Arrivé à Ceuta
Mardi 2 Mars
Contrairement à ce que l'on pensait, et heureusement pour nous, les
formalités côté Niger se déroulent rapidement et sans anicroche. Ceci nous
permet de rouler un peu avant la tombée de la nuit et de trouver un bivouac
dans un endroit isolé
Mercredi 3 - Samedi 6 Mars : séjour Niamey
La route de goudron que nous empruntons nous mène rapidement à Niamey.
Premier objectif à remplir, chercher l'Ambassade du Tchad pour faire notre
demande de visa. La réputation n'est pas terrible et pourtant nous repartons avec nos passeports, visas en
main après une petite attente.
On est super contents, ça nous laisse libre cours pour notre séjour à la
capitale.
Visite du musée national et de son zoo pathétique, recherche d'un hôtel
pouvant nous accueillir à des tarifs raisonnables, tout cela nous occupe le
reste de la journée. On a du mal à nous retrouver dans ces rues goudronnées
ou pas, parfois en sens unique, et surtout sans signalisation la plupart du
temps. Malgré le plan que nous tentons de suivre, notre sens de l'orientation
est sérieusement mis à mal !
Le jeudi, l'harmattan souffle tellement que c'est limite tempête de
sable, on a presque froid. L'après-midi, on passe au garage Toyota pour diagnostiquer
le problème que David ressent au niveau de l'embrayage de la voiture. Comme
après, on va faire du sable et s'aventurer dans des zones isolées on préfère
résoudre le problème avant de partir. En fait, Totoy semble souffrir de son
disque d'embrayage et la cause semble assez ancienne. David souhaite changer
l'embrayage dans la journée du lendemain et arrive à convaincre le
mécanicien, quitte à lui donner un coup de main pour finir avant le week-end.
Rendez-vous est pris pour le lendemain à l'ouverture du garage. Comme il n'y a
pas de distributeur de billets, il ne nous reste plus qu'à trouver une banque
où on peut retirer de l'argent avec une carte bleue, ce qui n'est pas le plus
facile.
Vendredi, David revient bredouille après s'être levé aux aurores pour
amener Totoy se faire changer l'embrayage : le mécano ne se sent plus capable de faire ce travail dans la
journée. On a au moins les pièces ce qui pourra nous toujours nous dépanner au fin fond du
Tchad. En déménageant d'hôtel on tombe sur nos cyclistes hollandais rencontrés au Mali aux chutes de Gouina ! Ils
sont en séjour forcé dans la capitale car il a cassé sa roue arrière à 400
kilomètres à l'est et ils attendent qu'on leur envoie la pièce. Ils ne sont
pas très loquaces mais on les comprend car le moral a dû en prendre un coup.
Ce soir, nous sortons au Centre Culturel Français pour voir un spectacle
donné par une troupe de Bororo Wodabe. C'est une ethnie très particulière au
Niger avec des coutumes très codifiées et strictes. Comme la majorité des
Peuls, ce sont des nomades avec une allure longiligne et des traits fins. Leur
spécificité, c'est le culte qu'ils vouent à la beauté, particulièrement les
hommes. Lors de cette soirée, ils reproduisent les danses qui se déroulent à
l'occasion de leur grande fête annuelle du Gerewol à l'époque de l'hivernage.
La richesse de leurs habits traditionnels et la finesse de leur maquillage est
indescriptible et impressionnante. Dans une danse en particulier, tous les
hommes sont alignés côte à côte et oscillent de haut en bas sur la pointe
des pieds. Le but est de séduire suivant certains codes les jeunes filles qui
regardent et qui choisiront ainsi leur fiancé. Les danseurs, arrivent quasiment
à un état de transe bien perceptible à la façon avec laquelle ils roulent
leurs yeux et claquent des dents toujours avec une élégance extrême. C'est
véritablement une grande chance pour nous d'assister à cette soirée.
Le samedi, c'est la chasse au cybercafé ouvert et qui marche. Comme beaucoup d'autres choses ici, ce
n'est pas simple, mais on finit par en dégotter un géré par
une ONG. Le soir on s'offre la meilleure table de la ville tenue par un landais qui reconnait aussitôt notre accent.
Il a une longue expérience du Niger et est un vrai touche à tout :
enseignant, photographe, restaurateur... Son accueil chaleureux et sa cuisine si
délicate et créative nous font beaucoup de bien.
Dimanche 7 Mars
Nous quittons Niamey par le goudron pour Baleyara car tous
les dimanches, s'y déroule un des marchés les plus spectaculaires du pays par
son ampleur et par la diversité des peuples qui s'y retrouvent. Comme dans
chaque lieu touristique, notre arrivée est très attendue et on se fait assaillir par des guides plus ou
moins officiel. Finalement on en prend un, cela facilitera la prise de photos.
C'est une foule bigarrée qui envahit toutes les ruelles et stands du
village. Ca grouille de partout et tout s'y vend. Nourriture, viande fraichement
dépecée ou à cuire, marchandises diverses, animaux dans le marché aux
bestiaux, objets de l'artisanat traditionnel. C'est le point de rencontre entre
les touaregs, les peuls et les djermas du Sud. Particularité : le commerce du
natron. C'est un peu comme l'amersal en Mauritanie. Il s'agit d'une couche de
sel et de terre qui est ramassée et recouverte de tiges de mil. Le tout est
roulé sur lui-même pour constitué un énorme cône qui est ensuite vendu
comme complément alimentaire pour le bétail.
L'attrait principal de Baleyara est son marché aux bestiaux où nous
retrouvons une multitude de bêtes : chameaux, zèbus bororo (à grosses cornes)
ou azaouagh (petites cornes), ânes, chèvres, moutons et quelques chevaux. Ca
marchande sévère et à côté c'est le commerce du fourrage qui est le sujet
de toutes les tractations.
Une fois rassasiés de toutes ces couleurs, sons et odeurs, nous repartons
par la piste beaucoup plus calme pour Dogondoutchi. A un moment, nous dépassons
un cycliste randonneur qui avance péniblement dans le vent contraire. On
s'arrête. Il s'agit de Julian, un anglais qui est parti depuis 6 mois et qui a
déjà parcouru beaucoup de pays de l'Afrique de l'Ouest. Visiblement, il ne
s'est pas coupé les cheveux ni la barbe depuis son départ ! Il a l'air fatigué
et amaigri. Ce n'est pas du tout le même gabarit que nos cyclistes hollandais.
Mais il a bon moral et lui aussi va emprunter la même route que nous pour
descendre vers l'Afrique du Sud. Nous le laissons face à lui-même et au défi
qu'il s'est lancé, impressionnés par sa performance et son courage.
Lundi 8 Mars
Nous roulons sur la nationale en goudron qui traverse le pays d'ouest en est.
Nous nous arrêtons à Koni pour faire des courses en espérant peut-être
apercevoir, Dirk et Saskia qui doivent revenir ici réparer leur vélo une fois
les pièces reçus de Hollande. La ville est animée et on trouve facilement de
quoi se ravitailler dont cet appétissant poulet qui grille et que nous
emportons.
Il y a toujours autant de vent sur la route et notre consommation va en
prendre un coup. Et puis, on distingue au loin deux silhouettes assises sur le
bord de la route avec des vélos de randos posés à côté. Et oui, ce sont nos
deux amis hollandais. On s'arrête et on s'installe à l'ombre pour déjeuner et
partager ce délicieux poulet grillé avec eux. On les trouve beaucoup plus
bavards et motivés que la dernière fois. Malgré les conditions climatiques
défavorables pour eux, ils ont retrouvé le moral et sont heureux de se
remettre à pédaler. Après presque une semaine de séjour forcé à Niamey,
ils avaient des fourmis dans les jambes. En fait leur pièce est arrivée plus
tôt que prévu ce qui nous a permis de les rencontrer de nouveau sur la route.
La route est plate mais toute droite sur des dizaines de kilomètres et donc
ennuyeuse mais ce qui les gêne le plus, bien sûr c'est le vent fort et sa
poussière. Malgré tout ils espèrent faire 100 kilomètres par jour dans ces
conditions. Nous les laissons repartir à leur aventure et les dépassons,
espérant les revoir au Cameroun.
Les villages sur le bord de la route rompent la monotonie du voyage avec tout
le monde qui nous salue avec de grands sourires. J'adore particulièrement leurs
greniers tout ventru. Depuis notre entrée dans le Niger, je ne sais pas
pourquoi mais j'ai pris ce pays en grippe. Le fait de quitter le Bénin, ou le
nombre de fois où on a tourné en rond dans Niamey, ou l'harmattan peut-être,
ou tout ça réunit. Bref je ne sentais pas d'atomes crochus. Au fil des jours et de notre
traversée, le contact avec ces gens de peuples si différents et pourtant tous
aussi amicaux et accueillants les uns que les autres ont gagné ma réticence,
imperceptiblement. Je me sens de nouveau à l'aise, ce pays est devenu ma
maison.
Mardi 9 Mars
Nous arrivons à Zinder l'autre grande ville du pays avec Agadez. Sa
réputation est essentiellement due au quartier Birni gardien de l'architecture
traditionnelle des Haoussas. On s'y rend à pied ce qui permet de s'imprégner
de l'atmosphère de la cité. Nous déambulons tranquillement, même si la situation évolue quand on arrive au
quartier touristique mais dans une très faible mesure. C'est vraiment agréable
de se promener ainsi sans que cela ne soit de l'indifférence pour autant.
Le quartier tient ses promesses avec de maisons en banco aux arrêtes douces
et avec des façades parfois finement décorées le tout s'insérant dans un
enchevêtrement de rochers. Le soir, nous invitons 2
jeunes voyageurs italiens installés dans l'hôtel où nous campons, à nous rejoindre
pour l'apéro. Stéfano et Pascal voyagent depuis un mois en routard.
Après avoir traversé l'Italie puis la Sicile ils ont rejoint la Tunisie
pensant poursuivre par la Libye. Finalement ils ont dû opter pour l'Algérie
où ils ont traversé le Sahara en camion pour arriver à Agadez. De Zinder, ils
remontent à Niamey pour partir ensuite sur l'Afrique Noire. Fort heureusement
pour nous ils parlent très bien français ce qui permet d'échanger nos
expériences et impressions respectives. Malgré notre façon très différente
de voyager nous retrouvons beaucoup de choses ou anecdotes en commun. Mais le
voyage n'est pas notre seul sujet de discussion. Nous passons ainsi une
excellente soirée très animée, très vivante et très joyeuse.
Mercredi 10 Mars
Au réveil, nous retrouvons nos joyeux acolytes autour d'un vrai café que nous leur avons promis la veille. Nous les laissons partir à la
gare routière à la recherche d'un camion pour Niamey tandis que nous partons
faire nos stocks de vivres, carburant et eau pour une semaine minimum. On en
profite aussi pour changer au noir nos CFA afrique occidentale en CFA de
la zone centrale en vigueur au Tchad.
On tourne un peu dans la ville puis on trouve la route vers Nguigmi. Elle
devient plus étroite, moins fréquentée mais les paysages sont de plus en plus
beaux. Ils sont aussi parfois surprenants, comme aux environs de Miria avec des
étendues de baobabs mêlés avec des palmiers tout fins. Ou bien à Guidimouni,
un lac de plaine qui transforme une vallée en immense oasis et une végétation
quasi tropicale sans oublier les centaine de petits jardins. On roule jusqu'au
soir et c'est avec plaisir qu'on retrouve l'ambiance de nos bivouacs du désert.
Jeudi 11 Mars
Nous repartons peu après Goudoumaria pour faire la route jusqu'à Diffa.
Cette route est très monotone et nous plaignons à l'avance notre couple de
cycliste hollandais surtout s'ils ont un vent contraire comme c'est le cas
actuellement. Arrivés à Diffa, comme on n'est pas sur de pouvoir faire toutes
les formalités de douane à Nguigmi, on prèfère les réaliser ici. Ca se
déroule assez facilement et les autorités sont vraiment de bonne volonté.
Quelques courses de produits frais dans le marché où tout le mode paye en
monnaie du Nigéria et on repart vers la frontière. La route est tout
simplement horrible et en plus il faut payer le péage comme pour chaque
tronçon goudronné. Il y a énormément de trous provoqués ou aggravés par
les camions et il faut souvent empruntés les pistes parallèles qui ne sont pas
non plus dans un super état. Mais les paysages sont superbes avec des troupeaux
immenses de zébus à grandes cornes, menés par leurs bergers nomades.
Finalement, on arrive à Nguigmi en fin de journée. Au poste de contrôle, ils n'apprécient pas qu'on ait déjà fait les
formalités à Diffa alors que là bas ça ne leur posait aucun problème. Il
commence à faire nuit et on voudrait sortir de la ville pour aller bivouaquer
plus loin. Seul problème : on ne sait même pas quelle route prendre pour le
Tchad car on pensait prendre des renseignements dans la ville et nos cartes sont
d'aucune utilité vu le grand changement dans la géographie du lac Tchad. Bref
on se trouve coincé car c'est presque impossible d'obtenir des renseignements sans que cela tourne
au service de guides. Ce n'est pas un bon plan d'arriver à une
ville frontière de nuit surtout qu'il n'y a pas d'hébergement et qu'on ne peut
pas faire demi-tour vu qu'on a refait les formalités ici.
On finit par accepter la proposition d'un guide, Modo, qui nous accueille chez
lui. Nous nous installons devant sa maison et partageons le repas avec sa
famille dans sa cour. En fait, nous mangeons avec lui et ses trois fils tandis
que sa femme et sa fille mangent à part. Il nous donne des infos
sur la piste à suivre pour aller à N'Djamena et nous propose de nous emmener
demain matin au point de départ à la sortie de la ville et nous fait bien
comprendre que c'est mieux pour nous ainsi.
Vendredi 12 Mars
Nous nous levons très tôt pour attaquer ce qui devrait être une rude
journée. Comme promis, Modo nous conduit à la piste une fois que David lui a
précisé nos conditions. En fait la piste n'est pas difficile à trouver si on
a quelques indications mais personne sur place n'a intérêt à les donner. On
suit les traces des gros porteurs sur un sol parfois dur
mais la plupart du temps ensablé. On arrive à un poste de contrôle et après c'est le no man's land jusqu'à Daboua poste frontière du Tchad.
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