Arrivé à Ceuta
Mercredi 12 Mai
Après notre pause touristique aux chutes de Ruacana, nous rattaquons le
chapitre des formalités avec le passage côté Namibien. Quel changement, le
bâtiment est superbement entretenu, le policier est équipé d'un ordinateur à
partir duquel il vérifie nos passeports et enregistre un bon nombre
d'informations nous concernant ce qui fait durer l'opération. Pendant ce temps,
un groupe de trois hommes et une jeune mère himba avec son bébé arrivent dans
le bureau et font eux aussi les formalités. Quel décalage entre la superbe
allure de cette jeune femme et cet environnement si moderne. Pendant que
l'officier pianote sur son clavier, nous avons le temps de sympathiser avec les
himbas en échangeant regards et sourires. Celui qui semble être le père me
donne le bébé dans les bras et me fait signe de partir avec ! Il est bien sûr
enduit de cette mixture faite à base de beurre et de terre rouge ce qui lui
donne un teint superbe et une odeur légèrement âcre. Je rends l'enfant à sa
mère plutôt inquiète de ce manège et nos amis nous quitte vers d'autres
horizons.
De notre côté, nous attendons le douanier qui est parti faire un
tour : moderne la Namibie mais toujours africaine ! Il arrive enfin dans un
état semi-conscient si on s'en réfère à ses yeux. Il plane complètement et
je dois lui expliquer comment remplir le carnet de passage.
Apparemment ça lui pose problème, il épluche chaque feuille vierge de notre
document, prend d'autres feuilles à côté, les tapote pour les ranger. Puis il
ouvre un tiroir y prend un tampon et reprend notre carnet qu'il relit pour la
n-ième fois, ainsi de suite plusieurs fois d'affilée et au ralenti. Nous
devons faire preuve de notre plus grande patience pour ne pas lui voler le
tampon et remplir le carnet à sa
place. Finalement au bout d'une éternité, ayant réussi à mobiliser tous ses
neurones encore intacts, il nous rend le carnet rempli et tamponné. Mais nous
ne sommes pas sortis d'affaire pour autant. Dehors, ce sont les militaires qui
ont décidé de faire du zèle en voulant vérifier les numéros de châssis et
de moteur de la voiture. Ce dernier n'est pas évident à trouver et ils mettent
pas mal de temps avant de le découvrir et nous libérer enfin après deux
bonnes heures de formalités. On s'attendait à bien moins.
David se familiarise avec la conduite à gauche mais comme le goudron est
parfait et qu'il n'y a pas trop de monde, c'est assez facile pour l'instant. Par
contre, il est 17 heures passées et tout est fermé, on ne peut pas retirer
d'argent et nous sommes encore loin d'Ondangwa. Malgré tout ce monde qui habite sur les bords de la route
et les fermes clôturées, nous trouvons une petite piste qui s'enfonce derrière des champs,
c'est parfait pour nous.
Jeudi 13 Mai
Nous arrivons à Oshakati, capitale de la région et nous sommes de suite
plongés dans la société de consommation. Nous en profitons pour retirer de
l'argent et faire des emplettes. Avec la société de consommation nous trouvons
aussi la petite délinquance et nous avons manqué de peu de nous faire voler
notre sac, alors que j'étais descendue de la voiture et que David m'attendait au
volant. Un jeune essaye d'attirer son attention de l'autre côté de la voiture
tandis qu'un autre rôdait près de ma portière. Heureusement, David a flairé
l'embrouille de suite.
Arrivés à Ondangwa nous complétons nos courses David en
profite pour se faire couper les cheveux chez le barbier coiffeur local à la
grande surprise des clients présents. Il fait nuit quand nous passons le
portail du camping situé au coeur d'Ondangwa et à notre grande joie, nous
retrouvons nos acolytes au complet. Ils sont arrivés hier et ont passé la
frontière assez rapidement après avoir été un peu embêtés côté Angola :
tout le contraire de nous. Par contre ils ont dû payer une taxe namibienne à
laquelle nous avons échappé. Mais le principal, c'est qu'ils ont pu remorquer
Pinzie jusqu'ici et Urs a déjà contacté son garagiste en Suisse pour se faire
envoyer les pièces défectueuses.
La soirée des retrouvailles est joyeuse et animée. Nous sommes rejoints par un couple de
voyageurs namibiens qui comptent se rendre en Angola. Ils sont coincés ici dans
l'attente de leur visa. Ils nous donnent plein de tuyaux sur les endroits à
voir et pistes à faire en Namibie. Nous leur donnons en échange le maximum
d'informations sur notre traversée de l'Angola. Pour fêter nos retrouvailles
Urs et Elza nous concoctent un délicieux repas d'inspiration helvétique
et il est bien tard quand on finit par se coucher.
Vendredi 14 Mai
Slade et Krissy nous préparent un vrai breakfast avec oeufs au plats, bacon,
haricots et saucisses : un petit déjeuner très roboratif de bon matin ! On
reste la journée au camping et tous ceux qui ont un ordinateur s'installent
pour travailler. C'est impressionnant, un véritable bureau en plein air. Krissy,
Connie et Jenifer sont parties en voiture à la recherche d'une laverie
automatique vu la montagne de linge que nous avons tous à laver. A peine
quelques minutes plus tard, elles reviennent et à voir l'agitation qui
règne dans la voiture, il a du se passer quelque chose. En effet, Krissy s'est
fait volé son sac et a besoin de Slade pour faire sa déposition au poste de
police. Ils repartent en vitesse. Nous ne savons pas vraiment ce qu'il s'est
passé et c'est à leur retour que chacune nous raconte sa version. Jenifer
conduisait et Krissy était à ses côtés et Connie derrière. Comme elles ne
trouvaient pas la laverie, elles se sont arrêtées et Krissy est
descendue pour demander à quelqu'un. Pendant que Krissy avait le dos tourné,
quelqu'un en a profité pour voler son sac dans la voiture alors que Jen et
Connie étaient dedans. Connie est descendue pour courir après le voleur en
criant après lui et Jen a démarré en trombe pour le poursuivre
tandis que Krissy ne comprenait rien à ce qui se tramait derrière elle.
Instantanément, tout le monde a stoppé ses activités pour courir après les 3
fripouilles. En un clin d'oeil, le marché s'est vidé, mêmes les mamies ont
laissé tomber leur sac de provisions pour se ruer après les voleurs. C'est donc
une foule entière que les voleurs avaient à leur trousse. Et puis il y a eu 3
coups de feu et un énorme attroupement : deux des trois voleurs ont été
arrêtés et le sac récupéré, la présence de la police empêchant la
vindincte populaire. Krissy, elle était loin derrière cette scène et ne
voyant plus Connie dans cette foule avait très peur pour elle. Heureusement, ce
n'est que l'argent qui a disparu et personne n'a été blessé mais les 3
filles sont quand même un peu choquées par l'ampleur que l'incident a pris et il y a de quoi, même si c'est un
incident malheureusement banal ici.
Du coup, on décide d'adopter les nouveaux réflexes pour que cela ne se
renouvelle pas : rouler vitre levée en ville, portière verrouillée à chaque
fois et dès qu'on descend de la voiture, sacs à main à l'abri des convoitises ...
Comme tout le monde au camping est finalement au courant de notre mésaventure,
chacun y va de ses conseils et de son couplet sur l'augmentation de
l'insécurité surtout depuis l'indépendance ...
Samedi 15 Mai
Nous quittons Urs, Elza et Bayo aujourd'hui pour aller au parc d'Etosha. Ils
pensent recevoir les pièces la semaine prochaine et Slade remontera pour les
aider à réparer. On espère tous se retrouver de nouveau à Swakopmund d'ici
une dizaine de jours. La propriétaire du camping nous a permis d'utiliser sa
machine à laver, et nous sommes venus à bout de notre pile de linge
juste à temps mais il n'est pas sec. Nous l'étendons comme nous le pouvons
dans la voiture qui prend de suite une allure très folklorique
La route est une longue ligne droite, plate qui traverse de belles étendues
également planes. Beaucoup de monde et pas mal de troupeaux d'ânes qui errent
sur les bords. Nous arrivons à notre premier camp au parc d'Etosha en milieu d'après midi et nous
ne sommes pas seuls ! Ca fait très bizarre de voir autant de vacanciers d'un
coup, majoritairement des sud-africains avec leur 4x4 et la plupart du temps
leur super remorque tout-terrain parfaitement équipée pour la vie au grand
air. Il y a aussi les camions d'aventure qui font de plus ou moins grands
circuits en Afrique australe.
On s'installe tranquillement et Slade s'investit de suite dans la
préparation du repas de ce soir avec son potjie, ustensile typiquement sud
africain que possède chaque campeur digne de ce nom ici. Il s'agit d'un pot en
fonte sur 3 pieds dans lequel Slade nous mitonne un délicieux plat qui mijote sur
le feu pendant plusieurs heures.
Dimanche 16 - Mercredi 19 Mai : parc Etosha
Pendant notre séjour, nous nous levons à 5H30 alors qu'il fait encore nuit,
nous mettons le maximum de chances de notre côté pour voir les prédateurs.
Démarrer aussi tôt a du bon : ça nous donne l'occasion de faire découvrir à
nos collègues la tradition de la pause casse croûte qu'ils apprécient fortement.
Nous évoluons dans de superbes paysages de savanes, de pans asséchés ou de
brousse compacte. Pendant tout notre séjour, nous pouvons admirer à maintes
reprises multitudes d'herbivores et d'oiseaux. Springboks, impalas, zèbres,
gnous, girafes, oryx, kudus et autres proies en puissance sont visibles
facilement. Nous les voyons se réveiller gentiment, se rendre au point d'eau
bien rangés en file indienne, se reposer couchés dans les hautes herbes ou
debout à l'ombre d'un acacia ou encore courir dans tous les sens quand les
jeunes se défoulent. Parfois en petit nombre ou encore dans un grand troupeau.
Bref on se régale.
Nous avons aussi la chance à deux reprises d'admirer une horde d'éléphants
qui vient en pleine chaleur chercher un peu de fraicheur dans une marre. De
suite ils prennent possession des lieux et plus personne ne peut approcher
l'eau, c'est devenu leur royaume. Ils s'en donnent à coeur joie, boivent des
litres et des litres, s'aspergent d'eau, se vautrent dans la boue puis se
couvrent de poussière et s'ébrouent tout comme un chien tout mouillé. Quel
spectacle fabuleux. Le soir dans le trou d'eau de nos campements, nous avons
aussi pu admirer des rhinocéros venant boire.
Mais moi ce que je préfère c'est les gros chats : serval, caracal,
guépard, lion et surtout léopard. Bien sûr il faut avoir l'oeil mais les
herbes étant hautes, ce n'est pas facile. Il faut surtout avoir beaucoup de
chance et en une fin d'après midi nous avons été largement récompensé de
nos efforts. Nous avons pu assister aux ébats amoureux d'un couple de lions et
admirer non loin de là un grand mâle solitaire. Que de sensations !
Notre séjour dans la réserve touche à sa fin. Nous avons tous des
impératifs différents mais on finit par trouver une organisation. Slade et
Krissy remontent demain à Ondangwa pour aider Urs et Elza à réparer le Pinzie.
Ils laissent Vicky entre les mains de Witt et Jen qui partent avec nous
découvrir le Brandberg et la côte. Graham et Connie restent avec Slade et
Krissy pour la journée puis filent demain jusqu'à Windhoek pour faire réparer
et changer des pièces de leur Land Rover. Nous prenons rendez-vous dans
quelques jours à Swakopmund.
Notre équipée, réduite pour l'instant à deux véhicules, se dirige dans
l'après-midi vers Outjo que nous atteignons peu avant 17 heures. Damned, c'est
l'heure fatidique à laquelle tous les commerces ferment en Namibie excepté les
grands supermarchés et les stations services et encore. Très étonnant de voir
tous les magasins, grilles baissées et le centre ville qui se vide alors qu'il
ne fait pas encore nuit. On s'installe dans un bon camping très bien aménagé.
Comme on n'a pas trop envie de manger dehors avec le petit vent frais qui s'est
levé, on s'offre un repas de roi au restaurant de l'établissement. Le boeuf y
est souverain et le T-bone stupéfiant : 500 grammes la portion pour les hommes,
et 300 grammes la version femme !
Jeudi 20 Mai
Nous démarrons tranquillement et commençons par tenter de faire notre
réapprovisionnement en produit frais en ville. Il n'y a plus que des
supermarchés avec des produits principalement importés d'Afrique du Sud et
tomates et salades correspondent bien aux normes de la production à grande
échelle : bien calibrées mais pas très goûteuses. Par contre le rayon viande
est impressionnant : boeuf sous toutes les formes et saucisses en tout genre. Un
petit tour dans le cyber café du coin où une fois de plus, je ne peux pas
mettre à jour le site pour cause d'ordinateurs trop anciens, mais il est situé
dans une très bonne pâtisserie, ce qui permet de trouver quelques bonnes
excuses pour prendre son mal en patience comme le délicieux apple strudle ou
les rusks qui accompagnent le thé.
Nous prenons ensuite la route pour Khorixas que nous a conseillée un des
habitants de la ville. A la dernière station, tout le monde remplit les
réservoirs avant d'attaquer les pistes qui mènent dans des contrées plus
isolées. Les paysages sont effectivement fantastiques. Nous traversons
d'immenses chaînes de montagnes avec des vallées toutes aussi immenses. Il y a
de moins en moins de traces de vie humaine. De rares fermes, de temps en temps
une bourgade qui se résume à quelques échoppes, des paysans avec leurs
charettes et puis c'est tout. Le reste c'est la nature à l'état brut, on se
croirait parfois en plein Western
On arrive à Palmwag, une sorte d'oasis en plein désert, pour y camper mais
le camping est complet et il n'y a rien d'autres aux alentours. Nous partons à
la recherche d'un bivouac. Un peu plus loin, nous trouvons le lit asséché
d'une rivière. Nous le remontons un peu tant bien que mal, les cailloux étant
de plus en plus gros et de plus en plus nombreux. On finit par trouver un
endroit très sympathique où Vicky peut monter sa tente entre nos deux voitures
pour la protéger des bêtes sauvages des fois que ...
Vendredi 21 Mai
On retourne au camping de la veille car il fait partie d'une réserve privée
dans laquelle se trouvent de belles gorges qu'on espère voir en se balladant à
pied. En fait, les ballades ne se faisant qu'en voiture, on décide d'y passer
la journée. Mais les pistes ne sont pas du tout indiquées et on rate les
gorges. Malgré de beaux paysages de montagnes arides, la visite ne correspond
pas à ce qu'on attendait. On voit quelques animaux dont le zèbre des montagnes
mais ce n'est sans commune mesure avec Etosha. En plus les pistes sont des
pistes de pierre ce qui les rend extrêmement cahotantes, donc pénibles et lentes. Du coup, on
abrège le circuit et on part pour le site de Twyfelfontein.
La route est longue mais aisée et ne cesse de traverser des montagnes et des
plateaux. Bien avant Twyfelfontein, nous trouvons une nouvelle fois le lit
asséché d'une rivière. On remonte facilement l'oued jusqu'à un méandre
dominé par une grande falaise. C'est un abri parfait pour passer la nuit et
nous ne sommes pas les premiers à bivouaquer ici. C'est magnifique. Peu à peu
la nuit tombe et le vent frais se lève. On se rapproche du feu. Soudain un cri
sourd et rauque retentit dans l'obscurité, amplifié par l'écho de la gorge.
Qu'est ce que ça peut bien être ? Nous retenons notre souffle mais plus rien.
Les opinions divergent mais nous sommes tous d'accord pour dire que c'est très
impressionnant !
Samedi 22 Mai
Nous roulons un bon moment sur la piste de gravier qui nous offre des
perspectives toujours aussi fantastiques. Régulièrement on voit des animaux
sauvages sur les bords de la route : oryx, springboks, autruches, ou kudus.
Nous poussons jusqu'au site de la forêt pétrifiée pour voir
un phénomène intéressant. Des troncs d'arbres entassés ici il y a plusieurs
millions d'années se sont littéralement pétrifiés. Incroyable de voir ces
morceaux de bois transformés en pierre avec toutes les caractéristiques des
arbres : l'écorce, les noeuds, les cercles concentriques à l'intérieur du
tronc, ...
Nous retournons ensuite en arrière pour prendre la piste pour
Twyfelfontein. Sur les bords, nous voyons des traces de pas d'éléphants assez
fraîche. Nous espérons apercevoir le fameux éléphant du désert mais nous
arrivons trop tard, il est passé hier.
Twyfelfontein, c'est tout d'abord un site naturel magnifique de
collines ocres dans la végétation vert foncé et les herbes blondes. Il
inspire, les Sans, plus connus chez nous sous l'appellation Bushmens, depuis des milliers
d'années. D'innombrables gravures rupestres recouvrent des pans de roche ou de
montagne un peu partout. Ils y ont gravé essentiellement les animaux qui
partageaient leur environnement mais aussi quelques scènes de leur quotidien.
La visite est des plus agréables et c'est toujours saisissant de voir un
témoignage du passé encore vivant sous ses yeux. Eléphants, rhinocéros,
oryx, zèbres et girafes mais de façon beaucoup plus surprenante pingouins et
otaries sont représentés, ce qui montre que ces nomades sont quand même
allés jusqu'à la côte.
La visite terminée nous continuons sur la montagne brûlée et
les tuyaux d'orgue, deux phénomènes naturels bien étranges. Nous nous
arrêtons un peu plus loin pour bivouaquer dans un endroit encore superbe. La
lumière du soleil couchant embrase les collines rouges et c'est de nouveau le
spectacle merveilleux de la nature qui se déroule devant nous.
Dimanche 23 Mai
Après avoir roulé toute la matinée, nous passons l'imposant Brandberg pour
atteindre Uis la ville du coin. Nous pouvons ainsi nous réapprovisionner en
nourriture et carburant mais surtout nous trouvons un téléphone pour joindre
Slade à Ondangwa avant d'envisager la suite. Malheureusement, les nouvelles ne
sont pas bonnes. Les pièces ont été tout juste envoyées et avec le Jeudi de
l'Ascension qui est férié ça va mettre pas mal de temps avant que Urs et Elza
ne les reçoivent. Du coup ils ne pourront pas être au rendez-vous de
Swakopmund maintenu à Mardi après-midi, mercredi matin au plus tard. A
l'évidence, on ne reverra pas nos amis franco-suisses de sitôt, ça nous rend
tristes mais ça fait partie des aléas du voyage.
Nous discutons longuement entre nous pour décider de la suite du périple.
Comme Witt et Jen doivent très prochainement partir à l'assaut du Kilimondjaro,
ils ont besoin de s'entrainer un peu. Ils voulaient escalader le Brandberg mais
cela prend trois jours plus la préparation de l'expédition. On retourne sur
nos pas, vers la White Lady située sur un côté de la montagne pour voir avec
les guides de randonnées quelle marche ils peuvent nous proposer. Ils tombent
d'accord sur une randonnée dans la montagne de quatre heures tôt dans la
matinée.
L'accord conclu, nous partons explorer les abords du Brandberg pour trouver
un bivouac. L'avantage de la Namibie, dans les régions sauvages, le camping
libre est autorisé et on trouve des emplacements prévus pour cela. C'est le
cas ici et on ne met pas longtemps à trouver l'endroit idéal pour se poser.
Comme il est encore tôt, j'en profite pour m'installer pour travailler mais ce
cadre idyllique est envahi de petites mouches qui ne vous laissent pas en paix.
Pour ne pas perdre ma concentration, je suis obligée d'employer les grands
moyens et de recourir à la moustiquaire de tête que me prête Jen. Look
bizarre mais effet garanti.
Lundi 24 Mai
Pendant que les autres font leur séance matinale de remise en forme
accélérée, je me trouve un endroit à l'abri du soleil et des mouches pour
travailler. Ils me rejoignent plus tôt que prévu. En fait leur randonnée
n'était ni plus ni moins que le circuit touristique le plus long de visite de
la White Lady, peinture rupestre San. J'aurais donc pu participer car le niveau
de difficulté n'était pas aussi élevé que souhaité.
On prend la piste qui contourne la majestueux massif du Brandberg et c'est
magnifique. Les flancs de la montagne changent de couleur suivant les endroits :
rouge, ocre, violet ou noir de jais avec des reliefs impressionnants. Le sol est
tapissé de Welwitshias ces plantes étranges, parfaitement adaptées à ce
milieu aride, composées uniquement de deux longues feuilles qui s'enroulent
autour de la tige et qui sont parfois millénaires. Petit à petit les paysages
deviennent de plus en plus secs jusqu'à la disparition de toute trace
végétale submergée par un monde minéral fabuleux. Ce sont ensuite des
paysages lunaires volcaniques qui apparaissent. On dirait qu'une main de géant
a poussé la croûte terrestre créant des ondulations saisissantes. Enfin le
désert reprend ses droits nous offrants d'autres perspectives toujours
magnifiques.
Nous entamons notre descente vers la côte. En à peine cinquante kilomètres
nous sommes descendus de mille mètres et avons perdus 15 degrés. Ce choc
thermique est accentué par le vent, plus frigorifiant que vivifiant, qui
souffle avec force depuis l'océan. Heureusement, nous trouvons un endroit sur
la plage relativement épargné par Eole. Nous ne nous faisons pas prier pour
nous y installer, les garçons partant à la recherche de bois échoué pour
nous faire un feu réconfortant pour la soirée
Mardi 25 Mai
Nous commençons notre journée par la visite de Cape Cross, une réserve
créée ici pour la colonie d'otaries qui y est installée. Autant dire qu'il
faut avoir l'estomac bien accroché pour affronter de bon matin, cette puanteur
extrême dégagée par les dizaines de milliers de ces sympathiques mammifères
marins entassés au sol ou nageant dans la mer dans un vacarme étourdissant.
Mais c'est un spectacle incroyable qui en vaut la peine. D'innombrables femelles
se prélassent à terre avec parfois un petit à leur côté. De temps en temps,
un énorme mâle, deux à trois fois plus gros qu'elles débarque en semant la
pagaïe autour de lui. Mais le plus beau c'est de les voir tous batifoler dans
les vagues. Ils sont des milliers à plonger, sauter, pêcher, se rouler dans
les déferlantes de l'Atlantique, ils s'en donnent vraiment à coeur joie.
On continue de longer la côte désertique et désolée. Les paysages me
semblent mornes, dénués de la beauté souvent liée au désert.
Régulièrement au bord de la plage, des cahuttes ou des pick-ups révèlent la
présence de pêcheurs s'adonnant à l'un des passe temps favoris des Namibiens.
Nous arrivons à Henties Bay, coquette station balnéaire qui surgit de
façon surprenante du néant du désert. Nous y faisons halte pour pique niquer
en admirant les superbes rouleaux de l'océan. La route se poursuit, monotone
jusqu'à Swakopmund. Là aussi c'est la surprise, une station balnéaire chic en
plein désert avec en plus une allure plus allemande qu'une bourgade d'Allemagne
! Les rues du centre sont sympathiquement agrémentées de bâtiments de style
germanique et de couleurs gaies. Nous cherchons le camping qui peut tous nous
accueillir mai il n'y a pas vraiment le choix : un très cher ou un autre bon
marché mais pas terrible bien que situé derrière la plage. On opte pour ce
dernier et on repart en ville pour chercher une laverie pour notre corvée de
linge. Bien organisée, elle possède un cybercafé, on ne demande pas mieux. Au
bout d'une heure, Slade et Krissy débarque ayant facilement repéré nos
voitures. Il nous manque encore Graham et Connie mais en faisant un tour en
ville en fin d'après midi, on tombe sur eux entrain de courir vers nous comme
des fous en faisant de grands gestes.
La nouvelle troupe au complet, on se fait une bonne bouffe dans un des
restaurants de la ville, en profitant pour voir dans quelles mesures les plans
de chacun convergent. Pas évident : Graham et Connie doivent partir pour
l'Afrique du Sud vers le 10 juin, Witt et Jen doivent être à Johannesbourg
pour s'envoler vers le Kilimondjaro le 6 Juin et Vicky doit être aussi à
Johannesbourg le 25 Juin pour s'envoler vers la Nouvelle Zélande pour y
travailler un an. Slade et Krissy amenant Vicky ont les mêmes contraintes et
ensuite terminent à Durban où habite Slade. Quant à nous, nous descendons
vers le sud et remontons ensuite tout au nord de la Namibie pour aller ensuite
au Botswana. Difficile de concilier les exigences de chacun mais on a vraiment
envie de refaire un bout de chemin ensemble. Finalement nous tombons d'accord
sur un plan dans lequel nous partons tous ensemble à Sandwich Bay puis nous
re-séparons avant de nous retrouver de nouveau à Sossusvlei.
Mercredi 26 Mai
Nous restons en ville la matinée pour régler différents points avec les
voitures, les courses et internet. Nous en profitons pour regarder les magasins
de campings ou pléthore d'accessoires nous font bien envie. Nous partons
ensuite tous pour Walvis Bay où nous devons nous renseigner sur l'expédition
à Sandwich Bay. Malheureusement pour nous, ce n'est pas possible aujourd'hui à
cause des marées qui rendent la piste impraticable. Les horaires du lendemain
ne sont pas très satisfaisants : soit on se lève à trois heures du matin, soit
on part à une heure de l'après midi sachant qu'on ne peut pas camper sur place
et qu'il faut ressortir de ce parc avant 18 heures. Aie, après longue
discussion, nous renonçons aux dunes et aux oiseaux de Sandwich Bay.
Notre petit groupe en profite quand même pour planifier une expédition en
Kayak le lendemain matin tandis que Slade, Krissy, Graham et Connie feront notre
circuit Cape Cross - Brandberg à l'envers. Nous prenons le temps de savourer le
coucher de soleil sur la baie avant de partir bivouaquer un peu plus loin au
pied des dunes.
Jeudi 27 Mai
Tout le monde est levé bien tôt et nous faisons nos aurevoirs, comptant
bien nous retrouver samedi prochain à Sossusvlei. Nous partons à Walvis Bay
pour retrouver Jane qui emmènera mes compères faire un tour en kayak à Pelican Point
qui est une zone à accès restreint. Nous suivons Jane pendant quasiment une
heure, longeant la baie où on peut admirer des flamands roses, traversant des
marais salants puis roulant sur une langue de sable de plus en plus étroite qui
fait face à Walvis Bay d'où nous sommes partis.
Comme je ne suis pas une grande aquatique, je les laisse batifoler avec les
phoques pendant que j'admire le spectacle de loin et que j'en profite pour
tenter d'avancer dans mon travail. Au bout d'une grosse heure, ils reviennent à
terre pour faire une pause café petits gâteaux et repartent une dernière fois
sur les eaux. Ils terminent fatigués mais heureux d'avoir pu jouer avec les
phoques qui sautaient par dessus leurs embarcation ou essayaient de mordre leur
pagaie, et d'avoir été accompagnés par les dauphins.
Nos amis anglophones ayant absolument besoin d'internet pour régler
leurs problèmes de billet d'avion, nous repartons à Swakopmund. Nous revenons
ensuite bivouaquer à Walvis Bay au même endroit que la veille, l'emplacement
étant des plus agréables.
Vendredi 28 Mai
Réveil en fanfare au lever du jour. Nous avons décidé de grimper la dune
et de la redescendre en glissant dessus. L'ascension est vite éprouvante mais
une fois arrivés en haut quel bonheur. Nous avons pris soin de nous munir de
couvercles en plastique et nous une couverture pour tester les sensations de la
glisse sur sable. Comme on finit par s'enfoncer plus que de glisser, David prend
le taureau par les cornes et dévale la pente en tirant la couverture sur
laquelle je me suis installée : sensation garantie et nous arrivons en bas bien
essoufflés mais éclatés de rire. Pour se remettre de tant d'efforts, Vicky
nous prépare des "french toasts" pour le petit déjeuner. En fait, il
s'agit de pain perdu. Quel régal, on recommencerait presque !
Nous partons pour le parc du Namib Naukluft, les paysages désertiques sont
de plus en plus rocheux. Après les montagnes désolées, nous arrivons à des
vallées plus douces pour de nouveau nous retrouver en montagne. Nous faisons
une halte à Solitaire, un village réduit à une station, une épicerie et un
lodge mais il se dégage d'ici une atmosphère attachante. L'épicerie fait
aussi office de boulangerie, pâtisserie, drugstore, librairie et fait le
meilleur applestrudel du pays et son pain aux céréales est très réputé
aussi. Nous sommes donc obligés de goûter les deux spécialités avant de
repartir.
Nous arrivons au parc juste à temps pour nous
renseigner sur les chemins de randonnée. Nous nous installons ensuite au
camping du parc et nous lançons dans la préparation du repas. Ce soir
nous faisons découvrir à nos amis les pommes de terre sautées à la
persillade qui accompagneront les énormes T-bones grillés au braai (barbecue
en afrikaner). On a besoin de prendre des forces car demain nous partons pour un
circuit de 17 kilomètres à pied dans les montagnes du Naukluft.
Samedi 29 Mai
Lever 6H pour finir pas trop tard. Le sentier que nous empruntons chemine le long d'une rivière dans de belles gorges puis remonte
dans la montagne. Nous voyons des babouins et des diks-diks et beaucoup de
sortes d'oiseaux. Nous reconnaissons un cri familier, il s'agit des petits
perroquets inséparables, les mêmes que nous avions à la maison. Quelles
surprise agréable de les voir s'ébattre en pleine nature. Nous voyons aussi
beaucoup d'empreintes dans le sable et particulièrement de gros chats : nous
espérons apercevoir un léopard sait-on jamais. Puis on quitte la rivière pour
grimper dans de vastes plateaux désolés. C'est de plus en plus difficile pour
moi et la ballade censée être facile se révèle plus délicate que prévu car
on doit souvent progresser parmi les pierres et cailloux du lit de la rivière
que dans un sentier bien dégagé. L'ascension des plus hautes montagnes est
particulièrement éprouvante, ça grimpe sec mais la vue au sommet est
fantastique et j'arrive encore à l'apprécier !
La descente est encore plus pénible que la montée et la deuxième partie de
la randonnée se transforme pour moi en un véritable calvaire. Les paysages
rudes sont moins intéressants que le matin mais surtout j'ai une ampoule à chaque pied et quand j'ai de la chance, je ne sens plus mes jambes sinon je dois
me concentrer pour arriver à mettre un pied devant l'autre. On ne m'embarquera
pas de sitôt dans une ballade aussi longue, facile ou pas !
Nous retrouvons enfin la rivière et arrivons au camp un peu avant 16H. A
peine le temps de se requinquer qu'on doit déjà partir pour pour espérer retrouver les autres ce soir. Nous avalons les kilomètres sur la piste de
gravier mais nous arrivons à la nuit tombée au camp de Sesriem. Heureusement,
les barrières du parc ne sont pas encore abaissées et nous pouvons y
pénétrer et nous installer dans le camping. C'est le seul endroit où on peut
dormir en espérant partir de très bonne heure le lendemain matin pour
contempler le lever du soleil sur les célèbres dunes de Sossusvlei. Cette
position privilégiée explique qu'il y a autant de monde ici mais pas nos
acolytes.
Dimanche 30 Mai
Lever 4H30, le vent souffle fort et il fait très froid. On se prépare en
vitesse car il y a quand même 70 kilomètres à parcourir avant d'arriver au
site de Sossusvlei. Comme on n'a pas pu se procurer les permis d'entrée la
veille, on passe la seconde barrière sans s'arrêter malgré les signes du
gardien qu'on aperçoit au dernier moment. La route goudronnée est horrible,
farcie de nids de poule et de nuit c'est très sportif comme conduite. La route
cède la place à une piste très ensablée qui trace parmi les vleis et les
dunes. Le vent soulève des tonnes de poussière rendant la visibilité très
trouble. Le ciel se teinte d'une lumière blafarde qui s'accentue au fur et à
mesure que nous progressons. Le soleil ne devrait pas tarder à se lever. Nous
arrivons à Sossusvlei et nous nous lançons à l'assaut d'une superbe dune du
haut de laquelle nous espérons contempler le soleil levant. Déjà que c'est un
exercice difficile, les immenses efforts déployés la veille nous pénalisent
un peu plus. Le soleil pointe à l'horizon au dessus d'autres dunes. On est
criblé de sable et transi de froid mais on a la sensation d'assister à la
genèse du monde, quel sentiment incroyable.
Après avoir contemplé un si beau spectacle, nous prenons un bon petit
déjeuner au pied des dunes avant de repartir nous reposer au camping. Nous
remettons ça pour le coucher de soleil. Jen, Vicky et moi reprenons la même
route pour assister au coucher de soleil flamboyant sur les montagnes qui
précèdent les dunes.
Le soir, nous préparons le diner d'adieu car normalement, demain Witt et Jen
doivent partir pour Windhoek puis Johannesbourg qu'ils doivent rejoindre le 6
Juin au plus tard. Le problème c'est qu'on a aucune nouvelle des autres et on
commence à se faire du souci car en plus, Slade et Krissy sont censés
récupérer Vicky par la même occasion. Heureusement, dans la soirée, le
téléphone satellite de Witt sonne et Slade nous fixe rendez-vous le lendemain
matin à 11 heures au croisement de 2 routes. Soulagés, nous pouvons savourer
les poires au chocolat accompagnées de champagne sud africain acheté pour
l'occasion.
Lundi 31 Mai
Le matin, rebelotte : lever à 4H30 mais cette fois-ci on s'arrête à la
dune 45 et on marche un peu plus loin pour de nouveau arpenter une dune.
Décidément on ne peut pas s'en empêcher. Le vent a faibli et on peut jouir
pleinement du spectacle. Peu à peu les rayons du soleil levant embrasent les
dunes rouges environnantes : magnifique.
On part ensuite pour notre rendez-vous. Comme on repasse par Solitaire, on ne
va quand même pas se priver d'une part du meilleur Applestrudel de Namibie ! On
roule jusqu'au point de ralliement qui n'est qu'un croisement entre deux pistes
de gravier perdu dans d'immenses étendues. On aperçoit enfin deux land rovers
au loin, ça y est c'est eux ! On apprend avec soulagement qu'ils n'ont pas eu
de problèmes, juste quelques soucis mécaniques, simplement les yeux plus gros
que le ventre, ils sont allés trop loin.
L'heure de la séparation est venue. Witt et Jen partent au nord est. Graham,
Connie , Krissy et Slade partent vers le sud-ouest pour Sesriem. Vicky qui les
accompagne de nouveau aura le plaisir de se lever une nouvelle fois à 4H30 du
matin pour aller voir le soleil se lever sur les dunes ! Nous partagerons leur
route jusqu'à Solitaire puis nous partirons vers l'intérieur. Le moins qu'on
puisse dire, c'est que ce n'est pas le moment le plus agréable du voyage et on
a la gorge nouée quand on se dit aurevoir. On se console en se disant qu'on a
des chances de revoir nos "américains" au Botswana, qu'on passera à
Durban chez Slade et Krissy et qu'on ira faire un tour en Nouvelle Zélande
retrouver Vicky.
Nous ne retrouvons seuls sur la route de Maltahohe et recommençons un
nouveau voyage tous les deux. Arrivés à la petite ville on ne trouve rien pour
camper. Heureusement, on tombe sur une français installée la bas qui nous
oriente vers une ferme voisine. Quelques kilomètres plus loin, on arrive à la
ferme où les propriétaires s'avèrent très intéressés par notre voiture.
Ils ont le même modèle version essence et ils partent avec lundi pour des
vacances au Botswana. On va peut-être les retrouver par là.
Mardi 1er juin
On file vers Aus. Il n'y a pas grand monde sur la route et pas grand chose à
voir non plus. Tout le bord de la piste est cloturé car ce sont d'immenses
fermes tout le long. On ne peut même pas bivouaquer alors qu'on est quasiment
seuls !
Aus est un gros point sur la carte mais arrivé sur place ce n'est qu'un gros
hameau où on a du mal à se ravitailler en produit frais. Même la viande de
boeuf est
rare et pas de première jeunesse. On continue pour s'arrêter camper dans un
ferme.
Mercredi 2 juin
Nous prenons la route de Luderitz pour nous rendre à une vingtaine de
kilomètres du camp. Garub est un point d'observation où l'on peut voir les
chevaux sauvages du Namib. Ce sont les descendants de bêtes qui se sont
échappées ou perdues à la fin du 19ième siècle quand les fermes n'étaient
pas encore clôturées. Elles se sont apparemment bien adaptées au milieu
particulièrement aride de la région. En plus, l'interdiction d'accès dans la
zone diamantifère proche a contribué à les laisser en paix. Il y a peu de
chances de les apercevoir en cette saison mais on tente le coup.
Quand on arrive au point d'eau permanent créé pour améliorer leur
condition de survie, on peut en observer trois. Puis, en scrutant l'horizon, on
s'aperçoit qu'il y a plusieurs groupes plus ou moins grands disséminés dans
la plaine qui remonte vers les montagnes. Chacun leur tour, les troupeaux
viennent s'abreuver en file indienne puis repartent. Les jeunes mâles essaient
de bousculer la hiérarchie mais l'étalon dominant veille au grain. On passe la
matinée à regarder leur manège.
On fait demi-tour pour prendre la route du Fish River Canyon. Arrivé à Hobas,
nous devons payer pour rentrer dans le parc et admirer le point de vue sur ce
monument naturel. Malgré le ciel plombé qui absorbe toute la lumière, la
profondeur des gorges est impressionnante et la rivière qui s'écoule en
méandres torturés donne au canyon un relief magnifique.
On ne reste pas camper dans le parc car on trouve les tarifs prohibitifs par
rapport aux prestations donc on va voir plus loin. Malheureusement, ici, tout
est fait pour un tourisme standing et il n'y a pas de camping pour nous. On
trouve tant bien que mal un endroit un peu caché pour passer une soirée encore
très froide surtout à cause de ce petit vent glacial.
Jeudi 3 Juin
On continue la route qui longe le canyon jusqu'à Ais-Ais. Bien que les
paysages soient beaux on a peu de vues sur le canyon. Ais-Ais est une station
thermale plutôt bien développée pour retenir le touriste, mais nous y passons
juste pour trouver des vivres frais mais ils sont toujours aussi rares.
On pousse ensuite jusqu'à Grunau en espérant ne pas tomber en panne de
carburant. De là, nous avons trouvé le goudron et remontons jusqu'à
Keetmanshop où on fait une très bonne halte déjeuner dans un snack qui ne
payait pas de mine. On repart sur la route interminablement monotone qui nous
conduit à Windhoek, où nous arrivons de nuit. Il y a peu de circulation ce qui
nous facilite les choses pour trouver notre logement. On campe tant bien que mal
et dans un froid de canard sur le parking d'un établissement bien
sympathique.
Vendredi 4 juin
Nous avons bien des choses à faire dans la capitale. Comme c'est une grande
ville moderne et à taille humaine, on s'y retrouve facilement. Première chose,
l'ambassade de France. En effet, nos passeports sont presque pleins et il nous
faut les renouveler. Le vice-consul nous reçoit très gentiment et comme la
manoeuvre prend pas mal de temps, il nous propose de démarrer les démarches
pour qu'on puisse récupérer les nouveaux à Lusaka en Zambie. Impeccable.
On s'occupe ensuite de Totoy qui a besoin d'une bonne révision et de deux
nouveaux pneus. Heureusement on trouve un garagiste particulièrement efficace
juste à côté d'un bon vendeur de pneus. Pendant que Totoy se refait une
santé nous nous promenons en ville et faisons un peu de shopping, surtout les
magasins d'équipement de camping, à chaque fois, on s'y régale. On se
réapprovisionne aux supermarchés pour être prêt à partir le lendemain car
vraiment ici, il fait trop froid !
Samedi 5 juin
Nous partons pour le Bushmanland, mais avant nous voulons trouver une laverie
automatique pour notre linge. Et bien ce n'est pas chose aisée et on se
retrouve à arpenter littéralement les quatre coins de la ville en vain. A
notre dernière tentative, nous trouvons bien l'adresse mais la boutique est
fermée depuis bien longtemps. Je demande à la coiffeuse voisine et une des
clientes sait où se trouve une laverie. Elle veut bien nous y accompagner si on
veut bien attendre la fin de sa permanente. Nous aurons passé trois heures à
chercher plus le temps de laver et sécher le linge, c'est finalement en milieu
d'après midi que nous quittons Windhoek pour Otimara.
Nous nous retrouvons de nouveau au royaume des immenses fermes ou réserves
privées. Il n'y a aucun endroit pour dormir, c'est clôturé partout.. En
dernier ressort, on est
obligé de se rabbattre sous un pont pour bivouaquer !
Dimanche 6 Juin
On suit la route de gravier pour Otjinene dernier poste de ravitaillement.. Arrivé
là bas, on fait le plein de carburant et
on prend notre piste qui est belle et large et qui semble mener à Gam d'après
les panneaux.
Nous traversons des paysages arides et de bush. On pensait être seuls mais on
voit régulièrement des maisons de gens qui doivent travailler dans les
immenses fermes que nous longeons ou faire leur propre élevage de bœufs.
On ne trouve pas le croisement qu'on doit prendre vers le nord et juste après, la large
et belle piste se transforme en chantier défoncé pour cause de travaux et semble inutilisée.
On peut difficilement avancer dans ces conditions et on fait
demi-tour pour demander à ceux qui font les travaux. Ils nous indiquent une
piste de contournement et un croisement plus loin mais on rate encore le
croisement prévu et on continue la piste bien marquée pour Gam. Beaucoup de
phacochères sortent en fin de journée.
On passe une n-ième barrière et la piste maintenant complètement ensablée traverse le bush épais.
Cette fois-ci, il n'y a plus de ferme on
bivouaque peu après dans le bush.
Lundi 7 Juin
On repart sur cette piste particulière. Finalement on arrive à un ensemble de
cases très étalées ça doit être Gam. On retrouve la piste large en gravier
et on roule jusqu'à retomber sur la piste principale : la C44. Juste après on voit
au loin deux superbes éléphants qui traversent la piste. Le temps d'arriver
dessus ils se sont déjà engouffrés sous les arbres et on les voit disparaître
dans la végétation. La piste est rectiligne et nous faisons un détour pour
couper la monotonie du trajet et aller admirer le plus gros baobab de Namibie.
Comme j'ai des soupçons de soucis de santé, on continue la monotone piste de gravier jusqu'à
Grootfontein pour consulter un docteur avant de passer par des contrées plus
isolées. Heureusement ce n'est pas méchant et on repart sur la bonne route de goudron pour aller camper
dans une ferme. L'endroit est très sympa mais on y arrive de nuit et il fait très froid,
surtout le vent
qui est vif.
Mardi 8 Juin
A la ferme, on se renseigne sur la piste qu'on veut faire et on doit
revenir 100 km
en arrière pour la prendre. Elle est étroite relativement
marquée et faite de sable avec quelques passages très ensablés. On est vraiment en
plein bush. Les acacias rayent la voiture. Il y a des traces d'éléphants même
si on ne les voit pas. On voit de rares cases au bout des sentiers qui mènent tous à
notre petite piste.
Et puis dans le début d'après-midi, on arrive au village de Kirsakawa et
petit à petit les paysages de bush se transforment avec l'apparition des champs
de mil et de sorgho. On voit des puits, des vaches et quelques chèvres et
surtout des paysans qui nous saluent chaleureusement. Les cases traditionnelles
en terre et toit de chaume réapparaissent. On retrouve l'Afrique Noire telle
qu'on la connaitet qu'on apprécie. Plus loin, on
commence même à croiser des pick-ups. L'activité s'accélère quand on
s'approche du croisement pour Rundu mais nous prenons l'autre piste moins
fréquentée pour savourer encore cette atmosphère. On suit le cours d'une
rivière mais on ne voit pas de trace d'eau. La vallée est de plus en plus
large et très habitée et cultivée. On s'installe bivouaquer par là un peu à
l'écart. Dans la nuit on entend
les gens qui marchent sur la piste à côté. L'un d'entre eux de loin nous
souhaite une bonne soirée et nous demande si tout va bien. Il fait très froid
dehors malgré le grand feu que David a préparé.
Mercredi 9 Juin
Les vitres de la voiture sont couvertes de buée qui a gelé même à
l'intérieur ! Quand on se lève il ne fait que 3 degrés. On se réveille doucement
le temps de se réchauffer au soleil. Pas mal de monde passe
sur la piste d'à côté et parfois ils nous découvrent an dernier moment et
ça les surprend vraiment .On repart par la piste et au village voisin, on s'arrête à
l'école qui se déroule en plein
air et qu'on perturbe malgré nous en nous trompant de piste.
De nouveau sur la bonne voie on profite pleinement de la piste qui s'écoule dans
cette vallée très cultivée et peuplée où on ressent la chaleur et l'accueil
de l'Afrique noire. Plus loin, on retrouve une large piste gravillonnée qui nous mène ensuite
au goudron
impeccable de la trans-Caprivi.
Nous nous arrêtons à Popa Falls pour admirer les chutes et en profiter pour
pique-niquer mais le niveau de l'eau particulièrement élevé
limite l'aspect impressionnant des rapides.
Nous repartons sur Bagani. Juste à l'entrée du Caprivi Park on manque de peu
une amende pour absence de ceinture de sécurité pour 600 N$. La traversée de la réserve est une longue ligne droite monotone mais le bon
goudron me permet de travailler pendant ce temps. Malgré les nombreux panneaux
d'avertissement, nous ne voyons pas d'éléphants traverser la route.
Juste avant Kongola on fait un détour pour aller dormir dans un lodge très
nature.
On campe près d'une rivière, bercés par le choeur des hippos, un régal.
Jeudi 10 juin
On reprend la route vers Katima Mulilo Malheureusement cette portion est en
travaux et on ne cesse de changer de terrain. Arrivés à Katima, on fait les derniers
ravitaillement avec nos dollars namibiens qu'il nous reste et on prend la
direction de Ngoma Bridge pour le Botswana.
On a un peu de mal à trouver exactement où faire les formalités car il y n'a
personne. Finalement, on trouve le poste adéquat en pensant que ça ira vite.
Mais on se fait des illusions. D'abord on nous demande le reçu de la taxe qu'on
aurait dû payer à l'entrée On bataille pas mal pour leur expliquer qu'à Ruacana
on ne nous a rien fait payer et que de toute façon on n'a plus d'argent. Au bout d'un
moment, ils nous laissent passer au guichet suivant.
Aux douanes, c'est nous qui mettons du temps à comprendre pourquoi ils ne
veulent pas tamponner le carnet de passage en douane. An bout d'un moment on comprend que
c'est parce qu'on va au Botswana et comme il existe une union douanière avec ce
pays et l'Afrique du Sud, on tamponnera le Carnet dans le pays par lequel on
quittera cette union. Ouf !
Une fois terminé on traverse le pont vers l'autre rive de la rivière Chobe, convaincu
que le passage de la frontière au Botswana ne sera qu'une simple formalité
maintenant qu'on sait qu'ils font partie de la même Saku.
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