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Le Journal de KapSud au Togo
Auteur kapsud
Source KapSud
Publication du 15/03/2004 pour Internet
Modifi� le 28/07/16
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Arrivé à Ceuta

 

Vendredi 13 Février

A Bittou, à la frontière, la route est complètement encombrée par une multitudes de camions en panne, en attente de chargement ou de livraison ou tout simplement des formalités.  Après en avoir fini avec le Burkina, nous passons aux formalités côté Togo et là  ce n'est pas la même histoire. Les douaniers se révèlent être particulièrement pointilleux et pour la première fois inspectent notre véhicule. On est pressé de sortir de là mais ce n'est pas évident avec toutes ces files de camions.

Le vent s'est de nouveau levé avec son cortège de poussière mais ça ne nous empêche pas de voir que les villages ont complètement changé : on est rentré dans l'Afrique moderne. Nous quittons la nationale pour une piste qui nous amène en pays Tamberma. C'est un peuple très particulier qui a su préservé son mode de vie ancestral. L'élément le plus représentatif en est le Tata : une sorte de petit fort aux lignes très rondes, possédant des greniers sur le toit recouvert d'un petit chapeau de chaume. Tout au long de la piste, dans laquelle nous nous enfonçons, les enfants mais de façon surprenante, les adultes aussi, nous demandent des cadeaux, de l'argent, ... Ca va être dur d'obtenir quoique ce soit sans ouvrir le porte-feuille. On continue et on s'enfonce hors du circuit habituel de suite, les gens sont de nouveaux accueillants et hospitaliers. Pour une fois nous bivouaquons tôt. David manoeuvre et pppffffffit. Crevaison.. Ca va l'occuper pour la fin de la journée pendant que de mon côté je travaille sur l'ordinateur.

Samedi 14 Février 
Nous revenons à Nadoba et un homme nous arrête pour amener sa soeur à la ville. Nous acceptons en échange de la visite de la tata de leur voisin. Au moment de partir, nous devons nous acquitter d'une petite somme d'argent et de petits cadeaux à la grande surprise de notre passagère et de son frère.

A Kandé nous déposons notre auto stoppeuse. Il s'y déroule une grande fête traditionnelle et officielle pour inciter la pluie à tomber. C'est une grande kermesse où des musiciens et des danseurs jouent devant un public d'officiels et devant la foule qui se presse autour d'eux. Autant dire qu'il y fait très chaud. De l'autre côté il y a plein de stands où les gens vendent quelque chose, mangent ou boivent. C'est l'occasion de goûter le tchoukoutou, une bière de mil épaisse que l'on boit dans une calebasse. C'est assez spécial, surtout que c'est à température ambiante. Autant dire qu'on attendra d'être mort de soif pour en boire ! 

La route surencombrée de carcasses de camions ou de camions en panne descend toujours vers le sud. A Pya, nous quittons l'axe principal pour trouver un petit coin sympa pour la pause déjeuner. On prend à droite puis à gauche et encore à droite. Quand tout à coup un militaire nous siffle et nous arrête complètement excité. "Ou vous allez ? Qu'est-ce que vous faites ici ? C'est grave ce que vous faites, Vous voulez rentrer dans la maison du patron ! Il faut voir la gendarmerie ! Mais c'est grave, très grave" On essaie de se faire entendre et de lui expliquer. Mais manifestement il est sourd et il s'emballe tout seul. Il se trouve que sans le vouloir on est arrivé au niveau de l'entrée de la résidence personnelle du président de la république du Togo (au pouvoir depuis 1967). Notre gardien militaire est très zélé et encore plus excité et surtout armé. Il est comme un fou. Il nous demande de couper le moteur et fait descendre David de la voiture. Ca sent le roussi. En plus, les gens qui sont sur le trottoir rigolent de la scène et notre militaire n'apprécie pas du tout mais alors pas du tout. Il prend même une branche par terre pour fouetter un de ces passants qui me posaient des questions. L'excitation est à son comble. Heureusement, un chef de la gendarmerie en civil arrive et David parvient à dissiper le malentendu. On fait demi-tour sous les regards appuyés des militaires. Le plus drole, si on peut dire, c'est que 10 mètres avant, au carrefour il y avait 4 ou 5 militaires qui n'ont pas bronché quand on a tourné et qu'après,en remontant la rue, on a vu un char d'assaut si bien camouflé qu'on ne l'a pas vu à l'aller. Camouflage efficace !

On ne sait pas fait prier pour quitter les lieux et on s'est beaucoup éloigné avant de s'arrêter déjeuner. A Kaya, finale de foot de la CAN 2004 dans un bar puis suite de notre progression vers Atakpamé à la recherche difficile d'un bivouac vu la densité élevée de la population.

Dimanche 15 Février

Atakpamé est une ancienne ville de villégiature et il y reste quelques vestiges des bâtiments de cette époque. On profite de l'ambiance chaude mais tranquille pour faire nos course au marché puis nous repartons vers l'ouest pour Badou. Tout le long du goudron, nous rencontrons plein de monde et plein de villages avec les maisons en ciment à l'allure défraichie.  Les paysages sont devenus aussi très verts et tout lopin de terre exploitable est cultivé, dur dur pour les bivouacs. La chaleur devient vite étouffante avec l'humidité. Vivement la cascade d'Akloa pour trouver un peu de fraîcheur. Mais au fur et à mesure que nous approchons du but  les "donne moi kado" se font de plus en plus insistant. 

Au village on est limite de faire demi-tour devant la pression commerciale et les prix demandés. Finalement on arrive à se mettre d'accord . Le sentier est escarpé et la marche longue. Avec la chaleur ambiante on est trempe de sueur, on dégouline. On crapahute au milieu des plantations d'avocatiers, de bananiers, de caféiers et de cacaoyers. Au bout de trois quart d'heure, on arrive enfin à la cascade. L'endroit est sympa et surtout très raffraîchissant. On redescend assez vite à cause du jour qui ne va pas tarder à tomber. De retour à la voiture, on on commence à nous demander de l'argent pour la visite guidée en disant que ce qu'on a payé c'était juste un droit d'entrée, pour le parking de la voiture et que sais-je encore.  Il n'en faut pas plus pour que David pique une grosse colère et j'en rajoute une couche derrière. On quitte les lieux, ecoeurés par ce genre de pratique et pas emballés à l'idée de chercher un bivouac dans ces endroits très peuplés avec la majorité des gens qui nous ont porté un intérêt uniquement dans la perspective d'un éventuel cadeau. 

Nous retrouvons une des rares pistes qu'on avait repéré à l'aller et qui s'enfonce dans la montagne dans la végétation luxuriante. Mais les chemins qu'on voit atterrissent tous dans une plantation ou une ferme. La nuit tombe. Nous n'avons pas d'autre choix que de demander l'autorisation de s'installer dans un petit hameau. Nous sommes l'attraction. Nous nous installons et finissons par manger sous le regard observateur d'une bonne quinzaine de paires d'yeux. Situation apparemment plus gênante pour nous que pour eux. A la nuit tombée, ils nous offrent une soirée en notre honneur. Chants essentiellement religieux et danses accompagnés par le griot du village. Les femmes et les enfant s'en donnent à coeur joie tandis que les hommes nous tiennent compagnie. Ils sont prêts à durer toute la nuit mais nous sommes fatigués et tout le monde va se coucher, heureux de cette soirée partagée.

Lundi 16 Février

Après un petit déjeuner partagé avec nos hôtes nous partons à l'école où tout le monde nous attend avec impatience. Les différentes classes sont installées sous des paillottes, les élèves assis sur des bancs rudimentaires et un tableau noir avec la leçon du jour trône au centre. Très vite l'excitation l'emporte et nous voilà partis pour une séance de pose avec toutes les classes. Les boites de stylos que nous donnons sont un cadeau très apprécié des enseignants et c'est sous les aurevoirs de dizaines de mains de gosses que nous repartons réchauffé par tant de chaleur humaine.

Nous poursuivons la piste parmi les plantations de bananes, d'ananas, de café et de cacao à l'ombre protectrice de la magnifique forêt tropicale. La piste se retrécit de plus en plus et n'a pas l'air d'être beaucoup fréquentée.  On commence à se demander si ça arrive bien quelque part. Heureusement on trouve un paysan qui nous confirme notre destination et on en profite pour l'amener au marché voisin. 

Nous évoluons toujours parmi les plantations mais cette fois-ci, sur le plateau de Danyes. Les paysages sont très doux, légèrement vallonnés. Sur le bord de la route, on voit de plus en plus de petites échoppes vendant des montagnes de fruits. On ne peut y résister et on fait le plein : avocats, bananes, ananas garantis bio pour une somme modique.

On retrouve le goudron et on atterrit à Kpalimé. Repas au maquis du coin puis on reprend la route vers le mont Klouto. La route serpente sur le flanc de la montagne offrant de belles perspectives sur la grosse bourgade que nous venons de quitter avec cependant pas mal de brume de chaleur, de poussière ou d'humidité on ne sait plus. Changement de programme : au lieu de persister vers le sommet depuis lequel on ne verra pas grand chose, on se joint à d'autres français pour une ballade en forêt.

Nous repartons ensuite sur Lomé par une route bordée de superbes plantations de palmiers. De nouveau ,on bataille beaucoup pour trouver un bivouac et c'est d'extrême justesse qu'on trouve un coin dans une forêt de tecks. 

Du Mardi 17 au Samedi 21 Février : séjour à Lomé

Lomé, la capitale du pays, est une grosse ville animée mais sans plus. Nous nous dirigeons vers le port pour longer la côte car on a rendez-vous avec le couple de français rencontré à plusieurs reprises pendant notre périple et qui ont l'habitude de descendre dans le coin. 

Nous les retrouvons à l'endroit indiqué. En fait, ils sont juste arrivés hier du Ghana. Nous faisons enfin connaissance, il s'agit de Chantal et Lulu.et on passe 2 bonnes heures à discuter de nos  voyages respectifs. Le seul intérêt du coin c'est qu'on peut s'y baigner grâce à l'ancienne route, mangée par la mer, qui fait comme une barrière et qui transforme l'endroit en piscine à marée basse.  Sinon la mer est bien trop dangereuse.

Nous prenons quelques jours de repos : baignade, travail sur ordinateur, réparations des crevaisons, rangement de la voiture, visite de Lomé et apéros avec nos nouveaux compères. Tout ça au rythme local.Bref des vacances bienvenues, appréciables et appréciées.

Samedi midi, tout a une fin.  C'est la gorge serrée que nous quittons nos amis pour le Bénin. Nous arrivons au poste frontière du Togo. Comme on s'en va, ils nous laissent tranquille et les formalités sont vite effectuées. Maintenant c'est rebelote mais pour le Bénin.

 


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