Arrivé à Ceuta
Vendredi 16 Juillet
A notre surprise, le passage de la frontière à Zobué est bien organisé et
de toute façon plusieurs personnes viennent spontanément nous aider. Et
puis comme ça, on s'entraine à la pratique du portugais. Quelle joie de
retrouver les sonorités d'une langue latine après plusieurs semaines
d'immersion en royaume anglo-saxon !
Nous prenons la route pour Tete, à une bonne centaine de kilomètres. Nous
traversons une région de très belles collines peuplées de villages de
paysans. Le ciel est bas et menaçant et
cela donne des couleurs fantastiques lors du coucher du soleil.
La nuit tombe mais nous sommes obligés de continuer jusqu'à Tete, la
capitale de la région dans laquelle nous espérons trouver un logement car pour le
Mozambique nous préférons éviter de bivouaquer à cause des mines. Nous y
arrivons alors que l'obscurité est déjà bien avancée. Juste
avant le pont, nous voyons un panneau de camping : "Jesus e bom" tout
un programme. Nous suivons la direction indiquée. Nous nous enfonçons dans les
faubourgs, au milieu des baraques de tôle ondulée. Et puis nous arrivons à
destination : un petit camping rudimentaire mais bien tenu, la famille du
propriétaire vit dans la case au fond de la cour : ambiance simple et bon
enfant.
Samedi 17 Juillet
Nous nous levons très tôt car nous avons quasiment 800 kilomètres de route
dans un état inconnu à parcourir avant d'atteindre la côte. Mais pour
l'heure, nous n'en sommes pas encore là et nous admirons la vue sur le Zambèze
au bord duquel se trouve notre camping. Un pont magistral l'enjambe et atterrit
au centre ville de Tete. Avant de partir nous essayons de glaner quelques
renseignements en discutant avec d'autres voyageurs. Comme pas mal de
sud-africains que nous avons croisés sur notre parcours, ils prennent leurs
vacances pour aller en mission évangélique dans les pays de la région, assez
surprenant à nos yeux.
La ville de Tete nous laisse une impression assez bizarre avec quelques
batiments modernes et pas mal de ruines. Nous arrivons quand même à trouver un
distributeur automatique et on a l'impression de gagner le jackpot en demandant
plusieurs millions de méticaïs ! On tourne en rond pour trouver une pompe
ouverte pour faire le plein complet de carburant car on ne sait pas trop comment
on en retrouvera sur notre chemin.
Nous voilà partis pour rouler toute la journée. La route est évidemment
très longue avec une partie qui traverse une région de plantations familiales d'ananas.
Et nous ne nous faisons pas priés pour nous arrêter quand un vendeur au bord
de la route nous hèle devant son étalage d'ananas. Finalement la route n'est
pas aussi mauvaise qu'on ne le craignait. Bien sûr, régulièrement, nous
avons droit à des passages horribles avec beaucoup de trous remplis d'eau mais
dans l'ensemble ce n'est pas trop mal. Nous arrivons bien tardivement à
Inhassoro, la soirée est déjà bien entamée mais nous sommes très heureux
d'être là et d'avoir rejoint l'océan qui commençait à beaucoup nous
manquer.
Dimanche 18 Juillet
Nous nous réveillons tranquillement et le soleil qu'on attendait tant est au
rendez-vous. Il n'y a pas grand monde dans notre camping, les principaux clients
sont les sud-africains et les vacances scolaires sont terminées, heureusement
pour nous. Certaines installations du camping ont visiblement souffert des
graves inondations qui ont atteint la région en 2000 mais petit à petit ils
reconstruisent.
Nous allons nous promener sur la plage, immense. La marrée basse découvre
des kilomètres de plage de sable blanc bordée de cocotiers ou de tamaris. Les
eaux peu profondes et cristallines scintillent de reflets argentés. A
l'horizon, les dunes de sable des îlots de l'archipel de Bazaruto offrent leur
silhouette aux courbes généreuses.
Les pêcheurs sont déjà au travail avec les moyens du bord.
Impeccablement alignés, enfoncés dans l'eau jusqu'à la taille, ils font
tournoyer leur ligne au dessus de la tête pour l'envoyer le plus loin possible.
D'autres préparent la boutre, embarcation à voile triangulaire traditionnelle
de la région, et la charge avec les provisions en attendant la marée haute
pour partir en famille. Les femmes et les enfants, inspectent minutieusement la
plage à la recherche de coquillages et peut-être d'appats pour les pêcheurs.
C'est un plaisir immense de se promener ici et de se laisser doucement imprégner
par cette atmosphère simple et naturelle.
En début d'après midi nous partons vers le sud et nous dévions de nouveau sur
la côte pour nous arrêter à Vilankulos. Le tour de la petite ville de
pêcheurs est vite fait et nous allons faire nos courses de produits frais au
marché. Nous retrouvons avec délice de merveilleux petits pains, des tomates,
oignons et concombres et du poisson que nous marchandons comme d'habitude. Bien
sûr, notre présence fait le spectacle et nous attirons très vite une petite
foule bien que la ville soit habituée à recevoir des touristes.
Nous prenons une piste à la sortie de la ville et les nuages s'amoncellent
gravement au dessus de notre tête. Au bout de plusieurs kilomètres de piste
parfois défoncée, nous arrivons dans un joli camping sur une plage
paradisiaque. Mais maintenant, il fait froid et il tombe même quelques gouttes,
nous nous rabattons sur le bar au décor exotique.
Lundi 19 Juillet
La plage est effectivement superbe et les paysages sont fantastiques mais
nous devons déjà partir. Un dernier petit tour à Vilankulos pour son sympathique
marché où nous négocions des gambas fraichement pêchées. C'est aussi une
ville moderne et nous trouvons un accès internet pour consulter nos messages et
préparer l'envoi de la voiture par bateau en Australie, la technologie, ça a
du bon !
Nous rejoignons la route principale pour filer sur Inhambane. Beaucoup
de plantations de mandarines mineolas bordent sur la route. Les étalages des
fruits orange vifs,
devant les maisons, attendent le client. Quand ce n'est pas les agrumes, ce sont
d'immenses cocoteraies qui bordent la route et la récolte du coprah occupent
pas mal de monde et génèrent beaucoup d'activités et de traffic.
Autre réalité, beaucoup plus triste et néanmoins bien présente, sont les
nombreux champs de mines délimités par de simples piquets blancs et rouges.
Il y en a beaucoup et malheureusement, on rencontre aussi beaucoup de personnes
à qui il manque une jambe. Le spectre de la guerre est toujours là. A
plusieurs reprises, nous croisons des opérateurs qui déminent le bord de la
route. Travail de longue haleine qui est rendu encore plus compliqué à cause
de la dispersion des mines
par les importantes inondations passées. Quelle tristesse et quelle honte,
qu'une population déjà meurtrie par tant d'années de guerre, subisse encore
ses méfaits, la paix revenue.
A Inhambane, nous admirons quelques reliques de la colonisation portugaise,
et nous admirons surtout la superbe baie avec toutes les boutres qui naviguent.
La ville est touristique comme en témoigne le marché avec produits plus ou
moins artisanaux qu'on essaie de vendre au visiteur. Nous nous enfonçons un peu
plus dans la péninsule par une piste qui nous amène au pied de dunes en
contrebas d'une cocoteraie ventée. C'est là que nous choisissons de
passer la nuit.
Mardi 20 juillet
Le soleil brillant et la température agréable nous incitent à la flânerie
le long de la plage qui une fois encore s'étend sur des kilomètres. Comme à l'accoutumée, les pêcheurs sont au
travail et c'est un plaisir sans fin d'assister à ces scènes quotidiennes et
d'admirer leur habileté.
Quant à nous, tout ce que nous avons à faire, c'est se livrer à l'activité
harassante du ramassage de coquillages et la contemplation des paysages
magnifiques.
Nous quittons cette plage paisible et repassons par Inhambane pour cette-fois
ci prendre la direction du bout de la péninsule jusqu'à Barra. Ici c'est le
royaume des complexes touristiques pour sud-africains, toutes proportions
gardées bien sûr. La paix revenue, le pays connait un essor touristique
grandissant et le gouvernement, bien sensible à cette manne financière, a vite
compris les enjeux. Du coup, depuis mars de cette année, ils ont interdit le
camping dans cette région, préférant le touriste argenté au voyageur à
petit budget : la logique économique est en marche. Nous tournons un peu en
rond et à force de batailler, nous apprenons qu'il y a un camping municipal à
côté d'un vieux phare, de l'autre côté. La piste qui y conduit est bien ensablée et on ne sait
pas trop sur quoi on va tomber.
Dans la pénombre de la nuit naissante, nous parvenons au sommet de la
colline. Il n'y a personne, juste deux pêcheurs et un jeune garçon. Nous
n'arrivons pas à obtenir le prix du camping mais de toute façon, on n'a pas
trop le choix. Il n'y a pas d'emplacements particuliers et les installations
sanitaires presque neuves montrent bien que l'activité est récente. Nos trois voisins se préparent à manger le
résultat de leur pêche
et deux chiens et un tout petit chaton jettent leur dévolu sur nous, bien
contents de trouver quelqu'un sensible à leur manque de caresses.
Nous nous installons sous un gros arbre, en surplomb de la magnifique baie de
Barra et la soirée s'écoule tranquillement. Finalement, le patron finit par
arriver, surement que le jeune garçon est parti le prévenir de notre arrivée
tardive. Le prix n'est pas donné mais la situation unique le compense
largement.
Mercredi 21 juillet
La vue qui nous est offerte à notre réveil est tout simplement fabuleuse.
Du phare, nous dominons toute la baie et la plage de l'autre côté, découverte
à marée basse. D'innombrables bancs de sable dessinent un dédale dans la mer.
Une fois de plus, nous longeons la côte et ses paysages magnifiques sous le
soleil du matin. Quelques
pêcheurs sont à l'ouvrage mais c'est surtout les femmes et les enfants qu'on
observe. Ils ramassent quelque chose qu'on n'est pas arrivé à identifier, dans
les trous d'eau prisonniers des rochers, laissés par la mer qui se retire à
marée basse. Ils sont éclatés de rire devant notre mine intriguée et
perplexe. Malgré nos tentatives d'explication, le mystère reste entier. Au
loin, le ballet majestueux
des boutres égaye la baie de Barra.
A notre retour à la voiture, les pêcheurs d'hier soir nous proposent leur
cueillette : une pleine marmite de clams, tout frais de ce matin. Nous ne
résistons pas et achetons la moitié de leur butin. Nous plions bagages et
quittons ce petit paradis à contre coeur. Juste avant de retrouver le village, sur la piste,
nous doublons un jeune pêcheur, plusieurs poissons et surtout une langouste
pendent à sa ceinture. Nous le soulageons du précieux crustacé et repartons
sur la piste, salivant à l'avance, du délicieux repas en perspective.
Nous
roulons toute la journée et arrivons à Bilene, tard dans la soirée. Cette
fois-ci, nous sommes entourés par beaucoup de vacanciers. Apparemment, cela
semble être un lieu de villégiature très apprécié ici, mais il faudra attendre
demain matin pour savoir pourquoi.
Jeudi 22 Juillet
Le soleil n'est pas très haut et déjà beaucoup de vacanciers sont sur le
pied de guerre. Il est vrai que l'endroit doit se prêter à bien des
activités. Une belle lagune est séparée de l'océan par une grande langue de
sable. Les clients ont le choix : ballade, quad, motos, pour la partie terrestre
et nage, plongée, pêche, bateau pour les activités nautiques etc.
Apparemment, certains viennent ici très motivés quand on voit tout le
matériel qu'ils amènent avec eux en plus de la remorque ordinaire avec la
batterie de cuisine et tutti quanti. Depuis la France, je n'aurais jamais
imaginé que le Mozambique était une destination de villégiature prisée pour
touristes sud-africains.
Mais pour nous, ça sera une autre fois car, comme nous voulons être à
Prétoria vendredi matin, nous devons quitter le pays aujourd'hui. Nous avons de
nouveau une longue route à faire. Nous nous imprégnons des dernières scènes
de vie africaines traditionnelles car nous savons qu'après, la modernité à
l'occidentale aura tôt fait de prendre le dessus. Déjà, Maputo et ses
environs, avec ses autoroutes à péages toutes neuves nous donne un avant-goût
de ce qu'on appelle progrès et civilisation. Et au fur et à mesure que la
frontière s'approche, doucement une certaine nostalgie nous envahit.
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