purger une peine de 12 ans de bagne  après avoir volé un peu de nourriture en Angleterre pour survivre. Beaucoup de ces malheureux mourraient en voyage ou ensuite dans leur prison. Mais lui a survécu et une fois sa peine purgée, a pu cultiver la terre que le gouvernement de la région lui a cédé pour une bouchée de pain. L'objectif était bien sûr de coloniser le pays à tout prix. Marié à une servante anglaise, il fonda sa famille et sa nouvelle vie aux antipodes. Puis un jour, le grand-père s'installa à Myella dont une bonne partie n'était même pas défrichée et ressemblait à la parcelle conservée intacte comme un mémorial. Un travail de titan pour transformer ce bush sauvage en terre cultivable ou en prairie. 

On apprend aussi que pendant longtemps l'activité prédominante était l'élevage de vaches laitières. Le lait était récolté dans chaque ferme et acheminé dans des laiteries par un petit réseau dense de voies ferrées. La majeure partie du lait était transformé en beurre pour exportation au Royaume Uni. Puis un jour tout ceci s'écroula. En effet la Grande Bretagne adhère à la communauté européenne et embrasse du même coup ses tonnes de beurre européen. Ici ce fut une tragédie. Toutes les fermes subirent de plein fouet cette crise. Le cours du lait s'écroula, quasiment tout le cheptel fut abattu et remplacé par des races à viande. Depuis la région est réputée pour la viande de boeuf. 

De retour à la ferme, chacun vaque à ses occupations tandis que nous nous torturons les méninges avec les nombreux casse-tête de la maison. Pendant tout ce temps, Peter discute avec tout son monde et raconte de nombreuses histoires, les évènements de la famille. En tant que Français, ils nous signale que son père est mort dans nos tranchées pendant la première guerre mondiale. Ca fait tellement bizarre vu d'ici. 

Un dernier tour dans un autre recoin de la propriété pour admirer le soleil couchant et nous revenons prendre notre repas, un corned beef qui mijote sur les braises de la cuisine depuis midi. Nous avons suivi attentivement chacune de ses étapes et sommes pressés de goûter le résultat. Car ici, toute la cuisine se fait au bois à l'extérieur. Une cuisine simple, sans fioriture mais généreuse, comme nos hôtes. 

 

Lundi 15 Novembre


Après un dernier adieu à la famille de Myella, aux chevaux et aux kangourous nous quittons le ranch heureux de cette expérience enrichissante. Nous sillonnons la campagne et ses innombrables fermes de bétail. Puis, au fur et à mesure que nous nous approchons de la côte, l'humidité revient, la verdure aussi. Ici c'est de nouveau la patrie de la canne à sucre, qui doit probablement rapporter plus que l'élevage. Qui dit canne à sucre, dit rhum, et nous sommes très content d'arriver à Bundaberg, grosse ville très animée. On s'embarque dans un pub en ville pour manger. Une fois de plus, on se croirait dans un film, les occupants des lieux ayant des tronches des plus pittoresques. Mais dans leur regard, on doit être pas mal non plus avec nos allures de touristes moyens !

Avant de repartir de la ville il faut quand sacrifier au rituel : visiter sa distillerie de rhum. Ca tombe bien, c'est ma boisson préférée. Nous sommes nombreux à porter un intérêt à cette activité et la visite est parfaitement rôdée. On est bien briffé sur les aspect sécurité. Pas de clés, d'argent de téléphone portable ou de bijoux sur soi. Puis on est condition par une vidéo à la gloire de la marque Bundaberg, chère aux coeurs des australiens car c'est une boisson produite localement et ses pubs sont de vraies sagas. Puis la visite se déroule. Le problème, c'est que les installations sont tellement industrielles qu'on y voit pas grand chose et qu'il faut surtout s'en remettre aux explications de notre guide. On pourrait très bien s'imaginer dans toute autre production agro-alimentaire heureusement les subtiles odeurs qui réussissent à s'échapper ne trompent pas. Une séance de dégustation est offerte mais je reste sur ma soif car ils commercialisent essentiellement des mélanges à base de rhums ambrés prêts à consommer, impossible de mettre la main sur un rhum blanc pour ti-punch. Nous sommes à des années lumières de la petite distillerie visitée en Guadeloupe, à mi-chemin entre l'artisanal et l'industriel  terriblement plus bruyante, odorante, impressionnante, brinquebalante mais tellement plus sympathique et attachante. Le rhum australien n'est pas prêt de détrôner son cousin des Antilles.

Après la dégustation raisonnable, nous roulons un peu et finissons à Maryborough, jolie ville ancienne avec de beaux bâtiments d'époque et maisons anciennes.

Mardi 16 Novembre

Comme à chaque ville australienne, Maryborough a pas mal de magasins d'équipement pour la vie au plein air. Nous faisons donc un peu de shopping à l'affût d'ustensiles pratiques et d'une cafetière à poussoir, la nôtre ayant connu une issue fatale lors d'une maladroite séance de vaisselle à Lake Field. On en profite aussi pour se rendre à l'organisme des réserves et parcs naturels pour obtenir nos permis d'entrée et de camping pour Fraser Island, la plus grande île de sable du monde. 

Les formalités accomplies,nous continuons à descendre vers le sud à travers d'immenses forêts de pins. La région est apparemment exploitée pour son bois. Puis nous rejoignons la côte à Tin Can Bay, jolie petite station balnéaire en bord d'estuaire de rivière. De nombreux bateaux et voiliers sont au mouillage dans la marina. Mais ce ne sont pas les seuls occupants des lieux. Tous les matins une troupe de dauphins vient se faire nourrir par les habitants. Nous déjeunons sur le port très actif en contemplant les nombreux va et vient de remorques et de bateaux.

 

 

 

Avant de rouler jusqu'à Inskip Point nous vérifions les horaires de la marée. En effet pour pouvoir pénétrer sur le sol de Fraser Island par la pointe sud, la seule option c'est de passer par la plage car il n'y a pas de piste. On ne peut donc s'aventurer sur l'île que lorsque la mer est suffisamment retirée. Aujourd'hui, la marée descend en fin d'après midi. On est dans le timing. Au fur et à mesure que nous dirigeons vers l'embarcadère, la langue de terre se rétrécit. A gauche, l'estuaire, à droite la mer et partout dispersé dans la nature, des pêcheurs , des surfeurs , des vacanciers installés en plein air et qui profite de la nature à l'état brut. Inskip Point est la pointe extrême, là où la terre cède la place à l'élément marin. Un joli panorama se déroule sous nos yeux avec des oiseaux et des pélicans disséminés sur les bancs de sable pas du tout effarouchés par les baigneurs présents. Deux barges font la navette entre le continent et l'île mais. Parvenir jusque l'une d'entre elles est déjà un premier test car il n'y a plus de route, juste du sable labouré dans tous les sens par les prédécesseurs. Il n'est pas rare de rester planté dans ce bourbier de sable et c'est la hantise pour l'orgueil  de tout pilote qui embarque. Nous bloquons donc les moyeux et péniblement mais sûrement embarquons sur un des ferry. 

 

 

 

Dès qu'il largue ses amarres nous subissons l'effet des courants qui nous déportent. J'adore ce moment du passage. Le seul fait d'embarquer sur un ferry pour aller sur une île me donne aussitôt l'impression de partir à l'aventure, d'aller vers de nouveau horizons et j'attends tellement de Fraser. Cette île longue de 120 kilomètres sur une quinzaine de large est la plus grande île de sable du monde formée par des milliers d'années d'amoncellement de ces particules minérales. Son territoire , entièrement classé réserve naturelle , recèle une diversité de  paysage insoupçonnée et s'avère un réservoir de faune et de flore si riche et particulier que Fraser est classé Patrimoine mondial de l'humanité. Il y a quand même des pièges à éviter : l'absence de piste par endroit qui oblige à tenir compte des marées, les forts courants marins qui balayent la cote est qui empêche toute baignade et enfin la présence de dingos réputés agressifs et potentiellement dangereux pour les enfants. Ce sont les dingos les plus purs génétiquement parlants car à l'abri de croisement avec des chiens domestiques. Mais bien sûr, la cohabitation avec les touristes n'est pas toujours sans heurts, surtout quand certains de ces derniers tentent à tout prix d'établir un contact avec un dingo en lui proposant de la nourriture oubliant que c'est un animal sauvage. A force de cohabitation malsaine certains dingos développent des comportements agressifs jusqu'a des fins tragiques comme le 30 avril 2001 où un enfant de 9 ans fut victime de l'attaque de l'un d'entre eux. On comprend mieux pourquoi, chaque visiteur reçoit une brochure détaillée intitulée "to be dingo-aware" dans laquelle on explique l'attitude à adopter pour respecter ces animaux, les perturber les moins possibles dans leur environnement et bien sur éviter les risques qu'ils représentent. 

 

                   

 

Quelques minutes après notre embarquement nous accostons sur la plage de Fraser avec le même challenge qu'au départ : ne passe planter dans ce sol labouré. Nous nous extirpons péniblement de la zone à risque puis roulons sur la plage. La marée commence à descendre nous laissant un espace réduite de circulation. Les nuages obscurcissant le ciel mais la vue est superbe lorsque les bancs d'oiseux s'envolent à notre passage. Nous ne sommes pas seuls, ça roule dans tous les sens, les gens profitent de la fenêtre qui leur est offerte pour pouvoir rouler. Puis nous débouchons sur la côte orientale, la plage s'étale, inutile dorénavant de se préoccuper des marées. 

 

                   

 

Nous nous arrêtons à notre première ballade qui nous permet d'explorer Rainbow Gorge où les sables de toutes les couleurs se dessiner des tableaux naturels bigarrés dans un petit périmètre. Plus loin, nous remontons à pied Eli Creek le plus grand cours d'eau de la côte. C'est une ballade agréable dans la végétation. Mais si l'endroit est tellement fréquenté c'est qu'en pénétrant dans le ruisseau, celui-ci vous entraîne vers la mer. C'est une des attractions les plus populaires de Fraser et son succès ne se dément pas.  Deux kilomètres après, une carcasse complètement  rouillée, rongée par les embruns, surgit d'entre le sable. Le paquebot, échoué ici lors d'un cyclone en 1935 est maintenant un monument même si il n'en reste pas grand chose. 

 

Un peu plus loin s'élèvent les Pinnacles, des falaises érodées de sable multicolore. Le spectacle est superbe mais on se promet de les revoir demain matin, lorsque les rayons  du soleil les inondera de lumière. Nous nous mettons ensuite en quête d'un lieu de bivouac. Ce n'est pas évident car l'endroit est extrêmement réglementé et Fraser compte beaucoup d'amateurs. Mais nous finissons par trouver un recoin agréable ou nous tentons de nous mettre à l'abri de la brise du large persistante.



Mercredi 17 Novembre

 

                   

 

Comme promis nous retournons sur nos traces pour admirer de nouveau les falaises aux sable bariolé à la lumière chaude du matin et nous ne le regrettons pas. Mais il nous reste encore beaucoup d'endroits à explorer, nous repartons donc vers le nord sur l'interminable palge de Seventy Five Miles Beach. Ce matin le ciel est bien dégagé, laissant les rayons du soleil chauffer agréablement. L'envie de baignade commence à poindre, cela tombe bien car nous arrivons à Champagne Pool ainsi nommée à cause des innombrables petites bulles formées par les fortes vagues et le ressac qui se fracassent par dessus une barre rocheuse créant ainsi une piscine naturelle digne d'un jacuzzi. 

 

                   

 

Un peu plus loin, la plage est soudainement barrée par un promontoire rocheux qui se hisse à quelques 150 mètres de haut. Obligation de contourner cet obstacle par la dune ce qui permet une fois de plus de tester les superbes aptitudes au franchissement de notre Totoy. Nous partons ensuite à l'assaut du gros rocher. L'ascension est plutôt raide mais quel fabuleux panorama depuis le pic. Nous pouvons à loisirs contempler les plages blondes infinies bordées d'une mer bleu intense manifestement riche de vie marine. Vers l'intérieur d'immenses dunes ondulent parfois entrecoupées d'une forêt dense. Nous ne nous lassons pas d'admirer ces paysages fantastiques. 

 

                             

 

Nous quittons pourtant Indian Head pour reprendre la piste qui s'enfonce un peu plus vers l'intérieur. Le sable est vraiment mou et nous nous enfonçons beaucoup dans les ornières de la piste. Les montées et descentes de dunes cernées par la végétation se succèdent rendant la progression assez lente. Nous retrouvons ensuite la côte à Waddy Point et dégotons une petite crique paradisiaque aux eaux calmes et transparentes. C'est de nouveau une halte idyllique. Nous nous baignons dans le lagon translucide pour nous rafraichir de la chaleur ambiante. Ce coin est aussi réputé pour la pêche car au bout de la crique des rochers surplombent la mer. Les lieux sont déjà occupés par des pêcheurs mais David se trouve facilement  une petite place à partir de laquelle il peut s'adonner à un de ses passe-temps favoris. Pendant ce temps, je continue la visite et découvre des falaises rocailleuses merveilleuses entourant de leur écrin de roches ocres, rouges et violet une nouvelle crique sur laquelle les vagues se déchainent. Le point de vue superbe nous permet d'admirer une fois de plus de belles tortues marines témoignage vivant de la vigueur de la faune marine dans ces lieux. 

 

 

Après la pause pique-nique, nous traversons l'île dans sa largeur pour découvrir Watunga Creek, l'estuaire d'un cours d'eau qui se vide avec la marée. Les eaux translucides invitent à la ballade semi aquatique. Mais les distances sont trompeuses et nous finissons par faire demi-tour au bout d'un long moment sans être parvenus à la rive opposée. Il est impossible de circuler sur les plages occidentales de cette partie de l'île à cause de sables mouvants dangereux. Nous revenons donc à Waddy Point en espérant que la marée nous soit favorable. Sur place la mer est suffisamment retirée mais Serge et Jacky préfèrent en rester là. Pour notre part, nous souhaitons continuer vers le nord, sur la partie moins fréquentée de l'île car le risque d'être coincée par la marée est plus important. Le ciel se couvre à vue d'oeil et nous entamons notre montée 

 

 

La végétation change, il n'y a plus d'arbres mais quelques buissons rabougris parmi les herbes rases. Nous roulons sur la bande étroite découverte par la marée sur Orchid Beach. Puis surgissent South Ngkala Rock et plus loin leurs frères North Ngkala Rocks. Nous évitons les rocheux facilement mais le piège peut facilement se refermer sir les marées ne sont pas bonnes et si on s'embourbe. Puis nous atteignons Sandy Cape le bout du monde de Fraser.  Le vent balaie avec force les paysages désolés et pourtant un pêcheur est là avec son chien, comme un gardien du territoire. Nous suivons la courbe de la plage qui revient en arrière mais cette fois-ci en obliquant vers l'ouest. 

 

                   

 

Nous espérons rejoindre le phare pour le visiter. Mais la marée gagne de la place, le sable est de plus en plus mou et il n'y a aucune possibilité de repli. Finalement nous renonçons et faisons demi-tour. Le vent forcit, le ciel d'un noir menaçant semble vouloir se confondre avec la mer grise. Nous avançons dans ce paysage dantesque longeant au plus près les dunes blondes, la mer venant de plus en plus souvent lécher les pneus de Totoy. Nous parvenons enfin à la portion la plus large du cap un peu soulagés quand même. Dans la zone autorisée nous finissons par trouver un bivouac à l'abri des tamaris secoués par les rafales de vent de plus en plus fortes. Nous tentons d'allumer un feu pour faire cuire notre pitance et pour nous réchauffer. David tente de s'installer pour pêcher mais le vent trop fort ramène systématiquement l'appât sur le rivage. Des voisins sympas ont pitié de nous et nous offre l'hospitalité de leur bivouac plus élaboré et plus abrité. Nous déclinons gentiment leur offre après avoir admiré l'installation impressionnante du "cockpit" de leur véhicule taillé pour l'exploration de ce continent. 

 

Jeudi 18 Novembre

 

                            

 

David se lève très tôt pour faire une tentative de pêche en attendant que la marée nous convienne. En fait la marée étant basse à 5H30, nous devons partir maximum une heure après. Nous quittons donc ce bout du monde vers 6H pour refaire le chemin inverse. Ce coup-ci le contournement des rochers de Ngkala nous pose plus de problèmes et on se plante dans la montée qui par ce côté là est bien plus raide. On a beau mettre les plaques, ça ne marche pas. Comme on ne peut pas se permettre de perdre trop de temps, on se résout à dégonfler les pneus. Solution efficace à coup sûr. Quelques gouttes commencent à tomber, le temps semble vouloir se gâter. Nous retrouvons les parents de David avec qui nous prenons un petit déjeuner réparateur. 

 

 

Nous repartons ensuite, toujours par la plage, jusqu'à Happy Valley. Village à vocation résidentielle, dont l'implantation semble difficilement compatible avec la vocation de réserve naturelle de l'île. Pour que tout le monde puisse circuler plus facilement dans le village aux belles maisons d'architecte, les pistes sont recouvertes de lattes de bois. Nous empruntons une piste intérieure de plus en plus ensablée qui doit nous mener aux différents lacs qui parsèment le territoire. Dès que nous nous retrouvons à l'intérieur de l île, les paysages changent radicalement. De façon assez surprenante, les dunes se recouvrent d'une forêt dense, avec de grands arbres et de beaux eucalyptus. Pendant longtemps, Fraser a été exploitée pour son sable et sa forêt, on comprend facilement pourquoi. 

 

                             

 

Le lac de Garawongera est le plus proche d'Happy Valley et offre déjà de beaux points de vue. Un peu plus loin, le lac Wabby et ses eaux émeraudes, tente de résister à'avancée de l'imposante dune blonde qui gagne inexorablement du terrain, tandis que la forêt d'eucalyptus forme un écrin de pour ce précieux trésor. Quant au lac MacKenzie, il justifie à lui seul la visite de Fraser. Lorsqu'on arrive sur les lieux, on pense être victime d'un mirage. Cernée par des plages d'un sable blanc immaculé, cette étendue d'eau turquoise d'une clarté et d'une limpidité incomparable, donne l'illusion d'un lagon transposé au coeur de la forêt. Bien sûr, nous ne sommes pas les seuls à vouloir profiter de ce joyau, mais ce n'est pas non plus la cohue. Une petite baignade est le minimum que l'on puisse faire pour rendre hommage à ce joyau de la nature. C'est aussi l'endroit idéal pour faire une halte pique-nique. Nous poursuivons ensuite la route qui nous emmène à la forêt des arbres géants. Incroyable de voir des arbres d'une hauteur gigantesque sur des dunes de sable. 

 

 

Vient ensuite le lac Birrabeen lui aussi d'un turquoise étincelant, mais bien plus sauvage que MacKenzie. C'est pourquoi les habitués le préfèrent à ce dernier. Le lac Boomanjin représente la frontière avec le grand marécage qui suit. Une fois de plus la végétation a complètement changé. Nous terminons notre excursion sur la côte, où nous empruntons de nouveau la plage pour rouler. Nous croisons furtivement un dingo qui rôde autour des poubelles à la recherche d'une nourriture facile. Nous terminons là notre exploration de l'île et repartons fissa vers la pointe sud pour repartir sur le continent. Nous arrivons limite à la pointe car la marée est encore un peu trop haute et les derniers kilomètres nous devons slalomer entre les arbres morts, quelques roches sur l plage e le terrain sablonneux au dessus. Total des courses nous parvenons de justesse à embarquer sur le ferry qui s'en va. Heureusement c'était le dernier de la journée. Les nuages sont de nouveau de retour. Quelle chance nous avons eu d'avoir le soleil avec nous pour découvrir ce trésor de Fraser Island, un moment littéralement  merveilleux. 

 

                  

 

La bourgade la plus proche est Rainbow Beach. Nous y faisons toutes les courses de ravitaillement et les pleins pour être prêts à repartir dès demain, toujours en fonction des marées.

 

Vendredi 19 Novembre

Encore une fois, nous devons partir tôt, la nature imposant ses conditions. Avant notre départ définitif, nous allons à la station service pour obtenir des indications précises sur notre futur parcours. Mieux vaut bien écouter car l'expédition peut tourner facilement à la catastrophe. De nombreuses photos sont là pour témoigner de ces échecs cuisants : depuis autant d'années de nombreux véhicules ont fini leur aventure échoués puis emportés par la mer ou fracassés contre les rochers. On espère qu'on ne viendra pas s'ajouter à la collection !

 

                  

 

La marée basse était il y a une heure, nous n'avons pas une minute à perdre et devons partir sur le champ. Facile à dire, moins facile à faire, on n'arrive même pas à trouver la route qui nous permet l'accès à la plage. Ca commence fort ! Finalement, après avoir un peu tourné en rond, on se retrouve enfin sur la plage, l'aventure peut commencer. De suite, on attaque par le gros morceaux, la barrière rocheuse qui entrave la plage. On passe cette zone limite, la marée ne laissant plus beaucoup de place pour les voitures. Puis nous débouchons sur la superbe baie avec ses falaises de sables multicolores qui donnent son nom à la petite ville. On coupe par l'intérieur puis on retrouve l'immense plage qui s'étend sur des dizaines de kilomètres. L'étendue de la plage autorise des marges de manoeuvre plus tolérantes et on peut savourer pleinement cette sensation de liberté. Partout, à chaque zone de camping autorisé, des familles entières, des groupes de copains ou des bandes de pêcheurs ou de surfeurs sont installés en pleine nature en totale autarcie. Les Australiens sont vraiment des adeptes de la vie au grand air. 

 

 

Au bout d'environs cinquante kilomètres de ce régime iodé du grand large, la plage débouche sur un magnifique estuaire. Une colonie de pélicans nous accueille tandis que de l'autre côté les vacanciers s'ébattent sur les rives. Certains courageux tentent la traversée à la nage. Nous retrouvons la civilisation après avoir pris une barge qui fait la navette avec le côté touristique . Aussitôt, on plonge au coeur d'une ville balnéaire très animée avec embouteillage et boutiques branchées. Autant dire que cela surprend beaucoup après ses kilomètres de plages sauvages. Malgré une fréquentation élevée, la cité de Cooloola-Noosa garde quand même une atmosphère agréable et cool comme le suggère si bien son patronyme. Niché entre l'estuaire et les collines, le centre ville est manifestement l'endroit où il faut se montrer entre les voitures de luxe et les boutiques de mode. Très vite, le nature reprend le dessus avec la ville qui se prolonge par un très joli parc qui offre de nombreuses possibilités de ballade. 

 

                   

 

Nous optons pour une promenade sur un chemin côtier qui commence par le superbe Laguna Lookout et son magnifique point de vue panoramique sur l'estuaire et la côte. Nous arpentons le sentier aménagé qui traverse une jolie forêt de pandanus en surplombant la côte. Les vues sur les plages rocheuses s'enchainent  avec son lot de scènes estivales. Les parasols sont déployés, les enfants jouent, les déferlantes s'abattent sur le rivage par série, les surfeurs tentent leur chance, le tableau de vacances idéal. 

Nous quittons cet agréable station balnéaire pour reprendre la route vers le sud que nous devons rejoindre bientôt. Nous passons à côté de Brisbane dont nous apercevons au loin les hautes tours. La circulation s'intensifie au fur et à mesure que nous nous approchons de la Gold Coast, l'endroit le plus touristique du pays. On en prend très vite la mesure. Ce n'est qu'une succession sans âmes d'hôtels de luxe, de motels bon marchés, de buildings résidentiels, de centre commerciaux et de parcs d'attractions, la parfaite incarnation du tourisme de masse. Dire que cinquante ans auparavant, c'était probablement aussi tranquille et naturel que la Coolola Coast. Mais les promoteurs asiatiques sont passés par là, en une décennie ils ont à jamais bouleversé le paysage côtier, l'économie locale, l'urbanisation, transformant les lieux en paradis pour les amateurs de plage, de surf, de soleil, de fêtes, ... et de foule. Nous nous sentons un peu perdus dans ce nouvel environnement que nous sommes loin d'apprécier. On s'arrête à Burleigh Head, tout heureux d'avoir enfin trouvé un camping pas trop cerné par les buildings. 

 

Samedi 20 Novembre

On est peut-être sur la Gold Coast mais le soleil n'est pas au rendez-vous trop occupé à jouer à cache-cache avec les nuages plutôt menaçants. Heureusement pour nous, il semble gagner la partie quand nous arrivons à Byron Bay, la Mecque du surf. Ancien petit port baleinier, Cape Byron est désormais une des stations balnéaires les plus courues de la côte Est. 

 

                             

 

Nous découvrons les superbes plages qui font la réputation des lieux pour finir par l'exploration du Cape Byron, promontoire rocheux doté d'un des phares les plus puissants de l'hémisphère Sud. Une agréable promenade permet  d'admirer la côte sous tous les angles. A gauche, une magnifique baie déroule ses rouleaux à la nuée de surfeurs avides de sensations. 

 

 

En y regardant de plus prés on découvre avec surprise un petit banc de dauphins qui s'immisce parmi les surfeurs, phénomène relativement courant ici. La côte est très fréquentée par les mammifères marins, notamment par les baleines à bosse qui longent la côte lors de leur migration bi-annuelle. Nous scrutons l'horizon à la recherche d'une éventuelle retardataire. Notre voeu est exaucé. Dans un splash gigantesque, une baleine immense entame son ballet. Nous la suivons pendant quelques minutes, émerveillés par les gerbes d'écume géantes que la baleine crée à chacun de ses sauts. Puis elle disparait aussi insaisissable qu'elle nous est apparue. Quel évènement cela doit être lors des grandes migrations ! Le spectacle n'est pas uniquement dans la mer, de nombreux parapentes colorés évoluent dans le ciel pour admirer d'encore plus haut tous ces paysages magnifiques. Pour finir, nous atteignons le point le plus à l'Est de l'Australie sur l'un des caps du promontoire rocheux. Décidément, Byron Bay recèle bien des trésors. 

Le ciel s'est de nouveau obscurcit, le vent s'est levé, on n'a pas tellement l'impression d'être en été. Nous poursuivons notre route, qui ne s'avère pas particulièrement attractives. Nous avons pénétré dans l'état des Nouvelles Galles du Sud, la partie de l'Australie qui ressemble le plus à l'Europe, en tout cas, dans son mode de vie. Le reste de la journée s'écoule sur la route jusqu'à ce que la pluie devienne de plus en plus drue. Nous  nous arrêtons pour la nuit à Nambucca Head qui doit sûrement être une jolie petite ville côtière mais le temps très maussade ne nous permet pas d'apprécier ses charmes. 

 

Dimanche 21 Novembre 

 

 

Aujourd'hui, ce ne sera qu'une étape de transition car nous avons beaucoup à faire à Sydney et on en est encore très loin, à plus de 500 kilomètres. De toute façon, la Pacific Highway, n'offre pas beaucoup de sites dignes d'intérêts. Il faudrait qu'on sorte des sentiers battus pour profiter des coins de nature préservés qu'offre parfois la côte mais nous n'avons plus de temps pour cela. Nous faisons cependant une halte à Forster, réputé pour ses fruits de mer, crustacés et ses huitres. Pour se restaurer, on choisit une espèce de coopérative de pêcheurs qui délivre aussi des repas façon 'fish and chips" sur le port, au milieu des pélicans.

Après cette halte maritime, nous reprenons notre route. Plus on se rapproche de la capitale de la Nouvelle Galles du Sud, plus l'urbanisation se fait sentir et le trafic s'amplifie. La conduite a changé aussi. Nous n'avons plus affaire à des chauffeurs cool, tranquilles et respectueux mais de plus en plus à des automobilistes stressés rompus à l'art du slalom entre les files de voitures et à la conduite à l'européenne. Sous les nuages menaçants, nous roulons, roulons et roulons encore jusqu'à finalement tomber sur un bouchon à une soixantaine de kilomètres de la ville. Nous avançons pare-chocs contre pare-chocs, nous ne sommes pas au bout de nos peines. A un moment, un automobiliste intrigué par notre plaque étrangère nous interpelle pour savoir d'où on vient et l'itinéraire que nous avons réalisé dans le pays. Peu à peu, nous pénétrons dans le ville. On passe des banlieues peuplées aux faubourgs cossus et leurs maisons victorienne, puis la City et ses buildings élancés. A notre grand regret, nous ne passons pas sur le célèbre Harbour Bridge mais dans un tunnel. Nous ne sommes plus habitués à la frénésie du trafic dans une mégalopole de plus de 4 millions d'habitants. On a du mal à se retrouver dans toutes les routes possible. Heureusement, nous allons à l'aéroport pour glaner des renseignements pratiques et c'est une direction facile à trouver.  

Nous arrivons enfin, trouvons un camping pas loin puis nous allons au bureau des douanes pour faire prolonger notre carnet de passage en douane, le passeport de notre Totoy, qui arrive à expiration dans quelques semaines. Pendant un laps de temps, un employé nous fait miroiter l'espoir de tamponner notre document. Mais quand on revient de la voiture avec le fameux document ce dernier réalise qu'il ne peut pas le faire car la "marchandise" n'a pas transité par un aéroport. En revanche, il nous indique l'établissement qui devrait pouvoir satisfaire notre demande. 

Nous partons sur notre camping, pas facile à trouver et qui ne paye pas de mine. Mais ça fera amplement l'affaire pour une nuit. Demain une dure journée de paperasserie administrative nous attend. 

 

Lundi 22 Novembre 

Nous laissons Serge et Jacky profiter des attraits touristiques de Sydney pour leur dernière journée en Australie. Quant à nous, nous allons découvrir la ville sous un autre angle pour la préparation de la suite de notre périple. Notre priorité pour l'instant c'est de prolonger notre carnet en douane pour ensuite pouvoir renouveler notre assurance pour circuler en Australie. 

Nous trouvons le fameux bâtiment des douanes et prenons un numéro. Quand notre tour arrive, on s'entend dire qu'on n'a pas attendu au bon guichet et qu'il faut prendre un autre numéro. Ca commence fort. Puis on arrive au bon guichet. J'explique notre situation et à la tête que fait mon interlocuteur, je me rends vite compte que ça ne lui dit rien du tout. Il commence alors à nous expliquer qu'on ne peut pas faire tamponner notre document de douane ici mais qu'on doit le faire à notre point d'entrée dans le pays c'est à dire Perth et il n'en démords pas !!! Nous n'en croyons pas nos oreilles. Au bout de multiples tergiversations, on convainc notre douanier de faire intervenir un de ses supérieurs qu'on espère plus compétents. Finalement, un bon nombre de fonctionnaires défilent et après des coups de fils de vérification de nos propos, ils acceptent enfin d'apposer les 2 précieux coups de tampons nécessaires. Ouf, première étape franchie.

Nous nous renseignons ensuite pour aller au centre technique qui délivre les assurances. A l'atelier, on nous renvoie vers le centre administratif car on n'a pas d'ordre administratif. Rebelote, on se rend dans le beau bâtiment moderne d'à côté et on prend un numéro. Dans la salle d'attente, nous ne sommes pas les plus stressés, en effet, les candidats au permis de conduire sont appelés pour leur examen et si c'est positif on leur délivre leur carte de permis de conduire en suivant. Notre tour arrive et je débite mon discours. Cette fois-ci, la dame n'a pas l'air perdue et me donne la marche à suivre. Nous devons refaire un contrôle technique car celui effectué en Australie de l'Ouest n'est pas reconnu ici, vive le fédéralisme. Mais n'importe quel garage proposant un "Pink Slip" peut faire ça. Nous voilà maintenant en quête d'un garage automobile. Nous en trouvons un mais il refuse, le second aussi trop débordé. Finalement, on se retrouve à tourner en rond dans la ville en quête de garage. On en trouve tellement difficilement qu'on a l'impression qu'ils se cachent. Nous découvrons aussi avec étonnement que les garages ressemblent plus à un boui-boui qu'à un bel atelier moderne de réparation automobile. Quand on en trouve un, s'il veut bien nous faire le contrôle dans la journée, il ne veut pas prendre le risque de le faire sur un véhicule qui à la conduite à gauche. On commence sérieusement à tourner en bourrique. Puis dans une banlieue grise et sordide, on finit par trouver un mécanicien d'origine grecque qui accepte de faire le boulot, on a juste à attendre deux heures. On attend comme on peut, pour obtenir notre fameux "pink slip". Nous ne sommes pas sûr qu'il y ait eu un véritable contrôle mais peu importe on peut retourner au centre administratif où on obtient facilement notre prolongation d'assurance. 

Maintenant, nous pouvons chercher des billets d'avions pour explorer un peu plus le Pacifique le mois prochain. Nous laissons la voiture à l'hôtel pour cette fois-ci circuler par le métro. Grâce aux Jeux Olympiques qui se sont déroulés ici an l'an 2000, une ligne reliant le centre à l'aéroport a été créée. Elle est flambant neuve et chère, c'est une ligne privée. Mais bon, elle a le mérite d'exister ! Nous descendons au coeur de la cité et nous ruons dans la première agence de voyage que nous croisons. Là encore, c'est plus compliqué que prévu car les avions pour nos destinations sont souvent pleins ou beaucoup trop chers. Finalement, nous trouvons un bon compromis, nous passerons deux semaines en Nouvelle Calédonie puis les deux suivantes en Nouvelle Zélande pour revenir le 24 décembre à Sydney et accueillir nos amis Bernard et Marie qui nous rejoindront le matin de Noel, quel timing ! Etape suivante, chercher un logement pour les 3 jours à Noel que nous passerons en ville avec nos amis. C'est bien sûr une période chargée et donc les prix grimpent très vite. Nous espérons trouver notre bonheur en nous rendant au centre d'informations touristiques sur les quais. On voit de suite que la ville n'a pas besoin de faire d'efforts pour attirer les touristes, l'accueil est même pas aimable et le service réduit au strict minimum. Fini la serviabilité et l'hospitalité chaleureuse de l'Australie déserte. Nous relevons quelques prix et adresses et rejoignons Serge et Jacky pour enfin souffler et prendre l'apéritif après une journée aussi rude mais heureusement productive. 

Circular Quay est l'endroit idéal pour s'installer siroter un verre en terrasse. Tout Sydney passe par ici : les ferries qui font la navette sur la baie de Sydney, les bus et le métro, le centre étant à deux pas. Il y règne une animation parfois frénétique avec quand même une pincée de rêve et d'exotisme grâce au  va et vient des jolis remorqueurs transformés en ferry.  Et bien sûr, quand on se promène sur les quais, on peut admirer les plus célèbres monuments de Sydney, l'imposant Harbour Bridge et l'inoubliable Opera House. Nous enchainons ensuite avec un repas croisière dans la baie de Sydney. Bien qu'un peu isolé parmi une assemblée de touristes majoritairement asiatiques, nous admirons sous un nouvel angle les beautés de la ville. Je ne suis pas particulièrement sensible au charme citadin, rarement amatrice de l'architecture moderne mais de nuit, le spectacle est saisissant. Toute la ville est illuminée par les lumières des grandes tours, un peu comme un puzzle géant composé d'une myriade d'éclairages de bureaux. Pour moi, c'est vraiment la nuit qu'une ville moderne révèle sa magie aux heureux spectateurs de ce magique spectacle. Ce moment si spécial l'est d'autant plus que c'est notre dernière soirée avec les parents de David qui nous quittent demain pour retourner en France. Mais cette fois-ci nous n'aurons pas long à attendre avant les prochaines retrouvailles car le chemin du retour se profile déjà à l'horizon.

 

Mardi 23 Novembre - Mercredi 24 Novembre    

Nous passons ces deux dernières journées sur un rythme tellement échevelé que nous n'avons même pas le temps d'accompagner Serge et Jacky à l'aéroport. En un peu plus de 24 heures nous devons récupérer nos billets d'avions trouver un logement sympas pour nous et nos amis au centre de la ville pour Noel et trouver un garage où Totoy pourra se reposer après une révision bien méritée. Nous courrons dans tous les sens, parcourant la ville de long en large, empruntant le métro, le bus et la voiture. Nous atterrissons dans un autre camping dans la banlieue sur la côte sur Paradise Beach mais nous n'avons pas du tout le temps d'en profiter. Nous devons préparer  nos sacs à dos pour un mois sans aucune affaire de propre.  Contrastant avec le standing des lieux, notre coin est un vrai capharnaum car nous avons vidé quasiment la totalité de la voiture et tout déballé par terre à trier ce qu'on peut garder de ce qu'on doit jeter ou de ce qu'on peut amener. Du coup nous terminons la soirée en beauté à enchainer les lessives et les séchages jusque tard dans la nuit. 

Finalement nous nous retrouvons mercredi matin fin prêt à un détail prêt, nous n'avons toujours pas trouvé d'endroit pour laisser notre Totoy. Nous tentons notre dernière chance en rappelant un garage déjà contacté la veille qui peut nous dépanner au maximum pour 2 semaines. Nous tentons le tout pour le tout et décidons de nous y pointer au culot en espérant trouver une âme charitable qui aura pitié de nous. Sur place, nous faisons un peu figure d'ovnis avec notre allure un peu bizarre et notre histoire peu courante. Après pas mal de discussions, nous finissons par avoir l'accord du gérant. Nous sommes tout heureux de pouvoir laisser Totoy entre deux bonnes mains. Décidément, la partie sera serrée jusqu'au bout car, pour le retour, le garage ferme le 24 à midi pour 10 jours de vacances alors que notre avion est censé atterrir le même jour vers 10H. On fera notre possible pour être là avant la fermeture mais par précaution, nous nous arrangeons pour ne pas rester coincé au cas où on arriverait trop tard. Soulagés par cet ultime rebondissement de dernière minute, nous traversons d'un pas vif, le centre-ville  de cette banlieue à la recherche de la gare, chargés de nos sacs à dos, la tête pleine de rêves de notre prochaine destination : de véritables vacances en Nouvelle Calédonie !

 


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