Arrivé à Ceuta
Vendredi 23 Avril
Dés qu'on passe la frontière du Gabon, la piste devient très mauvaise. On
tombe sur une barrière où des gosses nous rejoignent tout excités. Ca faisait
longtemps qu'on avait pas eu un tel accueil. Un militaire arrive et nous
enregistre nous précisant que les véritables formalités se font plus loin.
Pendant ce temps un homme s'approche et nous demande de l'amener à Nyanga le
prochain gros village situé à 40 km. Ca fait une longue distance et la piste
est mauvaise. Mais les véhicules qui passent ici sont rares et comme il accepte
ses conditions de voyages, nous embarquons notre passager. C'est un prêtre. Il
a fait des courses de ravitaillement au Gabon car ici on ne trouve pas grand
chose. Les produits de première nécessité tel que le carburant ou le pétrole
sont difficiles à trouver et chers.
Dix kilomètres après on passe à 3 bureaux différents pour faire les
formalités mais pas les douanes. On continue sur la piste où il y a beaucoup
de trous pleins d'eau mais heureusement pour nous sans boue. Tout le long, on
traverse des villages où tout le monde nous salue vivement, surtout les
enfants.
On arrive enfin à Nyanga. La encore on doit repasser à la police puis
finalement à la douane. A chaque fois on doit refuser gentiment mais fermement de donner quelque chose.
La nuit commence à tomber et le
prêtre nous mène à la mission catholique en espérant pouvoir y être
hébergé. Nous sommes accueillis par un grand gaillard à la voix de stentor.
Le père Marian, polonais, est dans le pays depuis presque vingt ans. C'est lui
qui a fondé cette mission avec un de ses pairs. Il est très content de notre
visite et nous réserve un accueil des plus chaleureux. Comme en plus, son frigo
est en panne et qu'on peut lui offrir une bière bien fraîche, il est aux
anges.
Nous passons une excellente soirée à discuter avec ce personnage jovial et
si énergique qui prochainement repartira en brousse pour monter une nouvelle
mission. Nous discutons aussi avec un jeune congolais, qui lui
nous raconte un peu la guerre qu'ils ont subi ici jusqu'à récemment. Il
a été en quelque sorte recueilli par le père Marian, après avoir fui à pied
la ville de Dolisie (ex Loubomo ex Dolisie). Plus de 170 kilomètres à pied
pour échapper aux atrocités de la guerre. Ils nous a aussi expliqué les
causes de ce conflit. Même si tout les habitants aspirent à la paix, j'ai peur
qu'elle ne soit de trop courte durée si les congolais réclament le retour de
leur gouvernant légitime.
Samedi 24 Avril
6H la cloche sonne pour la messe. On est réveillé par les chants des
paroissiens. Le père Marian nous a très gentiment préparé le petit déjeuner
mais il apprécie quand même notre "vrai" café. Il nous donne
plusieurs tuyaux pour notre bref séjour dans le pays. En premier lieu, la route
vers Dolisie est impossible. Par contre, il existe maintenant une piste plus
directe pour aller à Pointe Noire. Il s'agit de la piste des Malaisiens nommée
ainsi car c'est une société d'exploitation forestière malaisienne qui est à
l'origine de sa création.
Nous quittons notre sympathique hôte pour rouler jusqu'à Kibangou où nous
devons de nouveau nous enregistrer au poste de contrôle. Les paysages changent
et sont magnifiques. On est entouré de petits pics tapissés de hautes herbes
vertes surmontées de forêts.
Plus loin, nous prenons la fameuse piste des malaisiens. En avant pour Pointe Noire en passant
à travers les montagnes recouvertes de la grand forêt. Cette piste
a mauvaise réputation car elle est dangereuse surtout par temps de pluie. Les
grumiers occupent la majeure partie de la piste quand ils roulent, donc attention
quand ils déboulent. Et si la piste est boueuse, c'est une vraie patinoire et
on a tôt fait de se retrouver en bas des ravins. Mais aujourd'hui, les nuages
se contentent d'être menaçants, ils ne passent pas à l'acte !
La piste n'est qu'une succession de montées, de descentes et de virages. Il y a
régulièrement des habitations entourées de quelques bananiers. A un moment donné un villageois nous fait
signe de nous arrêter. Il nous propose de nous vendre la superbe et énorme
vipère du Gabon qu'il vient de tuer dans les fourrés. Elle bouge encore. C'est
vraiment impressionnant comme serpent. On préfère quelque chose de plus
classique pour notre casse croûte du midi. On s'arrête sur le bord de la
piste, vu qu'il n'y a aucun endroit dégagé ailleurs. Les grumiers que
nous avons eu tant de mal à doubler nous frôlent en passant.
Arrivés à Pointe Noire notre premier souci est de trouver un hébergement. On se met donc à la recherche du domicile personnel
du prêtre français que le père Marian nous a indiqué. Nous n'avons aucun
plan de la ville et pas d'adresses, juste un nom de maison. Autant dire qu'on
passe un paquet de temps à tourner en rond, à demander à droite à gauche. Et
les gens toujours très gentils essayent de nous dépanner. Mais on ne trouve
pas pour autant notre maison et la nuit commence à tomber. Finalement, on
trouve quelqu'un qui connait quelqu'un dont le frère est prêtre et qui
pourrait nous renseigner plus facilement. Il nous mène à sa maison. De là le
propriétaire nous indique une grande rue où il faudra de nouveau demander sur
place. Nous arrivons là bas, il fait nuit noire. C'est un quartier très
animé. Un jeune se propose de nous montrer le chemin car il est enfant de
choeur au service du père que nous cherchons et il sait où il habite. Nous
nous enfonçons dans les ruelles et arrivons devant un grand portail fermé vu
l'heure tardive. On sonne plusieurs fois et on tape à la grande porte
métallique mais personne n'ouvre. Du coup, notre guide nous emmène à sa
paroisse pour trouver le curé qui y officie. Celui-ci appelle le père
français au téléphone et le prévient de notre arrivée. Une fois de plus,
nous avons pu apprécier l'extraordinaire gentillesse et sens de l'accueil des
congolais et des africains en général. C'est incroyable de voir cette sorte de
chaîne humaine qui s'est mise en place pour aider de simples inconnus comme
nous.
Cinq minutes plus tard, le père nous ouvre ses portes. Il est tard et nous nous installons pour manger quand un gros orage éclate
avec des trombes d'eau. Nous nous réfugions dans la voiture pour diner dans
notre chambre provisoirement transformée en salle à manger. Mais ça n'atteint
pas notre bonne humeur comme l'attestent les photos que nous tentons de prendre de
notre nouvel intérieur.
Dimanche 25 et Lundi 26 Avril
La fraîcheur apportée par l'orage a été de courte durée. La chaleur
moite est de nouveau au rendez-vous. Aujourd'hui dimanche, c'est une grosse
journée de travail à l'extérieur pour le père si bien qu'on ne le voit que très tard dans
l'après midi. Il
nous a laissé sa maison à disposition. Comme d'habitude maintenant, je passe
la journée à travailler sur l'ordinateur tandis que David fait le ménage à
fond dans la voiture plus la lessive complète.
Le soir nous permet de découvrir un peu mieux notre hôte. Une fois de plus,
nous avons affaire à un personnage peu ordinaire. Un monsieur de 75 ans avec
une énergie et un dynamisme rares. Cela fait 53 ans qu'il officie au Congo, un
pays auquel il est entièrement dévoué même en temps de guerre Il nous permet de
mieux approcher la réalité du pays et de ses habitants qu'il connait si bien.
Bref, un homme passionnant et très occupé avec ses nombreuses activités.
Le lendemain, nous allons en ville pour profiter des magasins et trouver un
cybercafé. La cité se
révèle très moderne, avec tous les biens et équipements occidentaux qu'on
peut imaginer. En fait, la région a été épargnée par la guerre car le
pétrole et l'économie qu'il engendre sont très importants ici. Tout autour,
se développent des quartiers dans des styles plus africains. Les coupures
d'électricité et d'eau sont très fréquentes et ça ne nous facilite pas les
choses pour trouver une station de
lavage pour nettoyer Totoy en profondeur pour qu'il soit présentable demain. Forcément, vu la quantité de boue accrochée à la voiture, l'opération
prend beaucoup de temps et c'est de nouveau de nuit qu'on rejoint notre
hébergement mais cette fois-ci, on se repère nettement plus facilement dans la
ville
Mardi 27 avril
Nous nous levons très tôt pour partir à 6 heures. Nous faisons nos adieux
au père qui s'en va lui aussi à sa paroisse. Nous lui proposons de le déposer
mais il préfère y aller à pied. Aujourd'hui c'est une
grosse journée pour nous car nous quittons le Congo pour Cabinda, l'enclave
angolaise coincée entre les 2 Congos. La route est bonne jusqu'à la frontière
de Nzasi qui n'est pas encore ouverte car c'est trop tôt ! on attend une heure que ça ouvre et on
fait toutes les formalités en peu de temps et sans demande de cadeaux.
En face, c'est l'Angola et apparemment c'est pas la même chose. Il y a une
barrière et beaucoup de militaires armés. Il y a un va et vient incessant de
piétons entre les deux postes frontières. Beaucoup poussent des sortes de
charrettes à bras avec un assemblage insensé de bidons en plastiques en
équilibre instable. En fait ils font du trafic de carburant, très peu cher
côté angolais. D'autres marchandises franchissent allègrement les deux
frontières à condition que les douaniers ou gendarmes puissent se servir au
passage.
C'est maintenant notre tour de franchir la barrière côté angolais. On ne
parle plus français mais portugais. On va innover le passage de frontière en
langue étrangère.
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