>> 2 Janvier 2004Un voyage au long cours à travers l'Afrique, l'Australie et l'Océanie << 31 Janvier 2005
 

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Le journal de KapSud en Australie de l'Ouest (Dernière partie)
Auteur kapsud
Source KapSud
Publication du 20/07/2005 pour Internet
Modifi� le 28/07/16
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Arrivé à Ceuta

 


Mardi 5 octobre
David est parti pêché dès le lever du jour mais avec la marée basse les rochers affleurent à la surface et pour ne pas que l'hameçon s'accroche, il faudrait s'avancer assez loin dans l'eau. Mais les salties rôdent et David préfère ne pas s'aventurer dans leur territoire supposé. Nous repartons sur Broome pour régler quelques affaires, donner des nouvelles par internet et faire les habituelles courses de ravitaillement avant de quitter la civilisation pour la traversée des Kimberley par la mythique Gibb River Road.

La Great Northern Highway déroule son bitume interminable sous une chaleur étouffante, il fait plus de 40 degrés. Comme d'habitude nous roulons vitres ouvertes, prenant un bon bain de poussière et c'est déjà poisseux et crasseux que nous nous arrêtons à la Roadbuck Roadhouse pour tenter de nous rafraichir. Ces roadhouses sont vraiment l'âme de l'Outback australien et il ne faut rater aucune occasion d'y faire une halte. De toute façon, elles sont distribuées avec parcimonie le long des routes et pistes du pays, tous les 200 kilomètres environ, ce n'est donc pas trop fréquent. Celle-ci ne déroge pas à la règle et dégage une atmosphère bien particulière.

 

 

Une bonne centaine de kilomètres plus tard, nous apercevons 2 types qui nous font des grands signes de loin pour qu'on s'arrête, ce que nous faisons. A voir toutes les affaires qui jonchent le sol autour de la voiture, ils l'ont vidé de fond en comble. Avec leur chemises à fleurs et leur chapeau de cow-boy, ils sont plutôt folklo. En fait, ils ont bêtement crevé mais malheureusement leur roue de secours est à plat. Une situation anodine en tant normal, sauf ici dans l'outback où la circulatrion est assez rare parfois. Du coup, ils avaient tout déballé pensant passer la nuit sur place. Alors forcément, quand David sort son système de gonflage express, ils sont tout simplement sciés et n'en reviennent pas d'être dépannés en moins de deux. Il n'empêche qu'ils vont être obligés de rebrousser chemin pour faire réparer leur roue au cas où il crèverait de nouveau, juste 150 kilomètres à parcourir en arrière ! Ceci va bien les retarder dans leur projet : ils sont partis de Perth il y a 4 jours et comptent faire le tour de la moitié ouest de l'Australie en passant par Darwin et Alice Springs puis retour à Perth, ceci en trois semaines. Le mois qu'on puisse dire c'est qu'ils vont en avaler du goudron !

Nous quittons nos touristes pour continuer sur Fitzroy Crossing. Les baobabs sont de plus en plus nombreux dans les paysages, ça fait plaisir, on se croirait de retour en Afrique. 

  

 

Nous arrivons de nuit à Fitzroy et la petite ville ne dévoile pas une atmosphère des plus attrayantes, mais nous trouvons sans peine un camping assez désert et tentons de capter un brin de fraicheur, en vain. 

Mercredi 6 Octobre
A cause de la chaleur, on a dormi tout ouvert et dans la nuit, un aborigène ivre est venu nous embêter pour nous demander à boire puis à fumer. Dès le lever du jour, le soleil attaque fort et il fait déjà chaud quand nous nous présentons à 8 heures à l'embarcadère de la croisière sur la Fitzroy River. La ballade en bateau qui remonte la rivière dans la superbe Geikie Gorge, permet d'admirer les magnifiques falaises torturées multicolores. Le blanc éclatant dispute sa place d'honneur au rouge sang, qui se laisse parfois débordé par le noir des crêtes quand ce n'est pas le beige rosé qui décide d'emporter la partie. Sur l'autre rive, la mangrove s'étire sur les rives de la majestueuse rivière, cédant parfois la place à la forêt. Les hirondelles patrouillent le ciel et en vols rasant viennent s'abreuver à la surface nous offrant un ballet captivant.

                    

 

Le site est magnifique et paisible, difficile de croire que les flots se déchainent pendant le Wet, à la saison des pluies. Le niveau augmente d'une façon hallucinante, plus de 12 mètres de plus. La région est régulièrement inondée comme le montrent les différents repères sur le pilier central de la maison de la réserve naturelle et nombreuses photos accrochées sur les murs. A plusieurs reprises, l'eau a dépassé le toit et recouvert les innombrables plaines alentours, engloutissant la ville entière. Difficile à croire en pleine saison sèche.

Nous quittons Fitzroy par la piste pour rejoindre Windjana. En cours de route, nous faisons une halte à Lillimooloora. Un nom charmant qui cache une bien tragique histoire. Dans cette ferme reconvertie en poste de police s'est déroulé un drame cruel à l'image de son époque, la fin du 19ième siècle . Un pisteur aborigène, qui grandit sous l'aile protectrice d'un fermier blanc devenu son ami, contribua à l'arrestation des chefs principaux de la révolte aborigène, puis choisit définitivement son camp pour libérer les prisonniers qui devaient être pendus : il tua le policier blanc qui les gardait : son ami fermier.

 

 

Une fois encore, il fait plus de quarante degrés quand on s'installe sur l'aire de pique-nique de Windjana pour déjeuner. La chaleur est accablante quand on part visiter a gorge de Windjana mais le jeu en vaut la chandelle. De nouveau de magnifiques parois rouges et noires s'èlèvent à 90 mètrent de la rivière dont ils ne subsistent quelques bassins envahit par des freshies, crocodiles d'eau douce réputés "gentils" qui se prélassent dans l'eau verte. Spendide ballade sur le sentier qui longe la rivière, tantôt à l'abri des falaises, tantôt au bord de la rivière à l'ombre des les arbres clairs. Les freshies qui se laissent flotter au soleil, nous observent au cas où un visiteur tomberait à l'eau tandis que les cacatoes font le spectacle en volant de falaises en falaises avec leur cris stridents amplifiés par l'écho des parois encaissées. 

 

             

 

Le sable du lit de la rivière asséchée nous brule les pieds, nous décourageant de continuer plus loin l'exploration de la gorge. Nous retournons à la voiture pour continuer la piste qui nous permet de rejoindre la Gibb River Road, la piste qui traverse les Kimberleys. A cette époque-ci de l'année, elle ne présente pas grande difficulté, c'est principalement de la tôle ondulée pur jus. S'il pleut, la latérite devient très glissante et doit rapidement se transformer en véritable patinoire. Quant à la saison des pluies il faut traverser nombre de ruisseaux à gué qui se transforment très vite en torrents déchainés infranchissables. Des bulletins indiquent alors l'état des routes pour préciser si elles sont praticables. Il n'en reste pas moins que les Kimberleys sont une des dernières contrées reculées et c'est bien cela qui en fait son charme. Nous traversons des paysages très agréables et pour une fois en relief ce que nous apprécions tout particulièrement. 

 

 

Notre arrivée à Bell Gorge est plutôt tardive, mais nous sommes tout de même décidé à l'explorer. Nous descendons le sentier caillouteux parmi les arbustes du bush puis,arrivés en bas, nous longeons un petit ruisseau réduit à un mince filet d'eau. La végétation a changé, les pandanus viennent compléter les eucalyptus déjà présents.

 

               

 

Enfin on débouche sur la gorge. Sur notre gauche, le plateau rocheux s'interrompt brutalement, donnant naissance à une très belle chute d'eau qui tombe de bassins en bassins superposés. De l'autre côté, la gorge encaissée entre montagnes de grès rouge et noir accueille un ruisseau qui régulièrement s'étale dans de superbes piscines naturelles. Sous la lumière ocre de la tombée du jour, les parois rocheuses offrent des couleurs magnifiques. Le spectacle est tellement beau que nous décidons de revenir demain, au petit matin. Nous remontons le sentier motivés par cette perspective, il fait encore chaud mais nous espérons la fraicheur du soir. Sur le chemin qui nous mène à la zone de camping, nous avons la chance d'admirer plusieurs vols de cacatoes noirs et d'autres blancs dans les lueurs rougeoyantes du crépuscule. Nous voilà envoutés par le charme secret des Kimberleys. Suffisamment en tous cas pour supporter la nuée de bestioles qui nous envahit pendant la soirée.



Jeudi 7 octobre
Nous nous levons très tôt mais pas aussi tôt que le soleil qui a pointé son nez à 5 heures. Du coup, on a déjà chaud de bon matin. Le petit déjeuner s'avère très énervant sous les attaques combinées des mouche, moustiques et taons. On ne s'éternise pas et retournons à la gorge. L'endroit est maintenant familier, nous descendons la colline puis remontons le cours d'eau jusqu'à la gorge. Nous explorons ce magnifique site. 

 

              

 

Sur la colline, nous surprenons deux wallabies des rochers dérangés par notre venue. Il est 8 heures et les rayons du soleil sont déjà ardents. Rien de tel qu'une bonne baignade dans une des merveilleuses piscines naturelles pour se rafraichir. Quel plaisir délicieux dans un cadre aussi magnifique. Des petits poissons viennent nous picorer les pieds et les jambes. Nous devons nous résoudre à sortir de l'eau pour continuer notre visite. La progression parmi les rochers est assez périlleuse, une fois les pieds mouillés la pierre se révèle extrêmement glissante. Sur le chemin du retour, David manque de se faire renverser par une bête qui détale furieusement au dernier moment. Du peu qu'on en aperçoit, cela ressemble à un cochon sauvage qu'on a du déranger à son petit déjeuner. Quand nous atteignons enfin la voiture, la fraicheur de notre baignade s'est envolée depuis belle lurette, il fait déjà plus de trente degrés. Nous surprenons un énorme varan au pied de Totoy. Décidément beaucoup d'animaux dans les parages.

 

 

Nous repartons sur la Gibb River Road poussiéreuse. A Imintji, nous profitons d'un bar épicerie pour acheter de l'eau qu'on consomme beaucoup ces derniers temps. Derrière, le village de la communauté aborigène dans lequel on ne peut entrer que munis d'un permis spécial. Dommage. Plus loin, nous faisons un stop à Galvans Gorge. Nous marchons à pied car la route est fermée. Un petit sentier borde un cours d'eau illuminé par des nénuphars bleus. Les chutes d'eau que nous atteignons sont réduites à un mince filet d'eau mais le joli bassin naturel lui est bien rempli. On n'est pas les seuls présents mais il y a de la place pour tout le monde. On se baigne dans l'eau froide mais qu'est ce que cela fait du bien par cette chaleur ! Un varan qui y nage est du même avis et la cohabitation ne pose aucun problème.

 

               

 

L'étape suivante s'appelle Manning Gorge. Cette fois-ci, l'accès au site est payant et même cher mais c'est l'un des joyaux de la région. On essaye de se planquer des mouches pour le pique-nique mais elles sont vraiment teigneuses. Nous découvrons un billabong à l'eau limpide, bordé de multiples arbres et de minuscules plages de sable. L'endroit est idéal pour laisser passer la chaleur.

 

 

Un sentier balisé par des cannettes de bière, mène aux gorges proprement dites. La ballade à travers les cailloux et roches est exténuante avec la chaleur et les montées successives. Qui plus est les attaques perpétuelles de ces maudites petites mouches ajoutent à l'énervement. Tout ces désagréments disparaissent immédiatement lorsque le but est atteint. Nous surplombons les magnifiques gorges. Une fois de plus, le spectacle est à la hauteur des efforts fournis. 

 

 

Une autre randonnée part de ce point pour remonter les gorges et atteindre des chutes d'eau mais elle demande la journée entière et surtout de partir à l'aube pour marcher avec des températures raisonnables. Ca sera pour une autre fois, d'autant plus qu'il n'y a aucune assurance qu'il y ait encore de l'eau aux chutes. Nous poursuivons notre remontée de la Gibb River Road. L'avantage de cette piste, c'est qu'il y a régulièrement des endroits fort sympathiques à visiter. On ne voit pas les kilomètres passer, car on pense toujours aux surprises qui vont nous attendre au prochain arrêt.

Nous trouvons la petite piste qui s'enfonce vers Bamett River Gorge. On voit de suite qu'on sort des sentiers battus car la piste est mauvaise, il y a beaucoup de caillasses. Sur place, on tourne en rond pour trouver le sentier qui mène aux gorges. On fait quelques tentatives infructueuses puis on renonce. De toute façon, ce que nous avons vu jusque là mérite à lui seul le détour. Un groupe des magnifiques cacatoès noirs nous tient compagnie au ruisseau que nous franchissons à gué. Ces grands oiseaux d'un noir de jais déploient leur crête caractéristique à la moindre contrariété. Les mâles possèdent quelques plumes d'un rouge vif ce qui les rend encore plus beau. 

 

 

Nous laissons cet endroit qui semble inchangé depuis la nuit des temps pour retrouver notre piste préférée. Nous trouvons un endroit tranquille pour bivouaquer. Un peu au bord de l'eau mais pas trop à cause de la menace des crocos, diffuse mais qui plane en permanence. De jour, puis ensuite de nuit nous sommes submergés par une multitude de bestioles de toute sorte. Nous sommes obligés de déployer notre dispositif d'urgence que nous n'avons pas encore eu l'occasion d'utiliser jusqu'alors. 

 

 

Une méga moustiquaire suspendue à notre auvent. On était persuadé de l'avoir amené pour rien mais finalement non. Bien sûr, comme c'est la première fois, on ne pense pas à tout. Entre autre, à la somme des plus ou moins petites bêtes qui se trouvent déjà au sol, qui se révèlent lorsque l'obscurité gagne et qui se retrouvent enfermés dans notre prison de tulle ! Finalement, le repas s'avère un vrai festival de biologie naturelle. Scarabées, phasmes, mille-pattes, moustiques qui vrombissent hors de la moustiquaires, tout ce que l'Outback compte de bestioles rampantes, grouillantes ou volantes s'est donné rendez-vous. Même les petites grenouilles qui sautent de temps en temps sur la toile puis finissent par retomber inexorablement sur notre table sont de la partie. Des coups de tonnerre retentissent, quelques gouttes de pluie tombent mais la pluie ne vient pas. La moiteur ambiante s'ajoute à la chaleur qui se maintient malgré la tombée de la nuit. Le sommeil va être difficile à trouver aujourd'hui.

 

Vendredi 8 octobre

 

De nouveau en piste sur la Gibb River Road. Peu d'arrêt en chemin, alors la piste devient très longue avec ses paysages monotones. On a de nouveau droit à une sacrée tôle ondulée. On ne se voit pas avancer à 20 kilomètres heures sur une si longue distance, c'est déjà assez ennuyeux comme ça. La seule autre alternative c'est de trouver la vitesse à partir de laquelle on "vole" sur la piste réduisant la perception des vibrations au minimum. 80 kilomètres heures, c'est le rythme de croisière que nous avons trouvé. Cette conduite demande beaucoup de concentration pour anticiper chaque virage et le moindre obstacle sur la piste. Pas question de faire un mouvement brusque du volant ou un freinage appuyé sous peine de sanction immédiate, toute action doit se préparer. 

Et puis nous croisons une moto, pour qui l'affaire est encore plus délicate. Comme on ne croise pas souvent grand monde, machinalement on regarde dans le rétro comment il s'en sort quand on aperçoit une plaque Suisse, au même moment, le pilote découvre notre plaque française. Nous nous arrêtons immédiatement et entamons une grande discussion sur le bord de la route découvrant nos parcours respectifs. Il est parti depuis presque un an et demi à travers l'Europe puis l'Asie, espérant traverser l'Australie puis remonter par le Japon, puis la Chine et la Russie pour revenir en Suisse. Quel parcours !On parle un bon moment ensemble mais la température devient difficile à supporter particulièrement pour un motard avec tout son bardas. On se donne un possible  rendez-vous pour Adelaide puis repartons chacun vers nos destinations. 

Plus loin, d'immenses barrières rocheuses font leur apparition, nous en longeons certaines tandis qu'on en grimpe les premiers reliefs parallèles qui se forment. Parvenus au sommet, nous pouvons admirer la plaine qui s'étend à perte de vue traversée par la Pentecost River le gué le plus critique de cette fameuse route. 

 

              

 

Les paysages sont grandioses, les espaces immenses. Arrivés en bas, le traditionnel panneau de rappel des précautions à prendre en territoire crocodile, ramène à la réalité si particulière de l'Australie. Bien sûr, en période sèche, la rivière constitue un agréable passage à gué. Avec cette chaleur, la tentation est forte de s'y rafraichir, mais l'envie cède rapidement la place au renoncement à la simple idée de se retrouver face à face avec un saltie. A l'époque du Wet, ça doit être une toute autre histoire de franchir la rivière en crue, parfois pour les plus téméraires qui ont tenté la traversée, leur véhicule finit emportés par les flots. Et quand les conditions de franchissement sont impossibles il n'y a qu'une seule solution, attendre que les flots deviennent plus cléments. 

 

              

 

La rivière traversée, nous pénétrons sur les terres d'El Questro, la plus grande ferme des Kimberley. Pour moi, ce moment est magique. Il y a quelques années, j'avais vu un reportage télé sur la région. Une partie était filmée depuis une magnifique demeure qui surplombait de belles gorges encaissées, dans une nature sauvage. Immédiatement, cette vue avait déclenché l'envie irrépressible, d'un jour pouvoir visiter cette contrée fantastique et son nom restait gravée dans ma mémoire. Maintenant, nous y sommes. Plus exactement à Emma Gorge. De suite, on voit qu'on a changé de catégorie. Un bar très standing nous y attend. On ne se fait pas prier pour y prendre une boisson fraiche en attendant que la température descende pour aller explorer ces gorges. Pas de doute, nous sommes revenus dans la civilisation et le tourisme. Tout est fait pour passer un séjour agréable. En milieu d'après midi, nous partons marcher. On remonte les gorges aux parois abruptes dans la forêt sèche de pandanus. Puis, petit à petit, les parois se resserrent et nous finissons par évoluer dans une forêt humide tropicale. Le changement de végétation est saisissant, mais ce n'est rien àcôté du changement de température, la fraicheur a progressé au fur et à mesure que nous nous enfonçons dans la semi-obscurité de la forêt. C'est délicieux et surtout cela vient à point nommé avant d'entamer la montée vers les chutes qui sont le clou de la randonnée. La dernière partie relève plus de l'escalade parmi les gros rochers mais la récompense est superbe quand on arrive aux chutes qui débouchent dans une piscine naturelle circulaire immense. La tentation est grande et on ne résiste pas à l'appel d'une bonne baignade et oh surprise l'eau est glacée. Comme la température ambiante est bien descendue, il est difficile d'y rester longtemps sans être envahie par une sensation de froid intense. Jamais en commençant cette ballade on aurait pensé vivre ça. 

 

              

 

La redescente est tout aussi agréable. Puis on débouche de nouveau en terrain découvert, et aussitôt la chaleur repointe le bout de son nez. Les falaises de pierre rouge, chauffé au soleil depuis le matin, restituent la chaleur emmagasinée.

 

 

Nous partons à El Questro Station pour prendre nos quartiers de nuit. Ici, l'industrie touristique a débarqué à l'australienne. Tout est parfaitement organisé et pensé pour le confort du client et de son porte-monnaie. Vous pouvez louer un bungalow, aller dans le camping aménagé où choisir un emplacement sauvage mais identifié pour bivouaquer. Il y a bien sûr un bar et un restaurant avec forcément la traditionnelle Barbecue Partie qui trouve un public nombreux parmi tous les australiens et les touristes venus aussi pour faire la fête. 

Samedi 9 Octobre

La chaleur étouffante et humide qui n'a pas baissé depuis hier soir, a rendu la nuit très difficile. De plus, au premier rayon de soleil des dizaines de cacatoès et de galas de toutes les couleurs s'envolent d'arbres en arbres en poussant des cris des plus désagréables. La touche finale reste le survol de la propriété en hélicoptère qui démarre tôt le matin et qui se succède à une cadence assez élevée. Les possibilités d'explorer le domaine d'El Questro sont nombreuses, à pied, à cheval, en 4x4, en hélico et même en bateau, personne ne peut dire qu'il s'ennuie ici. 

Bien sûr, nous partons avec notre Totoy sur les différentes pistes. Nous grimpons différentes collines nous offrant de superbes points de vue sur différentes gorges dont celle de Chamberlain. 

 

 

En chemin, nous avons l'occasion d'admirer la magnifique demeure des propriétaires qui possèdent une vue imprenable sur la rivière. Puis, nous faisons une pause déjeuner au bord de la rivière à l'ombre de grands arbres car il; fait toujours plus de quarante degrés. On en profite pour prendre du bon temps, David pêche tandis que je m'offre une petite sieste réparatrice. 

 

 

David attrape un barramundi, poisson mythique des rivières et des embouchures de l'Australie tropicale. On le relâche car on doit partir en ballade à El Questro Gorge. Un sentier se faufile parmi des palmiers et l'eau du ruisseau qui coule gentiment, puis s'enfonce petit à petit dans des gorges de plus en plus étroites. La fraicheur se fait sentir au fur et à mesure que nous progressons.

 

 

La ballade est très agréable au milieu des parois rouges recouvertes de fougères verdoyantes et du ruisseau qui rafraichit rien qu'à entendre le bruit de l'eau. Une fois engagés dans le défilé rocheux, de petits bassins naturels se succèdent tandis que de petites grenouilles détalent sous nos pieds. Une première piscine est occupée par un groupe de filles qui manifestement fêtent une victoire bien arrosée. On pousse l'exploration plus loin après quelques délicates escalades de gros amas rocheux qui nécessitent de laisser nos affaires sur place. A notre retour, la grande piscine est libérée et des souvenirs grivois des visiteuses sur l'appareil photo ! Une fois de plus, nous nous baignons dans un cadre enchanteur avec une eau parfaitement limpide.  

 

 

Encore une ballade fantastique dans un superbe endroit. On revient tranquille au camp. Malgré la chaleur torride, nous profitons d'être installés tôt pour aller faire un jogging pour maintenir la forme. Cela nous donne l'occasion de rencontrer chevaux et troupeaux de vaches qui évoluent en toute liberté nous rappelant ainsi la vocation première de cet endroit : une ferme. La soirée est chaude et orageuse, on essaie d'échapper à la chaleur tant bien que mal.


Dimanche 10 octobre
La nuit aurait pu être dormable s'il n'y avait pas eu deux averses qui ont nécessité une intervention pour ne pas avoir trop d'eau dans la voiture. Ce matin encore, le vacarme des oiseaux est assourdissant, perroquets cacatoès et corneilles s'en donnent à coeur joie. Nous partons aujourd'hui d'El Questro, mais avant de quitter cet endroit si spécial, nous partons à la découverte des Zebedee Springs. Le nom à lui seul est une véritable invitation au voyage. La ballade confirme cette impression. Le sentier se perd dans les palmiers enchevêtrés jusqu'à remonter aux sources tièdes et adorables petites piscines naturelles. Il y a un peu de monde mais nous trouvons quand même un coin des plus agréables. On s'installe dans un petit bassin où l'eau jaillit avec une force vivifiante, un vrai jacuzzi naturel. Extra !

 

              

 

Notre séjour à El Questro finit en beauté. Bien sûr l'endroit est touristique et fréquenté, mais il mérite cet engouement. Les paysages fantastiques, offrent des possibilités de ballade très variées dans des gorges toutes différentes les unes des autres et qui, cerise sur le gâteau, permettent des baignades rafraichissantes sous des températures caniculaires. 
Notre dernière étape est une piste qui nous mène à un rocher avec quelques gravures rupestre, la tombe d'un des héros de l'histoire du pays, un stockman c'est à dire un gardien de bétail et comme d'habitude une petite cascade où on peut se rafraîchir.

On rejoint la piste de Gibb River Road qui se transforme plus loin en route de goudron. Au croisement suivant, nous prenons vers le Sud pour les Bungle Bungle. Doon Doon Roadhouse représente une halte agréable à laquelle on ne peut résister. On est couvert de poussière et poisseux de transpiration. La route semble interminable dans cette platitude monotone écrasée par le soleil brûlant. Plus loin on franchit de nouveau des reliefs doucement vallonnés. A presque trois cents kilomètres de notre point de départ du matin, nous prenons la piste qui s'enfonce dans de superbes montagnes. Les paysages sont encore une fois magnifiques. Heureusement car la piste est complètement défoncée. Un kangourou manque de se jeter sous nos roues. Au loin, d'épaisses fumées noires se dressent dans le ciel bleu laissant présager d'immenses incendies, probablement provoqués par des rangers pour éviter des feux encore plus dévastateurs au plus fort de la saison sèche. 

 

 

Plus de deux heures sont nécessaires pour parcourir les presque 60 kilomètres qui nous séparent de la zone de camping public. Nous y arrivons en fin de journée exténués de chaleur et de fatigue. Aujourd'hui c'est Total Fire Ban. Interdiction formelle de faire du feu, même avec des réchauds à gaz. Heureusement des planchas sont mises à disposition des utilisateurs. Dans la soirée, la température flèchit légèrement, nous permettant ainsi de récupérer un peu.

 

Lundi 11 octobre
Nous sommes au pied des Bungle Bungle ou Purnululu en langage aborigène local. C'est un parc national récemment ouvert au tourisme. Il y a moins de trente ans de ça, seuls les locaux et quelques scientifiques connaissaient cette bizarrerie de la nature. Depuis, ce parc fait partie des principales attractions touristiques et il a été dernièrement proposé pour l'inscription au Patrimoine mondial. Pour l'instant, tout ce que nous voyons, c'est l'amas de mouches qui tentent de nous mettre le grappin dessus. Attaque en règle dès le lever, avec point d'orgue au petit déjeuner, rien de tel pour tester sa capacité à résister à l'énervement complet. Nous levons le camp rapidement et commençons notre visite par l'exploration de la charmante Echidna Chasm. 

 

               

 

Très agréable  de progresser dans les palmiers très fins flanqués et élégants au pied des montagnes rouges. Puis les parois ocres abruptes se resserrent jusqu'à ne laisser la place que d'un étroit défilé depuis lequel on aperçoit le ciel azur par une brèche. La température est divine avec le système naturel de climatisation intégré quand un petit air circule dans le dédale. Puis demi-tour, on revient sur nos pas. Au fur et à mesure qu'on revient en arrière, on entr'aperçoit un peu plus cette magnifique oasis dans ce désert minéralier.

 

              

 

Nous prenons la piste vers le Sud pour nous immerger dans ce qui fait l'unicité absolue des Bungle Bungle : un ensemble de tours rocheuses cylindriques, striées de rouge pour le silice et de noir pour les lichens qui se dressent dans une barrière infranchissable.

              

 

Encore un spectacle incroyable que nous admirons de plus près en remontant la Cathédrale Gorge qui s'enfonce au coeur de ces étranges formations en suivant un cours d'eau à sec. C'est complètement diffèrent de la gorge précédente, nous évoluons toujours en plein soleil qui cogne avec une force redoublée par la réflection des parois rocheuses qui nous entourent, une fournaise infernale. 

 

 

Nous tentons plus loin de trouver un endroit à l'ombre, le plus frais possible si tant est que cela soit possible. Un arbre au feuillage clairsemé nous offre un abri rudimentaire qui fera l'affaire. Nous ne sommes pas les seuls hôtes de la contrée, un lézard à l'allure étrange nous observe méticuleusement depuis les branches. Notre pique-nique le passionne.

Nous quittons le parc par la même piste infernale que la veille. Nous accueillons avec joie l'avènement du goudron si lisse. La route semble encore plus interminable avec la chaleur torride qui règne. Nous jetons un dernier coup d'oeil sur les paysages des Kimberley que nous quittons.

 

 

Nous atteignons Kununurra, petite ville moderne et active où nous retrouvons la civilisation. Nous sommes en terre humide, nous campons dans une moiteur étouffante que rien ne peut atténuer pas même la nuit qui tombe.



Mardi 12 Octobre

Kununurra est le centre d'un grand projet d'irrigation. Les environs de la bourgade sont une immense zone vouée à l'agriculture. Plantations de bananes, de melons et canne à sucre se succèdent mais notre plus grand plaisir, c'est de contempler de superbes fermes de manguiers hélas pas encore mures. Etonnant de voir autant de verdure cultivée après les paysages sauvages et arides qu'on a vu jusqu'alors. Ivanohé Crossing offre un beau panorama sur la région avec en prime, un joli passage à gué aménagé. La hauteur d'eau n'est pas très importante mais le courant est très fort et le sol particulièrement glissant. Nous nous interrogeons sur la technique à respecter pour franchir un tel obstacle quand un cousin de Totoy enrôlé dans la police nous fait la démonstration pour parvenir sur la piste en face.

 

              

 

Comme d'habitude, la rivière inspire à la flânerie, si on occulte les multiples avertissements de la présence probable de crocodiles marins. Nous préférons tester l'unique rhumerie de l"ouest avant de retourner en ville pour faire route en Territoire du Nord. Nous sommes encore loin de Darwin où les parents de David doivent nous rejoindre dans 2 jours. Nous roulons, roulons et roulons encore jusqu'à trouver un endroit pour bushcamper juste avant Katherine. Dans la nuit, les roads trains font un bruit terrible bien avant qu'on puisse les apercevoir. Une série de lumières alignées comme des guirlandes passent très fugitivement et finalement le vacarme s'estompe, un vrai "son et lumières".

 

Mercredi 13 Octobre
Etape de liaison. On rejoint Katerine où on fait le plein, puis on trace jusqu'à Darwin, plus de 300 kilomètres plus loin. Ca fait tout drôle de débarquer dans une grande ville, c'est tout de même la capitale des Territoires du Nord. Nous nous mettons en quête d'un logement confortable pour nous permettre de nous reposer tandis que les parents de David récupèreront du décalage horaire. La communauté asiatique est fortement implantée ici, c'est normal, on n'est pas très loin de cet autre continent. Heureusement pour nous car cela nous donne de nouveau l'occasion de se livrer aux joies du marchandage. C'est ainsi que nous nous retrouvons dans appartement sympa au sein d'une résidence tenue par des chinois, le tout dans une chaleur étouffante et de plus en plus humide. 

 


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