>> 2 Janvier 2004Un voyage au long cours à travers l'Afrique, l'Australie et l'Océanie << 31 Janvier 2005
 

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Journal de KapSud en Australie du Nord (2nde partie)
Auteur kapsud
Source KapSud
Publication du 28/09/2005 pour Internet
Modifi� le 28/07/16
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Arrivé à Ceuta

 

 

Mercredi 27 octobre

La lueur de l'aube n'est pas encore perceptible que nous sommes déjà prêts pour l'évènement de la journée : le lever du soleil sur Ayers Rock. Seul petit problème, nous sommes plusieurs milliers au rendez-vous. Bus, 4x4, pick-up, vans, camper-vans, motos, simples voitures, une foule immense s'est réunie pour assister au spectacle. On dirait que tous les touristes d'Australie se sont ralliés ici en masse. Difficile de trouver un endroit "tranquille" pour observer le moment si attendu. Finalement on se trouve une petite place et on s'installe sur le toit de la voiture. D'un côté Uluru, masse sombre encore plongée dans la pénombre, de l'autre les rayons du soleil commencent percer. Des milliers de flash crépitent pour immortaliser ce souvenir. Sous l'action de la lumière naissante, de marron foncé, l'imposant monolithe vire au rouge sombre puis rouge sang. Les reliefs se dessinent et s'accentuent jusqu'à deviner creux, aspérités, trous et bosses. Le rocher finit par adopter sa couleur ocre si caractéristique. Sa beauté totalement révélée inspire une émotion magique qui résiste difficilement au brouhaha et au mouvement de la foule. Très vite c'est le branle-bas de combat, tous les véhicules redémarrent et déguerpissent dans un boucan d'enfer bien loin de la sérénité de l'instant présent. Nous aussi nous quittons les lieux, partagés entre les sentiments d'admiration et de frustration.    

 

       

 

Nous reprenons la route en sens inverse pour retrouver la Stuart Highway que nous quittons quelques dizaines de kilomètres plus loin pour prendre la piste et la traversée du désert de Simpson. Peu de monde passe par ici, mis à part les road-trains que nous croisons, soulevant des nuages de poussière dans un vacarme d'enfer. Quand ils arrivent à notre niveau, nous n'hésitons pas à nous ranger gentiment sur le bas-côté sachant pertinemment que ces monstrueux véhicules peuvent difficilement changer de trajectoire ou de vitesse. 

 

 

Arrivés à Finke, un panneau nous avertit que nous entrons en territoire aborigène et à ce titre, il est interdit d'y introduire, même pour passer, la moindre goutte d'alcool sous peine de répression sévère. Nous poursuivons donc directement jusqu'à notre destination du jour, Mount Dare. En cours de route, nous récoltons du bois mort en vue de notre séjour dans le désert. La piste s'enfonce dans cette contrée perdue puis nous apercevons une éolienne en ruine entourée de baraquements qui ne payent pas de mine : nous sommes à Mount Dare Station, dernier poste de ravitaillement avant le néant. La sensation de bout du monde à l'état pur avec seulement 2 habitants. L'ancienne ferme est tenue par un jeune couple. Les plus proches voisins sont à 70 kilomètres, les autres à 110 ! Pour le ravitaillement, il faut aller à Alice Springs, plus de 400 kilomètres, toutes les 2 semaines en saison lorsque environ 40 voitures passent ici par jour, mais toutes les 5 à 6 semaines en dehors. Mieux vaut bien vérifier sa liste des courses avant de partir. 

 

 

Pas évident de vouloir vivre dans ces conditions. On pourrait imaginer que les propriétaires sont des purs produits de l'Outback, mais pas du tout. Ils étaient de parfaits citadins quand ils sont venus en vacances ici il y a deux ans et demi de cela. Ils ont appris que c'était à vendre et ils ont tout de suite saisi cette opportunité. Un changement radical de vie qu'ils ne regrettent absolument pas. Un endroit incroyable, comme il y en a beaucoup en Austalie, . On boit un coup et on discute, Ici, la bière a un autre goût. Un vent fort s'est levé dans la soirée, apportant avec lui la fraicheur, on est même obligé de se mettre une couverture pour dormir.

 

Jeudi 28 Octobre

Quand c'est pas les mouches c'est les petites fourmis qui attaquent de bon matin. On a une roue dégonflée et le camping-gaz du véhicule de Serge et Jacky ne marche pas terrible alors que le nôtre est vide depuis longtemps. Par précaution, on fait les compléments de gas-oil et on s'aperçoit qu'on a une fuite au réservoir supplémentaire. Ca commence fort, ce n'est pas très engageant mais on y va quand même, on est venu là pour ça.

 

              

 

De beaux paysages de vastes étendues se dévoilent sous nos yeux. Puis, les ruines de Dalhousie se dressent sur un promontoire entourés de palmiers. Des pancartes d'informations expliquent l'histoire des lieux, une ancienne ferme destinée à l'élevage finalement abandonnée par ses propriétaires après plusieurs tentatives infructueuses puis rachetée par l'état. Pour la petite histoire, les palmiers dattiers qui donnent au lieu une si belle allure d'oasis ont été importés par les premiers occupants et se sont révélés à la longue néfaste pour l'écosystème local à cause de leur trop grande consommation en eau. Leur expansion est maintenant sous contrôle.  

 

              


Nous arrivons ensuite à des sources thermales permanente à 40 degrés. Le site est aménagée autour de petits étangs dans lesquels on peut se baigner. Aujourd'hui, il y a beaucoup de vent, on n'est pas trop motivés. Mais on imagine sans peine, le délice que cela peut représenter après plusieurs jours de piste. Plus loin, la piste surplombe une plaine étrangement verte, des terres humides fréquentées par de nombreux oiseaux dont  les brogas, de superbes échassiers gris au cou rouge éclatant. 

 

                   

 

Au lieu de rester sur la French Line, la piste principale qui traverse le désert de Simpson mais très dure, nous empruntons la Rig Road réputée moins difficile. Les paysages que nous voyons sont pour nous bien loin de ce que nous connaissons habituellement du désert. Beaucoup de végétation tapisse le sol de sable ocre. De petites fleurs violettes, jaunes ou blanches égayent le paysages avec leur tache de couleur si éclatantes. Il est vrai que c'est le printemps mais nous sommes quand même surpris par la présence de tant de plantes et arbrisseaux. 

 

                   

 

Nous apercevons aussi quelques animaux : un grand mâle kangourou roux et 3 dromadaires qui détalent quand on arrivent dans leur direction. Pour l'instant, nous n'avons pas de dunes de sables, surtout des petits cordons à traverser sur une piste aménagée : à chaque croisement avec une piste référencée, il y a des panneaux indicateurs ! Une autre idée du désert. 

Nous pique-niquons à Purni Bore, un site où l'eau saumâtre affleure formant de petits étangs bordés de joncs, qui abritent plusieurs groupes d'oiseaux. Nous repartons. La piste, impeccablement rectiligne, fend le désert jusqu'à l'horizon. Petit à petit, les fleurs se font plus rares, les paysages moins gais. 

 

               

 

Au bout de plusieurs heures de pistes, nous nous arrêtons dans un vallon interdunaire pour bivouaquer à la belle étoile. La lune se lève, dévoilant son disque luminescent si énorme, si proche qu'on a l'impression de pouvoir la toucher. 

 

Vendredi 29 octobre

Réveil très tôt. Nous repartons dans nos montures sur la piste sableuse. La végétation devient de plus en plus rabougrie donnant aux paysages un aspect des plus mornes. La piste traverse des espèces de vallées couvertes d'arbrisseaux. Entre, il faut franchir des sortes de cordons de dunes recouverts d'une végétation plus rase. Nous franchissons ensuite de très belles étendues de lacs salés asséchés avec de belles vallées d'arbres. Nous rejoignons de nouveau la French Line. Elle fut crée dans les années 60 par une compagnie pétrolière française pour l'exploration de gisements potentiels. Plutôt rigolo de se retrouver ici. 

 

    

     

 

La piste s'avère être une succession de crêtes de dunes assez abruptes, au sable mou. Quelques plantages et un couchage sur le côté évité de justesse décide les conducteurs à dégonfler enfin les pneus pour améliorer notre progression. Petit à petit, la végétation se dessèche et on traverse de nouveau de nombreux lacs salés.

 

         

 

A Poeppel Corner, nous rencontrons la frontières entre les 3 états. Au milieu de nulle part, nous trouvons quand même le site aménagé pour savoir dans quel état on met les pieds rien qu'en faisant le tour d'un poteau. On atterrit ensuite sur la QAA Line, une immense ligne droite qui trace à travers les cordons de dunes de plus en plus hauts. On trouve un endroit plat et dégagé pour installer notre campement de nuit.

 

Samedi 30 octobre

 

                   

 

Malgré notre lever très matinal, nous sommes encore une fois envahis de mouches, cette fois-ci elles ont mis le paquet. Normal, ça doit faire longtemps qu'elles n'ont pas vu âme qui vive ! De nouveau sur la piste, les paysages se font de plus en plus désertiques, le sable de plus en plus rouge et les dunes de plus en plus hautes. Les vallées entre les dunes s'étalent de plus en plus tantôt couvertes d'arbres, tantôt de lacs asséchés parfois une combinaison des deux. Nous progressons lentement mais surement dans le sable plutôt mou. 

 

                   

 

Puis le point d'orgue de la traversée se découvre à l'horizon : Big Red ou la Grande Rouge la bien nommée. Pour atteindre son sommet qui culmine à 400 mètres de haut, il faut prendre un élan considérable pour attaquer la montée.  Nous sommes le premiers à tenter le coup. Nous partons du milieu de la vallée, le pied à fond sur l'accélérateur pour lancer les 3,5 tonnes de Totoy à pleine vitesse. 

 

                              

 

David a choisi la trajectoire la plus directe parmi les nombreuses alternatives. Au fur et à mesure qu'on se rapproche du sommet, il semble de moins en moins accessible, le sable absorbant insidieusement la puissance de notre 4x4. Nous parvenons malgré tout à la crête ultime, mais seules les deux roues avant passent de l'autre côté. Il faut recommencer avec plus de puissance et donc plus de vitesse pour arriver jusqu'au bout. Je descends pour contempler le spectacle vue d'en haut, et puis comme ça, ça fera moins de poids et donc un atout supplémentaire. Vue d'ici, les voitures ressemblent à de grosses fourmis qui s'agitent. 

 

                  

 

Puis c'est la deuxième tentative. David part d'encore plus loin et met le paquet. Cette fois-ci, c'est la bonne et le sommet est franchi d'un superbe saut de Totoy, tout heureux d'avoir une fois de plus franchi un nouvel obstacle. Dans le même élan, Serge part à l'assaut de la bête et en vient à bout vaillament, en une seule passe. 

 

                   

 

Nous pouvons sereinement savourer les magnifiques paysages qui nous entourent. Un autre véhicule se joint au manège de la montée. Avec surprise nous découvrons une plaque européenne. C'est un couple d'allemands qui vient en Australie chaque année pendant plusieurs mois et qui envoie sa voiture par bateau. Ils arpentent ainsi le pays depuis plusieurs années après avoir sillonné l'Afrique australe. 

Nous descendons gentiment la plus célèbre dune d'Australie. Presque aussitôt, les paysages changent radicalement. Le sable laissant la place à une immense plaine recouverte de cailloux. La piste à base de gravier est devenue dure. On peut rouler plus vite mais il faut rester méfiant car cette surface joue souvent des mauvais tours. Nous arrivons à Birdsville et ses 120 habitants, une des localités les plus reculées du Queensland et par conséquent du pays ! 

 

              

 

On s'empresse de profiter des avantages de la vie moderne et on fait réparer un pneu dans le garage. Puis on fait un tour au sympathique hôtel-pub pour s'offrir un déjeuner robuste. Ancien point de départ d'énormes convois de bétail qui partaient vers le sud aux siècles derniers, Birdsville est devenue une ville fantôme comme beaucoup d'autres. Depuis quelques temps, le nouvel essor de l'élevage combiné à celui du tourisme a donné une deuxième souffle à la petite cité, qui révèle toute sa vivacité lors des célèbres Birdsville races. Amateurs de courses et fêtards en tout genre viennent de tout le pays pour participer à ce grand rendez-vous annuel. 

 

 

Nous quittons Birdsville par la route qui alterne avec des portions de gravier. Les 400 kilomètres qui nous séparent de Boulia s'annoncent d'un ennui encore inégalés avec des paysages si plats, désolés, nus, arides. Heureusement nous rentrons ensuite dans une région appelée le Channel Country patrie de l'élevage. La présence du bétail en quête de sa maigre pature rend les abords un peu plus vivants. Le contraste entre les herbes jaunies et la terre rouge est toujours aussi beau. Nous arrivons à Boulia de nuit et pour nous remettre de notre longue route, rien de tel qu'une bonne bière fraiche au motel de la ville. Une fois de plus, l'Australie profonde est au rendez-vous avec les hommes accoudés au comptoir avec leur beaux chapeaux de cowboy et leur santiagues., tandis qu'au fond de la salle un groupe d'aborigènes jouent au billard. Pas de mélange.  

 

Dimanche 31 Octobre

Notre camping est installés au pied d'une rivière bordée d'eucalyptus. Les oiseaux y sont comme au paradis. C'est à celui qui fera le plus de bruits entre perruches, cacatoès, galas and co. Sur la terre ferme, c'est pas mal non plus. Pendant que David nous concocte des pancakes pour le petit-déjeuner du dimanche, nous assistons amusés à un rodéo qui se livre sous nos yeux. En effet, de jeunes vaches ont envahi le camping. A en croire la réaction de la gérante, ça ne doit pas être la première fois. Au bout de quelques instants, un papy cowboy, juché sur un quad, vient jouer les rabatteurs. Une génisse récalcitrante n'a pas l'air de vouloir rejoindre ses pénattes, elle en fait voir de toutes les couleurs à son gardien. Finalement, la partie de cache-cache s'achève sur forfait des participantes apparemment très satisfaites de leur escapade matinale.

 

                

 

Après quelques courses de ravitaillement, nous repartons avaler les kilomètres de paysages plats écrasés par le soleil. Un joli relief, rompant la monotonie vient à point pour servir de halte déjeuner encore et toujours en compagnie de ces maudites mouches qui ne ratent aucune occasion de nous harceler. 

 

              

 

Middleton, le premier village sur notre route avec ses 3 habitants : les patrons du bar et leur fille. Bien sûr il ne faut jamais manquer l'occasion de s'arrêter dans ces endroits emblématiques de l'Outback, il s'y dégage toujours une atmosphère très personnelle, unique. Contrairement à ce qu'on imagine, ce sont des lieux très vivants, très animés et les gens qui y passent où y vivent sont toujours des personnages à part entière, souvent de grands poètes dans l'âme. Les nombreuses photos tapissant les murs témoignent de la rudesse de la vie ici et par conséquent des toutes occasions d'en profiter pleinement : un coucher de soleil somptueux dans un ciel lourd de nuages menaçants, la route inondée servant de théatre pour acrobaties en moto, fêtes copieusement arrosées.  

Pour arriver plus vite sur Hughenden, nous tentons des pistes de gravier qui desservent de nombreuses fermes. Beaucoup de barrière à ouvrir puis à refermer. Le bétail est omniprésent, parfois accompagnée d'une horde de kangourous. 

 

 

Mais on finit par se perdre dans ce dédale de chemins. Nous tentons notre dernière chance mais la piste que nous empruntons, au lieu de nous conduire à Sebiana nous mène au soeur d'une station. Les fermiers nous apprennent que la piste que nous cherchons n'existent plus depuis longtemps et nous indiquent le chemin pour retrouver la route. Sous leur regards goguenards, nous repartons en quête du fameux bitume que nous finissons par rejoindre.

Le jour commence à décliner tandis que nous roulons sur le superbe asphalte. Partout des cadavres de kangourous jonchent les bas-côtés, une terrible hécatombe. Le ciel s'obscurcit laissant présager d'un orage proche. Nous nous arrêtons au camping de Stamford avec encore 3 habitants. L'orage tonne au loin, un vent chaud se lève, il fera bon rester à l'abri.

 

Lundi 1 Novembre

Le vent a bien soufflé dans la nuit mais c'est tout ce qu'on a eu de l'orage. Nous repartons sur la route parfaitement rectiligne. Elle débouche à Hughenden, jolie petite ville vivante. Nous reprenons aussi sec une piste qui s'enfonce dans les terres. Porcupine Gorge offre une pause agréable sur le parcours. 

 

                   

 

Puis nous continuons vers le nord. Le bush se transforme en véritable forêt d'eucalyptus de plus en plus hauts. Le bétail est toujours là, il erre dans la forêt en quête de nourriture. Le milieu environnant a évolué, le cheptel aussi. Les vaches sont essentiellement de type brahmane, de celles qu'on voie en Inde mais sans cornes. Au bout de 250 kilomètres, le carrefour de The Lynd annonce le retour du goudron et aussi de la circulation. En fait, de nombreux camions et road-trains très impressionnant sur cette route étroite à une seule voie la plupart du temps. 

Mount Garnet nous offre l'agréable surprise d'une jolie petite ville, toute pimpante, pleine de verdure et de bougainvillées et jacarandas en fleur. Ca fait très bizarre après tous ces jours dans l'Outback aride et poussiéreux. La route s'élève peu à peu dans les montagnes. La forêt devient de plus en plus verte et il fait même frais à Ravenshoe où nous passons la nuit dans une roadhouse, à l'abri des grands arbres. 

 

Mardi 2 - Mercredi 3 Novembre

 

              

 

Pour se reposer des longues heures de route poussiéreuses des jours précédents, nous visitons cette région si verdoyante. Située sur un plateau rocheux s'élevant parfois à 1000 mètres d'altitude, le climat y est agréable. Les sols de ces anciens volcans sont très fertiles et sont propices aussi bien à l'élevage qu'à la culture de variétés tempérées comme tropicales. Une alchimie étonnante d'Auvergne et de  Quensland. A Millstream, nous nous balladons sur plusieurs circuits pour admirer de jolies cascades dans un écrin de verdure luxuriante. En continuant sur Millaa Millaa nous nous perdons avec délectation dans la jolie campagne vallonnée entrecoupée de forêt tropicale. Des paysages très riants, quel contraste avec nos journées d'avant !

A Malenda, nous partons à la recherche d'un ancien cratère. C'est aussi bien la ballade dans la forêt humide que le lac du cratère qui méritent le détour. Au fur et à mesure qu'on se rapproche d'Atherton, le chef-lieu de la région, puis de Cairns, nous rencontrons de plus en plus de voitures. La route longe la fin de la barrière rocheuse. Elle offre de superbes vues panoramiques sur la côte. Quel bonheur de retrouver la mer ! La longue descente sur la ville fournit encore plusieurs occasions de capter de beaux points de vue. Une fois la plaine retrouvée, nous nous retrouvons rapidement dans la banlieue de Cairns. 

 

               

 

La capitale du "Far North" nous apparait grouillante de vie, d'activités et de touristes. Une telle profusion de commerces, boutiques et restaurants nous fait un peu bizarre mais on s'en accommode très vite, avec plaisir. Nous profitons d'être arrivés tôt pour aller chercher des renseignements pour nos expéditions futures. Après avoir un peu tournés en rond, nous trouvons les organismes adéquats avec un personnel très sympa et compétent. Ils nous mettent en garde sur les dangers de la faune. A Melville, là où nous comptons nous rendre, un crocodile a récemment attaqué une famille qui campait sur la plage. Plus étonnant, on nous remet une brochure qui explique l'attitude à adopter si on se trouve face à un casoar, l'oiseau emblématique de la région. Ce grand volatile aux pattes armés de griffes aussi tranchantes que des poignards peut s'avérer agressif et attaque sans hésiter les humains, les deux pieds en avant, un peu comme un combattant d'art martiaux. Décidément, l'Australie nous réserve toujours des surprises de taille. 

Nous nous éloignons de la frénésie de la ville pour camper à Palm Cove, station balnéaire chic des environs. Nous nous adonnons avec plaisir à la promenade en bord de mer pour finir dans un bon restaurant à la gastronomie raffinée, heureuse surprise. 

La journée de mercredi est consacrée aux emplettes en ville et aux petites réparations. En fin de journée nous migrons pour Port Douglas, autre station balnéaire de la côte, chic et branchée, mais qui a su garder son charme avec de petites ballades qui offrent de beaux point de vue. 

 

Jeudi 4 Novembre

A défaut de pouvoir explorer la péninsule du Cape York, à notre grand regret par manque de temps, nous prenons la direction du Nord pour rejoindre un autre bout du monde, le Cape Melville. La première partie de l'expédition est riche en lieux d'intérêts. 

 

              

 

Tout d'abord, la magnifique Mossman Gorge, située dans le Daintree National Park, nous permet de découvrir la forêt tropicale humide. Grâce à un sentier très bien aménagé, nous nous perdons dans la végétation dense, tantôt longeant d'agréables bassins naturels formés par la rivière, tantôt en plein coeur de la forêt luxuriante, tantôt au sommet de falaises richement arborées. Certains arbres gigantesques déploient au sol des racines immenses pour pouvoir s'arrimer à la terre alliées à une embase de tronc large et légère. 

 

              

 

Nous tentons de débusquer des animaux dans cet environnement riche mais il faut avoir l'oeil tant certaines bestioles sont passées maitres dans l'art du camouflage, tel ce petit lézard dont la robe a exactement les mêmes teintes et dessins que les feuilles sèches jonchant le sol. A l'opposé de ces as de la dissimulation, certains oiseaux arborent des couleurs éclatantes dans cette marée vert sombre. 

 

              

 

Nous reprenons la route magnifique le long de la côte avec de superbes panoramas sur l'océan azur. A Daintree, nous prenons le ferry pour passer la rivière et nous rendre sur l'autre bord. Les points de vue plus beaux les uns que les autres se succèdent aux détours des virages. Nous profitons d'une belle plage pour pique-niquer et s'en mettre plein les yeux. La route s'est muée en piste avec des montées de plus en plus abruptes dans les montagnes couvertes de forêt. 

 

                   

 

Cape Tribulation pourrait en fait se résumer par un contraste éblouissant le vert de la forêt, le bleu du ciel et le blanc du sable. Longtemps cette région était dédiée à l'exploitation forestière intensive. Grâce à l'acharnement des amoureux de la nature, l'endroit a été converti en réserve naturelle pour notre plus grand bonheur. Puis, la piste s'éloigne de la côte et devient plus plate, traversant une région habitée mais où on ne voit personne. 

 

 

Nous rejoignons ensuite la route principale pour Cooktown. Peu avant la ville, d'étranges amoncellements de blocs de granit noir imposent leur sinistre stature sur une petite chaine de collines. Paysages bizarres dans cet environnement de forêt tropicale qui disparait au profit du bush. 

 

                   

 

L'artère principale de Cooktown mène droit au port. L'atmosphère y est très sympathique avec tous les pêcheurs qui déchargent leur cargaison vivante et frétillante. On peut aussi admirer le va et vient des plaisanciers qui évoluent dans ce magnifique site de l'embouchure de la rivière se jetant dans l'océan. Cooktown et ses 1500 habitants est une bourgade historique. C'est le premier point de peuplement britannique de l'Australie. C'est aussi ici ,en 1770, que le capitaine Cook échoua son navire l'Endeavour donnant ainsi son nom à la rivière. Nous montons près du phare pour profiter d'un panorama magnifique sur la ville et sa baie au coucher du soleil. Une statue de kangourou rappelle la première fois où un européen apercevait cet animal. Nous rebroussons chemin pour aller camper dans un endroit très agréable à l'ombre de grands gommiers avec suffisamment d'espaces pour ne pas se gêner avec les voisins. 

 

Vendredi 5 Novembre

 

 

Nous quittons Cooktown et son atmosphère nonchalante pour trouver la route qui mène vers le nord. Aussi invraisemblable que ça en a l'air, on a du mal à trouver notre chemin et on tourne un peu en rond avant d'atterrir finalement sur la bonne voie. Très vite, le bitume se termine et nous prenons connaissance avec la piste. A peine éloignés de quelques kilomètres et nous faisons notre premier arrêt pour admirer de jolies chutes d'eau très appréciées dans le coin lors de la saison chaude. Au moment de remonter vers la voiture David découvre un intrus que nous n'avions pas vu à l'aller : niché dans l'anfractuosité d'un rocher, à deux pas de la piste, un énorme serpent enroulé sur lui-même attend patiemment que la température se réchauffe. Y a pas à dire, la tenue de camouflage est au point. 

 

 

La piste s'enfonce au plus profond des terres sauvages couvertes de bush. Après tant de kilomètres parcourus dans la nature australienne, nous découvrons encore un bush différent. Ici, le sol aride est tapis de plantes échevelées sur pied que nous avons surnommés encore une fois les chevelus. Dominant les fourrés, les eucalyptus maigrement feuillus se dandinent au rythme des rares brises. La forêt se fait de plus en plus épaisse tandis que la piste devient de plus en plus dure, les trous de plus en plus nombreux et de plus en plus grands. Le soleil monte dans le ciel, la chaleur augmente progressivement. On commence à se sentir isolés. Sur mon écran, la piste bifurque vers la côte toute proche. On fait le détour et longeons l'embouchure d'une petite rivière. Arrivés au bout de la piste, quelques détritus et carcasses d'appareils rouillés montrent que l'endroit est parfois fréquenté mais pas de trace d'âme qui vive. Tout ce qu'on voit c'est une rivière aux reflets foncés qui se jette dans la mer dissimulée par la mangrove. La seule vision de cet endroit nous donne vraiment la sensation d'être seul au monde. 

 

              

 

Après une pause déjeuner partagé avec les mouches comme il se doit, nous reprenons notre chemin, déjà harassés de chaleur, de fatigue et de poussière. Nous ne sommes pas au bout de nos peines. Le relief s'accentue, nous traversons une petite chaine montagneuse. La piste est de plus en plus piégeuse et ardue avec les pierres qui s'immiscent dans le sable. Nous sommes noyés dans la forêt d'eucalyptus. A chaque sommet de colline nous pouvons enfin apercevoir l'horizon : à perte de vue l'océan de verdure s'étale, encore et encore. Notre progression semble interminable. Wakooka sonne la victoire de la désolation absolue des baraquements en ruine abandonnés des carcasses de voiture rouillées, pas vraiment gai. On commence à trouver le temps long, il nous tarde d'atteindre notre objectif. A tel point que lorsqu'un croisement se présente pour faire un incursion sur la côte, nous boudons cette option, tout simplement pour arriver le plus rapidement possible. 

 

              

 

Enfin la forêt s'estompe pour laisser la place à une étendue de sables marécageux régulièrement envahis par les marées. Nous y sommes, Cape Melville nous accueille. Soulagés d'avoir enfin atteints notre but, nous inspectons les lieux et installons notre bivouac sous les arbres en haut de la plage. Difficile pourtant de se laisser aller complètement, nous avons toujours en mémoire l'attaque par un crocodile marin d'une famille de campeurs, ici même sur la plage, trois semaines auparavant. Le paradoxe de l'Australie : ça ressemble toujours à un petit paradis et pourtant le danger n'est jamais bien loin. Comme à chaque occasion, Davis déploie sa cane à pêche pendant qu'on prépare le souper en prenant bien garde de ne pas trop s'approcher du bord. Mais le soleil se couche sans prise à l'horizon. Loin de s'avouer vaincu, Davis improvise une fixation pour la cane à la voiture espérant que la nuit sera plus généreuse que le jour. 

 

 

 

Samedi 6 Novembre
En plein coeur de la nuit, un énorme bang retentit accompagné d'une secousse violente de la voiture : quelque chose de très gros a dû mordre à l'hameçon. Mais quand on se lève le matin, c'est une cane à pêche explosée que l'on découvre sans rien au bout du fil cassé. On ne saura jamais à côté de quelle bestiole on est passé pour le déjeuner mais elle avait probablement une force prodigieuse. David rafistole son matériel de pêche et insiste encore un peu dès fois que le monstre ou un de ses cousins serait encore dans les parages. Pendant qu'il scrute inlassablement les flots, il aperçoit un museau qui vient se ravitailler en air. Qu'est que cela peut-il bien être. Nous passons près d'une heure à observer le rivage avec cette bête qui vient régulièrement respirer à la surface. Malgré nos jumelles, difficile de saisir l'instant et le lieu fatidique pour identifier l'animal. A cours d'appât, nous abandonnons la partie. Une chose est sûre, ce n'est pas une tortue marine. David penche pour un saltie et moi pour un plus sympathique dugong mais nous n'en aurons jamais le coeur net. Pendant tout ce temps, le soleil s'est élevé dans le ciel et nous brûle de ses rayons ardents. 

 

              

 

Heureusement, non loin d'ici se trouve un trou d'eau dans la fraicheur de la foret tropicale. Nous partons en quête de ce paradis et finissons par rejoindre cet endroit délicieux. Au plus profond d'une végétation luxuriante, s'écoule un mince filet d'eau fraiche d'une clarté limpide qui descend de la montagne toute proche. La fraicheur providentielle des lieux nous offre une délectable baignade dans un cadre de verdure exubérant. On savoure cet instant au maximum car on n'est pas près de retrouver une telle occasion. 

 

 

 

Nous quittons le Cape Melville pour retourner sur Cairns. Avant de quitter cette contrée sauvage nous faisons un détour pour admirer l'intacte Ninian Bay. Encore un endroit merveilleux avec toujours cette sensation de bout du monde dont on ne se lasse jamais. Pause déjeuner et on repart direction plein sud. Nous traversons de nouveau ce bush sans rencontrer âme qui vive mis à part quelques vaches de race brahmane. Les rares bâtiments que nous avons croisés ont plutôt l'air abandonnés, on reconnait même une ancienne piste d'atterrissage. On ne sait pas si elles sont retournées à l'état sauvage ou si elles appartiennent à un ferme isolée. Nous pénétrons dans l'enceinte du Lakefield NP. Sur la piste, on croise des garçons vachers qui chargent du bétail rassemblé dans un enclos. Quelques kilomètres plus loin , on aperçoit au loin des bâtiments probablement la ferme destination du bétail. Puis nous franchissons un gué avant d'arriver à notre campement. 

Nous nous installons dans ce camping sauvage aménagé, comme souvent dans les parcs nationaux. Les sanitaires sont l'endroit le plus appropriés si vous souhaitez observer les grenouilles et geckos. Mieux vaut vérifier qu'il n'y a pas d'intrus avant de s'installer aux toilettes, le refuge préféré des grenouilles vertes. Une fois décrassés et rassasiés nous partons dans l'obscurité munis d'une lampe torche pour partir à la recherche des crocos, à la rivière d'en bas. Mais cernés par la nuit noire et des bruits pas catholiques, nous avons finalement trop peur pour nous approcher plus près et abandonnons rapidement notre expédition.

 

Dimanche 7 Novembre

              

 

Nous retrouvons ici les paysages désormais familliers du Kakadu. De nombreux trous d'eau offrent de jolis points de vue à chaque fois diffèrents. Certains ont une histoire tragique comme celui dans lequel s'est noyé un adolescent pour échapper à la trop forte chaleur un jour d'été. Heureusement, c'est un cas isolé et les autres billabongs présentent des perspectives plus gais. White Lily est jonché de nénuphars blancs et bleus, tandis que Red Lily offre ses superbes nénuphars géants roses à perte de vue, abri idéal pour de nombreux habitants des marais, principalement des oiseaux. On resterait des heures à s'imprégner de ce magnifique spectacle si on n'était pas agressés de toute part par de minuscules moustiques affamés. 

 

              

 

Nous continuons la piste qui nous donne à plusieurs reprises l'occasion d'observer des représentants de la faune locale en particulier un beau varan et un superbe lézard à collerette qui se réfugient immédiatement dans un arbre. Sur notre route, nous tombons sur une ancienne ferme entourée de magnifiques et immenses manguiers couverts de fruits, une récolte imprévue et providentielle. Plus loin nous visitons Old Laura Homestead une ancienne ferme restaurée, témoignage de la rudesse de la vide de l'époque.

Nous retrouvons le goudron par le biais de la Peninsula Development Road qui descend tout droit du Cape York. La petite bourgade de Laura nous annonce le retour de la civilisation. Nous y faisons halte pour le déjeuner avec un hamburger australien d'anthologie. 

 

 

Plus nous avançons, plus la route est fréquentée. Certaines sections sont en travaux et nous mangeons de la poussière en permanence. La montagne nous cerne de part et d'autres, nous autorisant un superbe point de vue sur le relief des alentours. Nous nous rapprochons de la côte et de notre destination du jour. Après 465 kilomètres parcourus dans la journée nous retrouvons Cairns et la côte Est.   

 


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