Arrivé à Ceuta
Dimanche 1er Février
La chaleur est de plus en plus forte. Nous continuons à évoluer dans des
paysages typiquement sahélien.On s'emmêle un peu les pinceaux et on fait
quelques demi-tours pour repasser à Solé où trône au centre du village
une mare à banco avec de beaux crocodiles qui se prélassent au milieu.
Ici aussi tout le monde s'est mis sur son 31 pour la fète de Tabaski et les
femmes rivalisent d'imagination pour leur coiffure. Il fait très chaud et on
mange pas mal de poussière. On s'arrête au premier troquet où on peut boire
une bière fraîche. C'est à Baraboulé qu'on trouve notre bonheur. C'est comme
ça qu'on apprend qu'on doit faire les formalités de police ici alors que
celles des douanes se font plus loin à Djibo. On a bien fait de s'arrêter !
L'enregistrement au poste de police terminé, nous filons vers Djibo. Nous tombons sur un douanier
qui nous embête avec notre Carnet de Passage en Douane et qui veut nous faire
payer une taxe en sus. Mais après discussion, énervement, négociation et un
petit tour, tout s'arrange. Ouf la bataille a été rude.
Lundi 2 Février
En route vers Dori nous traversons de nombreux villages où on continue à
fêter Tabaski.
Parfois il n'y a pas de mosquée alors tout le monde fait la prière sous le
plus grand arbre du village. C'est assez impressionnant. Le vent se lève et
avec lui la poussière. A Dori, on finit par se débrouiller pour trouver de
l'argent et donc du carburant et nous allons directement sur Kaya par une piste large mais en tôle ondulée.
Le pique-nique du déjeuner s'avère sportif avec le fort vent qui sévit
maintenant.
Nous nous arrêtons à Bani pour visiter le village au sept mosquées. La
visite est cadrée et bien organisée. A l'origine, c'est l'histoire d'un petit
garçon qui rêvait toutes les nuits de mosquées. Après des années d'exil
volontaire et de travail, il revient à son village, avec toujours la même
idée en tête. Il arrive à convaincre les gens et c'est tout le monde qui se
met au travail pour un bien beau résultat :
Tout le long de la route, de nombreux petits barrages sont présents dans les villages et permettent
ainsi culture de
jardins et abreuvement des bêtes mais aussi un peu de pêche sans compter la
fabrication du banco, la lessive et la toilette.
Nous quittons la piste principale pour chercher Djiboulou et son lac de
crocodiles et de pêcheurs. En fait c'est assez difficile car c'est plus des
piste pour vélos qu'autre chose. Les gens sont très sympas et manifestement
n'ont pas l'habitude de voir des touristes. On finit donc avec leur aide par trouver notre fameux lac mais ça n'a rien de plus que toutes
les marres ou barrages qu'on a vu jusqu'à maintenant si ce n'est que c'est plus
grand. On continue un peu plus loin et on bivouaque après cette balade bien
agréable.
Mardi 3 Février
Le ciel est toujours voilé par la poussière. Nous tentons de poursuivre
notre avancée vers Barguélo. Une nouvelle fois nous devons demander de l'aide
auprès des habitants. Cette fois-ci c'est un homme à vélo qui se dévoue. C'est
jour de marché à Barguélo avec son effervescence habituelle. Nous rejoignons enfin la grande piste pour aller arriver à Kaya où nous
pouvons enfin faire du change à la banque. Ici c'est également jour de marché
et même une foire s'y déroule. C'est une ville tranquille, où on fait nos
emplettes tranquillement. Je ne résiste pas à l'achat d'une petite radio
depuis le temps qu'on croise tous ces maliens ou burkinabés qui ne voyagent pas
sans elle. Maintenant je vais faire couleur locale.
Nous mangeons en surplombant le lac de Dem mais malheureusement avec le vent
et la poussière, on ne voit pas grand chose. On s'offre un belle halte match de
foot pour les uns et sieste pour moi.
On continue ensuite vers un autre lac, celui de Bam, en pensant y bivouaquer
mais il est très difficile de l'aborder. Finalement on s'arrête un peu plus
loin.
Mercredi 4 Février
Nous démarrons la journée par la visite du musée de Manéga. C'est un
lieu un peu étrange. Au milieu de la campagne, dans son petit village natal,
Tittinga Frédéric Pacéré, maintenant avocat international, a créé un
musée des rites et cultures mossi, dans des bâtiments qu'on ne peut pas rater.
C'est vraiment très intéressant ce panorama complet de la vie des mossi,
ethnie majoritaire de la région : masques, tam-tams, pierres funéraires,
habitat reconstitué. Ce que j'ai le plus aimé c'est la reconstitution avec des
statuettes de bronze de l'histoire du peuple mossi. Un endroit incontournable
d'autant plus que le guide essaie de transmettre la fibre du créateur de
l'ensemble.
Au fur et à mesure que nous arrivons sur Ouagadougou, la circulation à
roue, à pied et à pattes se fait plus dense, et les petits commerces
fleurissent sur les bords de route. Enfin nous arrivons à la capitale. De
grandes, avenues propres, des commerces et des immeubles, c'est une capitale
moderne. Nous atterrissons finalement
à l'hôtel Les Palmiers,oasis de verdure et de calme, en plein coeur de la
capitale, bien qu'un peu cher.
Jeudi 5 et Vendredi 6 Février : séjour à Ouaga
Il n'y a pas grand chose de spécial à voir à Ouaga et pourtant, c'est
agréable de s'y promener. La ville est beaucoup plus développée que sa
voisine Bamako et on voit que beaucoup d'efforts sont faits. Les allées
principales sont propres, toutes les infrastructures officielles sont signalées
par des panneaux, des poubelles sont implantées, des commerces de biens et
d'équipements sont présents toujours avec la touche locale.
Nous faisons une halte administrative pour obtenir le visa touristique de
l'entente à l'ambassade de Côte d'Ivoire. Pour Totoy, c'est un stage au garage
Toyota, pour révision générale et soudure de plaques pour renforcer les
supports de la galerie qui n'ont pas du tout aimé la tôle ondulée. Mais ce que j'ai le plus apprécié c'est la halte gastronomique et ceux qui
me connaissent savent combien je suis gourmande.
Nous testons aussi une boîte dancing avec tout d'abord un groupe live bien
ringard et ensuite plusieurs chanteurs qui se succèdent. Les spectateurs encouragent
leur chouchou par des manifestations enthousiastes ou carrément en lui glissant
un petit billet sur scène. Mais nous devons nous coucher pas trop tard car
demain matin, debout à 6H30 pour la cérémonie de l'empereur.
Tous les vendredis matin, à 7H30. Rien de spectaculaire, c'est un rituel
très précis où on peut voir d'assez loin les chefs coutumiers et l'homme
éléphant, 37ième du nom, qui règne sur le peuple mossi qui rejouent la
scène du faux départ de l'empereur pour la guerre. Mais si on connaît
l'histoire, ça vaut le coup d'y assister quand même. A ne pas rater, par
contre, c'est de voir les artisans fondeurs fabriquer leurs oeuvres de bronze
avec la technique archaïque de la cire perdue : très instructif.
La fin de mon travail sur internet et la mise à jour, cette fois facile, du
site web marque la fin de notre séjour dans la capitale. Nous partons vers Bobo
Dioulasso.
Samedi 7 Février
La route vers Bobo Dioulasso est une belle route goudronnée et payante. La
poussière omniprésente nous empêche de profiter du paysage et la visibilité
est restreinte. Partout on trouve des petits barrages d'eau et des tas de coton
qui attendent d'être chargés. Nous poussons jusqu'à
Boromo, au campement touristique, oùon peut chercher des éléphants. Mais il y
a une taxe et le guide est obligatoire donc on renonce. Arrêt au petit village
de Boni où se trouve une église avec un clocher en forme de masque.
Bivouac dans une forêt classée prés d'un campement
pour chasseurs.
Dimanche 8 Février
Nous visitons Koro, un petit village habité par des Bobos et les Dioula
perdu en haut d'une colline de rochers. Puis nous passons Bobo Dioulasso pour
nous diriger vers Banfora. Cette route longe une falaise mais avec l'harmattan
et la poussière qui va avec on a une visibilité très limitée. Les paysages
qu'on aperçoit sont agréables. Peu avant Banfora, la présence de l'eau permet
l'irrigation d'immenses champs de canne à sucre d'un vert éclatant où de
nombreux travailleurs ramassent la canne et la font brûler.
Arrivés à Banfora, c'est noir de monde, toute la ville est un énorme marché
bigarré, bruyant, multicolore et bien sûr très vivant. Nous prenons une
petite piste pour aller à la cascade de Karfiguéla.
Nous profitons des grands manguiers pour faire un pique-nique sous leur ombre
bienfaisante. Le repas est très animé avec la présence d'une bande de gamins
espiègles. Nous partons ensuite à l'attaque de la montée vers la cascade.
Arrivés au sommet, c'est la récompense : un endroit très plaisant et surtout
raffraîchissant car même si le soleil est voilé par la poussière, la chaleur
est assez forte. On redescend pour quitter les lieux un peu à regret, on a
passé un super moment !
On poursuit vers notre prochaine halte, le lac de Tengréla où nous
bivouaquons, sous les manguiers dans une atmosphère de fin de journée très
paisible.
Lundi 9 Février
La nuit a été aussi infernale que le cadre idyllique. Les coupables :
chaleur et moustiques. En plus nous nous levons aux aurores pour faire une
promenade en barque à l'autre bout du lac pour aller voir les hippopotames. La
ballade commence par un cheminement au milieu des nénuphars blancs et violets,
et des sortes de joncs. On s'avance doucement vers des masses grises au fond. On
s'approche avec précaution. Les bestioles se prélassent dans l'eau. Derrière,
des pêcheurs en pirogue relèvent leur filet. L'atmosphère est calme et
silencieuse. Seuls les coups de perche du piroguier et les agitations des gros
mammifères se font entendre.
De retour sur la terre ferme, nous poursuivons la piste qui s'embellit au fur
et à mesure que nous progressons. La longue bande de latérite rouge évolue
sous de superbes grands arbres, manguiers et autres. De petits villages en banco
et aux toits de chaume se succèdent. A l'entrée de l'un d'entre eux, nous
avons la chance d'asister à la scéne extraordinaire du battage du mil en
musique. Le mouvement est décomposé en 3 temps et ils reculent au fur et à
mesure. Le rythme s'accélère et la musique s'intensifie. C'est ensuite au tour
des jeunes du village de prendre le relais de leurs aînés avec des palmes de
rôniers. Le sol vibre sous leurs coups. Nous quittons les lieux, encore sous le
charme de ce que nous avons vécu.
La suite nous réserve encore des surprises avec les pics de Sindou qui
s'élèvent dans le ciel avec des formes sculptées par l'érosion et le vent,
des cheminées torturées fièrement dressées. Notre guide est un garçon
passionné et passionnant. Ouattara nous raconte avec fougue l'histoire de ce
lieu étrange. Il nous fait partager aussi ses craintes et ses espoirs sur
l'avenir de son pays. Il est très lucide sur les avantages et
inconvénients de chaque mode de vie et sur les enjeux de l'avenir. C'est
réconfortant de voir qu'il ne les oppose pas mais qu'il essaie d'envisager leur
complémentarité.
Vraiment une belle rencontre.
Sur notre chemin, nous passons une zone cotonière et à Loumana c'est par
charrettes à zébus, que les paysans viennent amener leur chargement au centre
du village. La piste pour rejoindre la falaise de Néguéni qui s'apparenterait
à celle de Bandiagara du pays Dogon, est un peu difficile à trouver, mais les
gens sont toujours là pour nous dépanner. Tout le long, c'est des saluts
amicaux qui nous accueillent. Après la réparation de notre première
crevaison, nous arrivons enfin à Néguéni, mais personne ne semble savoir
comment visiter la falaise du coup on fait demi-tour mais la ballade a été
très agréable.
Nous trouvons difficilement un coin tranquille pour bivouaqué car le région
est assez habitée. Finalement on s'installe assez près d'un village et nous
prenons notre repas bercés par la musique du balafon qui résonne au loin. Une
journée superbement riche se termine.
Mardi 10 Février
Nous entammons notre route de retour via Banfora d'abord puis Bobo Dioulasso.
Nous arrivons en début d'après midi dans la seconde ville du pays. Ici aussi
il y a de grandes avenues, mais c'est beaucoup mois bien équipé que la
capitale surtout au niveau hotel il y n'y a pas beaucoup de choix. On atterrit
finalement dans un grand hotel qui a du connaitre ses heures de gloire dans les
années 70. Depuis c'est plus du tout la même histoire ! La ville ne nous
attire pas particulièrement et ne nous laisse pas de souvenir
impérissable
Mercredi 11 Février
Cette journée est très particulière car les parents de David nous quittent
ce matin pour remonter sur la France, marquant ainsi le début véritable de
notre périple où nous serons livrés à nous même. Un grand merci pour ce
temps passé ensemble avec un point particulier sur les soirées et le rituel de
l'apéro qui ne sera plus le même !
Maintenant nous sommes seuls et cela va changer beaucoup de choses.
Je profite de la pause en ville pour terminer mon travail sur le site. Mise
à jour internet et c'est en fin d'après midi que nous reprenons le goudron
pour partir au Togo en espérant que l'harmattan n'y sera pas présent.
Jeudi 12 Février
On roule mais il fait vraiment très chaud. Le voile de poussière présent
depuis notre entrée au pays semble s'éclaircir et on aperçoit même un coin
de ciel bleu. La route est longue et c'est peu avant le poste de frontière de
Bittou que nous nous arrêtons pour passer le nuit. Demain, à la première
heure, on rentre au Togo.
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